11 research outputs found
Richard E. Ocejo, Masters of Craft: Old Jobs in the New Urban Economy
En offrant au lecteur une analyse fine et approfondie du phénomène des nouveaux artisans qui exercent d’anciens métiers dans le contexte de la nouvelle économie urbaine — comme l’indique le titre de l’ouvrage —, Richard E. Ocejo ouvre aussi la réflexion sur des questionnements larges inscrits au croisement de la sociologie de la ville, de la sociologie du travail et de la sociologie économique. Son analyse s’appuie sur un important travail d’enquête mené à New York auprès de ces nouveaux trav..
The Heterogeneity of Authenticity Arguments in a New Craft Market Sector : The Case of Microbrewery in Belgium
The recent rise in the number of small artisanal breweries can be seen as an emblematic case of the resurgence of craft in modern economies. The microbrewery segment usually refers to the revalorization of qualities associated with the rediscovery of ancient flavours, the diversity of tastes and the search for quality in process and products. Boltanski & Esquerre (2017) have characterised this evolution by the term ‘enrichment economy’, emphasising the way in which certain products acquire value through narratives that emphasise their intrinsic preciousness, authenticity and difference from standard mass-produced goods. Our contribution proposes to complete the idea supported by these authors that contemporary capitalism relies on new lodes of wealth, i.e. on new forms of valorisation differing from the standard form that has been the dominant way of making profit since the industrial revolution. Our work is thus part of research in the sociology of markets which proposes to study the processes of construction of the qualities of goods (Beckert & Musselin, 2013), and particularly of singularities (Karpik, 2007) whose valuation is based on narratives of authenticity which show the producer and the processes behind the product (Thurnell-Read, 2019). We propose to highlight the dynamics, which have not received much attention in this literature, of articulation, friction and opposition between forms of valorisation and arguments of authenticity within a market segment characterized by its difference from a standard mass production market. We use in-depth interviews with Belgian microbrewers (n = 35) to analyze the way in which narratives of authenticity come together to form both specific production logics and lines of distinction and opposition between microbreweries that lead to a new specific structuring of Belgian brewery production
Les logiques de résurgence de la microbrasserie à Bruxelles
Cas emblématique du redéploiement d’activités artisanales, la microbrasserie fait l’objet d’une résurgence notable à Bruxelles. Notre article vise à rendre compte de ce retour d’activités productives en ville, en répondant aux questions : par qui, comment, et où est produite la bière bruxelloise ? Il s’agit d’abord d’identifier les dynamiques de localisation de l’activité, passée et actuelle, dans l’espace urbain et l’hinterland économique de la région. Puis, à partir de l’analyse d’entretiens menés auprès d’une quinzaine de brasseurs, de rendre compte de l’hétérogénéité constituante du monde bruxellois de la microbrasserie, à travers l’identification de logiques entrepreneuriales plurielles qui impliquent une diversité de conceptions de la production urbaine et de modes de rapport à l’espace.Microbreweries are an emblematic example of the renewed growth in artisanal activities and are undergoing a significant resurgence in Brussels. Our article discusses the return of these productive activities to the city, answering these questions: by whom, how and where is beer produced in Brussels? First, we identify the dynamics of the location of past and present activities in the urban area and the economic hinterland of the region. Then, based on the analysis of interviews conducted with fifteen or so brewers, we discuss the heterogeneity of the Brussels microbrewery world, through the identification of multiple entrepreneurial approaches which imply a wide range of conceptions of urban production and the relationship to space
Les nouvelles activités de microbrasserie en Belgique. Etude d’un segment « moral » de marché
Les activités de microbrasserie connaissent un redéveloppement important ces dernières années en Belgique, à l’instar de ce qui a pu être observé dans d’autres pays. Ce mémoire, pensé dans une démarche exploratoire, vise à analyser ce phénomène contemporain encore peu exploré, en s’inscrivant dans une voie de recherche nouvelle concernant les segments « moraux » de marché. Cette perspective est développée et questionnée à partir du dialogue entretenu avec d’autres approches théoriques, notamment celles soutenues par les travaux concernant la construction des qualités des biens marchands, ainsi que par les recherches contemporaines à propos des activités (néo)artisanales et le nouveau rapport au travail qu’elles semblent favoriser. C’est à partir de l’étude d’une zone particulière celle de Bruxelles et du Brabant wallon et de la conduite et de l’analyse d’entretiens approfondis menés avec une série de microbrasseurs, que ce processus de recherche a été conçu, en lien avec un travail de théorisation inductif, progressif et continu. Nous avons tenté à la fois de réduire et de schématiser la diversité des cas rencontrés en esquissant une typologie de leurs logiques d’action, ainsi que de formuler des réflexions plus générales concernant le caractère « moral » de ce segment de marché et le rôle de son hétérogénéisation et de sa fracturation dans sa dynamique interne.Master [120] en sociologie, Université catholique de Louvain, 201
La résurgence de microbrasseries en Belgique. Une analyse de la variété des formulations d’un modèle de travail alternatif
Emblématique de transformations socio-économiques contemporaines, et notamment de critiques du travail dans le capitalisme contemporain (Sennett, 2010 ; Lallement, 2015), le (re)développement récent d’activités artisanales fait l’objet d’un intérêt accru en sociologie. Il prend des formes multiples et se manifeste dans des domaines divers et contrastés, que ce soit dans la production de biens matériels ou immatériels, que dans la fourniture de services. Les valeurs et pratiques artisanales mobilisées par ces travailleurs sont présentées comme distinctes, voire comme un antidote, aux principes industriels dominants, par la valorisation d’un travail qualifié, mêlant savoir-faire manuel, capacités intellectuelles et réalisation de soi (Sennett, 2010) et par la production de biens et de services de qualité et authentiques (Thurnell-Read, 2019). Cette résurgence d’un modèle (néo-)artisanal peut être considérée comme participant au phénomène plus large d’émergence dans les années 60-70 d’une « critique artiste » (Bell et al., 2019 ; Boltanski et Chiapello, 1999), notamment en termes de revendications de subjectivité, d’expressivité et d’autonomie au travail. Nous considérons ainsi le travail artisanal comme un laboratoire permettant de saisir certaines transformations contemporaines, notamment à travers l’étude de ce que certains auteurs nomment la « requalification » du travail en opposition au phénomène de déqualification ou de dégradation du travail industriel décrit par Braverman (1974). Nous nous appuyons sur une recherche doctorale en cours portant sur le cas empirique de la microbrasserie en Belgique. A l’instar d’autres pays, le secteur brassicole belge est marqué depuis plusieurs années par le développement de petites entreprises où est défendu un travail artisanal de qualité et qualifié. Ces nouveaux producteurs se retrouvent dans des discours communs et des significations partagées à propos du travail de brasseur et des qualités des produits et de la production. Néanmoins, ils présentent en réalité des profils et des formes de rapport à la production et au travail variés. Nous identifions trois logiques principales présentant chacune une reformulation du modèle (néo-)artisanal et des effets en termes de requalification du travail : (1) une logique centrée sur le passé et la redécouverte de procédés et de savoir-faire artisanaux disparus en raison de l'hégémonie de la production de masse, (2) une logique centrée sur la rupture avec le passé et l'exploration de nouvelles pratiques et significations culturelles et (3) une logique fondée sur la contestation et l'appropriation collective de la production qui remet en question l'opposition entre amateurs et professionnels. Ces logiques se développent à partir de points d'appui et de rupture relativement distincts. Notre enquête s’appuie sur la conduite d’entretiens approfondis avec des brasseurs et d’autres acteurs-clés (n=30), ainsi que sur le dépouillement d’archives et de sources documentaires concernant le secteur brassicole
Les logiques de résurgence de la microbrasserie à Bruxelles
Les orateurs invités questionneront les modes d’émergence, de soutien et de légitimation d’activités jugées novatrices ou créatives (industrie 4.0 selon les auteurs nord-américains), comme le design, l’édition, la publicité ou les NTICs mais aussi les micro-brasseries ou les chocolateries artisanales, qui ont en commun de s’appuyer sur des unités de production de petite taille, de mobiliser des petits espaces, de faire appel à une main-d’œuvre qualifiée. Ces activités sont aujourd’hui soutenues par les politiques économiques et sociales régionales et européennes, valorisant une figure du citoyen actif ou du « maker »
The Rise of Small Craft Breweries in Belgium : What a Socio-historical Analysis Can Teach Us about the Role of the State in the Structuring of Markets
The recent rise in the number of small artisanal breweries in several countries can be seen as an emblematic case of the resurgence of craft in modern economies. These new realities have aroused great interest from researchers who have tried to understand the emergence of relocated activities inspired by a culture of craftsmanship. In Belgium, the development of small breweries is more progressive than in other countries, but it follows a phase of significant economic concentration (Poelmans & Swinnen, 2018). These new breweries share common understandings and norms about production, and differentiate themselves from an industrial model. However, the newness of these oppositions remains to be explored. By adopting a processual approach inspired by Abbott's work (2016), our aim is to re-locate the contemporary period within a long historical period marked by reconfigurations of these activities. We identify four configurations, each characterised by the precarious domination of a production model, from the mid-19th century with a phase of early industrialisation, characterised by the breakthrough of bottom fermentation in a context of traditional production in many small breweries. Following Fligstein's political approach to markets (1992), we consider these successive evolutions in relation to changes in the legislative framework, particularly in terms of tax and subsidies policies, which make possible and facilitate certain production models, their productivity and profitability. We rely on a socio-historical analysis, based on the examination of archives and documentary sources and, for the recent period, on a survey by in-depth interviews with privileged observers
L’émergence d’un modèle néo-artisanal dans la brasserie belge : nouveauté ou continuité ? Ce que nous apprend une analyse socio-historique des reconfigurations du travail et de la production.
Depuis plusieurs années, alors que le métier de brasseur était majoritairement exercé dans de grandes industries, on voit se développer dans de nombreux pays, un nouveau type de petites entreprises brassicoles, où est défendu un travail de production artisanale. Le modèle ‘néo-artisanal’ charrié par ces nouveaux producteurs se manifeste dans des domaines variés. Emblématique de transformations socio-économiques contemporaines, ce modèle se présente comme distinct, voire opposé, à la logique industrielle dominante, par la valorisation d’un travail artisanal qualifié, mêlant savoir-faire manuel, capacités intellectuelles et réalisation de soi (Sennett, 2010) et par la production de biens et de services de qualité et authentiques (Thurnell-Read, 2019). En Belgique, le développement de petites brasseries est plus progressif que dans d’autres pays, mais il fait suite à une phase de concentration économique importante (Poelmans & Swinnen, 2018). Ces nouveaux producteurs, bien que peu organisés collectivement et présentant des profils et des parcours divers, se retrouvent dans des discours communs et des significations partagées à propos du travail de brasseur et des qualités des produits et de la production. Emergent de nouvelles formes d’opposition et de hiérarchisation entre des modèles de production et des modalités d’exercice du métier. Mais le caractère neuf de ces tensions et différenciations reste à interroger. En adoptant une approche processuelle inspirée des travaux d’Abbott (2016), notre objectif est de resituer la période contemporaine au sein d’un temps long marqué par des reconfigurations historiques de ces activités. Nous identifions quatre périodes de stabilisation, chacune caractérisée par la domination précaire et contestée d’un modèle de production et du travail, depuis la moitié du 19ème siècle avec une phase de constitution d’un acteur collectif national et de prémices d’un processus d’industrialisation, incarné par la rupture de la fermentation basse dans un contexte de production traditionnelle dans de nombreuses petites brasseries, jusqu’à la période néo-artisanale récente, émergeant dans un contexte de globalisation et de concentration économique importante autour de quelques grandes firmes industrielles multinationales. Nous nous appuyons pour cela sur une analyse socio-historique, basée sur le dépouillement d’archives et de sources documentaires et, pour la période récente, sur une enquête par entretiens auprès de témoins privilégiés (n=10)