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Etude qualitative sur la consommation de cocaĂŻne base dans le canton de Vaud (freebase/crack)
LâOffice du mĂ©decin cantonal (OMC) de la Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© du canton de Vaud (DGS) a souhaitĂ© une Ă©tude sur la situation de la consommation de cocaĂŻne inhalĂ©e dans le canton de Vaud. Cette Ă©tude avec une approche qualitative se base sur une enquĂȘte de terrain par entretiens semi-directifs conduits avec des personnes qui inhalent de la cocaĂŻne (free-base, crack) (n=22) rencontrĂ©es via les quatre Centres Ă bas-seuil dâaccĂšs (CABS) du canton de Vaud, ainsi quâavec des professionnelâles des CABS, du Services de mĂ©decine des addictions du CHUV et des HĂŽpitaux universitaires de GenĂšve HUG (n=9).
Dans le canton de Vaud nous disposons de plusieurs sources dâinformations qui montrent que la consommation de cocaĂŻne et de cocaĂŻne base (inhalation) nâest pas un phĂ©nomĂšne nouveau. Cette consommation augmente progressivement depuis plusieurs annĂ©es et sâest accĂ©lĂ©rĂ©e rĂ©cemment, avec une plus grande visibilitĂ© dans lâespace public. Les donnĂ©es de lâenquĂȘte annuelle PAPU rĂ©alisĂ©e dans les CABS indiquent que ce mode de consommation concerne prĂšs dâunâe usagerâĂšre sur deux (44,8%) en 2022. Par ailleurs, la proportion des passages Ă lâEspace de consommation sĂ©curisĂ© (ECS) pour consommation de cocaĂŻne base a augmentĂ© de maniĂšre importante entre 2018 lors de son ouverture et 2023, passant de 10% Ă plus de 50% des passages.
Lâobjet dâanalyse concerne ici en prioritĂ© les trajectoires, les pratiques, les difficultĂ©s et les besoins des personnes concernĂ©es par la consommation de cocaĂŻne base. La mise en perspective de ces rĂ©sultats avec les entretiens des professionnelâles permet de donner un aperçu plus global de la situation dans le canton relativement Ă lâaccompagnement de cette problĂ©matique au quotidien. [Extrait du rĂ©sumĂ©]]]>
CocaĂŻne, Freebase, Crack, Canton de Vaud
fre
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Morphometric shape analysis using learning vector quantization neural networks - an example distinguishing two microtine vole species
Van den Brink, V.
Bokma, F.
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article
2011
Annales Zoologici Fennici, vol. 48, no. 6, pp. 359-364
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<![CDATA[Closely related species may be very difficult to distinguish morphologically, yet sometimes morphology is the only reasonable possibility for taxonomic classification. Here we present learning-vector-quantization artificial neural networks as a powerful tool to classify specimens on the basis of geometric morphometric shape measurements. As an example, we trained a neural network to distinguish between field and root voles from Procrustes transformed landmark coordinates on the dorsal side of the skull, which is so similar in these two species that the human eye cannot make this distinction. Properly trained neural networks misclassified only 3% of specimens. Therefore, we conclude that the capacity of learning vector quantization neural networks to analyse spatial coordinates is a powerful tool among the range of pattern recognition procedures that is available to employ the information content of geometric morphometrics
Etude qualitative sur les pratiques de consommation des usagers de drogues dans lâespace public lausannois
Cette Ă©tude avait pour objectif de comprendre, dans une perspective microsociologique, les pratiques de consommation des usagers de drogue prĂ©sents et visibles dans lâespace public lausannois.
La mĂ©thode ethnographique a Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©e â soit une cinquantaine dâheures dâobservation in situ, rĂ©parties sur douze semaines entre mai et juillet 2019. Cette mĂ©thode a favorisĂ© notre familiarisation avec le mode de vie des personnes toxicodĂ©pendantes et nous a permis de rĂ©colter les tĂ©moignages dâune trentaine dâentre elles. Ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© complĂ©tĂ©es par des entretiens (n=6) avec des professionnels de premiĂšre ligne.
Lâespace public observĂ© se dĂ©ploie principalement entre la place de la Riponne et le quartier du Vallon. Ce territoire apparait en effet Ă la fois comme un lieu de marchĂ© et un lieu de socialisation pour les personnes concernĂ©es.
Lâanalyse met en Ă©vidence quatre profils aux pratiques de consommation distinctes, bien que les usagers rencontrĂ©s soient pour la plupart polyconsommateurs de substances illicites.
Le premier profil (n=6) renvoie Ă des personnes dans une phase de consommation « intensive ». Ces usagers sont relativement jeunes, dans la vingtaine voire en dĂ©but de trentaine. Leur quotidien sâorganise essentiellement autour de la recherche de produit et sa consommation, une consommation qui est plus compulsive que gĂ©rĂ©e ou planifiĂ©e. LâĂ©tat de manque provoquĂ© par lâaddiction est un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant pour comprendre leurs logiques dâactions. Ces usagers envisagent les toilettes publiques, tout comme certains parkings ou dâautres lieux fermĂ©s, comme autant de solutions pratiques qui leur permettent de consommer rapidement tout en Ă©tant proches du centre-ville et Ă lâabri des regards. Les usagers de crack ou de produits par injection (hĂ©roĂŻne ou cocaĂŻne principalement) sont pour la plupart des consommateurs en phase « intensive ». A noter que suite Ă lâopĂ©ration « Deal de rue » dĂšs lâĂ©tĂ© 2018, un dĂ©placement du deal de cocaĂŻne rend lâaccĂšs des consommateurs Ă ce produit plus long, stressant et incertain.
Le second profil (n=11) rĂ©fĂšre Ă des usagers en moyenne plus ĂągĂ©s, dont un grand nombre reprĂ©sentent dâanciens consommateurs dâhĂ©roĂŻne en traitement agonistes opioĂŻdes (TAO). Ces personnes ont dĂ©veloppĂ© un rapport plus « stable » Ă leur consommation, rapport qui se double bien souvent dâune vie plus structurĂ©e au niveau du logement et dâun engagement plus frĂ©quent dans des activitĂ©s ou des formes dâemploi adaptĂ©s. De maniĂšre assez logique, elles sont moins susceptibles que les personnes en phase « intensive » de consommer du crack ou de pratiquer une injection dans des lieux publics. Pour ces usagers, la Riponne est non seulement un lieu de marchĂ©, mais aussi voire surtout un lieu de socialisation. Leur prĂ©sence dans cet espace public est devenue, pour certains, une forme de normalitĂ©, ils y passent une partie ou lâentier de leur journĂ©e pour Ă©changer entre pairs.
Le troisiĂšme profil (n=7) concerne des usagers de drogue sans domicile fixe. Ces personnes organisent leur « survie » grĂące au dispositif Ă bas seuil dâaccessibilitĂ© prĂ©sent Ă la Riponne et dans les environs. Par ailleurs, ils trouvent des maniĂšres de sâen sortir dans les potentialitĂ©s offertes par les rĂ©seaux informels associĂ©s au milieu de la vente et de lâachat de produits illicites au niveau local. Lâinscription dans le microdeal ou « deal de fourmi » en est une, tout comme la revente dâune partie de son traitement mĂ©dical (TAO). Sâengager dans une « Ă©conomie souterraine » pour assurer sa survie est une stratĂ©gie qui apparait aussi dans les autres profils identifiĂ©s, mais les usagers sans domicile fixe en sont certainement les plus « captifs » du fait de leur prĂ©caritĂ© et de leur dĂ©pendance.
Le quatriĂšme profil (n=6) englobe des consommateurs « cachĂ©s » et des revendeurs. Ces personnes disposent en gĂ©nĂ©ral dâune source de revenus fixe par lâemploi. La pratique de lâinjection nâest, semble-t-il pas (ou plus) de mise dans ce groupe. De mĂȘme, sâil est possible que certains usagers « cachĂ©s » fument du crack, il est peu probable quâils le fassent dans des lieux publics, mais plutĂŽt en privĂ©, chez eux ou chez des amis. Alors que les trois autres profils identifiĂ©s se caractĂ©risent Ă la fois par une forte visibilitĂ© dans lâespace public, et pour certains, par un degrĂ© de prĂ©carisation Ă©levĂ©, les consommateurs « cachĂ©s » et les revendeurs sont plus discrets. Les risques quâils encourent en se dĂ©voilant peuvent avoir des consĂ©quences importantes sur leur systĂšme de vie et leur emploi. Ils frĂ©quentent la Riponne de maniĂšre ponctuelle mais rĂ©guliĂšre, et le plus souvent dans un but trĂšs prĂ©cis : acheter et consommer rapidement sur place ou Ă©couler de la marchandise.
De toutes les personnes rencontrĂ©es, les injecteurs et les usagers de crack ou dâhĂ©roĂŻne par inhalation sont les plus susceptibles de consommer « Ă la sauvage », dans les toilettes publiques, dans les parcs ou dans tout autre lieu abritĂ© et cachĂ©. Ces conduites sâobservent le plus souvent chez les usagers en phase « intensive », quâils soient ou non sans domicile fixe. Plus globalement, les raisons qui expliquent les variations de la consommation dans lâespace public tiennent Ă la fois au rapport personnel quâentretient lâindividu Ă sa dĂ©pendance (phase intensive, phase plus stable, etc.), Ă sa dĂ©finition de ce quâest â ou devrait ĂȘtre â la consommation de drogue (goĂ»t pour lâacte convivial, ĂȘtre Ă lâextĂ©rieur, dans la nature, etc.), au niveau de prĂ©caritĂ© dans lequel il se trouve, ainsi quâĂ des variables plus situationnelles relatives aux opportunitĂ©s et circonstances du moment.
Dans lâensemble, certaines personnes maintiennent, alors que dâautres modifient leurs habitudes en fonction de lâĂ©volution du contexte local, et en particulier vis-Ă -vis des mesures sĂ©curitaires ou sanitaires mises en oeuvre ces derniĂšres annĂ©es Ă Lausanne. Les pratiques analysĂ©es sont par consĂ©quent marquĂ©es par des dimensions de continuitĂ© et dâadaptabilitĂ©, deux aspects importants pour penser et agir sur le phĂ©nomĂšne de la consommation de drogue dans lâespace public
Structures ambulatoires spécialisées dans les addictions (alcool et stupéfiants). La situation en 2020 dans le canton de Vaud
Le secteur Evaluation et expertise en santĂ© publique (CEESAN) du Centre universitaire de mĂ©decine gĂ©nĂ©rale et santĂ© publique (UnisantĂ©) a Ă©tĂ© mandatĂ© par la Direction GĂ©nĂ©rale de la SantĂ© du canton de Vaud (DGS) pour rĂ©aliser une Ă©tude descriptive de lâaddictologie ambulatoire en matiĂšre de prise en charge des problĂšmes liĂ©s Ă alcool et aux stupĂ©fiants dans le canton en 2020.
Le travail de terrain a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© entre les mois dâoctobre 2020 et mars 2021. La mĂ©thode comprend la passation de questionnaires (n=8), la rĂ©alisation de 27 entretiens dont 23 avec des responsables de structures et des membres du personnel (neuf intervenant·es du domaine social, cinq psychologues, six infirmier·Úres et trois mĂ©decins) et 4 avec des personnes identifiĂ©es comme expertes du domaine. Nous avons complĂ©tĂ© ce corpus par lâanalyse de certaines donnĂ©es documentaires (conventions et missions, rapports dâactivitĂ©, documents divers).
Lâanalyse porte sur les caractĂ©ristiques et activitĂ©s principales des structures ambulatoires spĂ©cialisĂ©es en addictologie dans le canton de Vaud et subventionnĂ©es par lâEtat. Pour complĂ©ter la prĂ©sentation dĂ©taillĂ©e de chaque structure (Ă©tudes de cas), une analyse transversale et comparative permet de rendre compte du dispositif dans son ensemble.
Actuellement, 10 structures sont actives dans ce domaine : quatre sont spĂ©cialisĂ©es dans la problĂ©matique de lâalcool (la Fondation vaudoise contre lâalcoolisme, la Croix-bleue romande Section vaudoise, la Fondation EstĂ©relle-Arcadie, lâUnitĂ© socio-Ă©ducative du SMA/CHUV) et deux principalement dans le domaine des stupĂ©fiants (Centre dâAccompagnement et de prĂ©vention de la Fondation du Levant â le CAP â, Association EntrĂ©e de Secours). Les quatre derniĂšres structures sont des UnitĂ©s de Traitements (UTA) rattachĂ©es Ă un centre hospitalier et qui prennent en charge les deux problĂ©matiques alcool et stupĂ©fiants (la Policlinique du Service de mĂ©decine des addictions du CHUV, les UTA des secteurs Nord et Est-vaudois, la Consultation spĂ©cialisĂ©e DEPART).
Cinq structures dĂ©veloppent leurs activitĂ©s dans un secteur gĂ©ographique dĂ©limitĂ© : le Service de mĂ©decine des addictions est actif dans le Centre-vaudois, EntrĂ©e de Secours Ă lâEst, lâUTAM/UTAA Ă lâOuest et lâUTAD au Nord du canton. Les cinq autres structures identifiĂ©es (FVA, Croix-bleue romande Section vaudoise, DEPART, UnitĂ© socio-Ă©ducative du SMA/CHUV et dans une moindre mesure le CAP/Levant) assurent des prestations dans plusieurs secteurs via la prĂ©sence dâantennes rĂ©gionales. Sur le plan organisationnel, cinq structures fonctionnent sur un modĂšle monodisciplinaire (FVA, CBR-SV, FEA, CAP, USE), quatre sur un modĂšle multidisciplinaire (SMA, UTAD et EdS) et une sur un modĂšle de soins coordonnĂ©s (UTAM/UTAA).
Toute addiction confondue, environ 4â470 personnes sont prises en charge par le dispositif spĂ©cialisĂ© au moment de lâenquĂȘte (dernier trimestre 2020). Les situations traitĂ©es touchent tous les niveaux de sĂ©vĂ©ritĂ© de lâaddiction selon la catĂ©gorisation du DSM 5 utilisĂ©e (troubles lĂ©gers, modĂ©rĂ©s et sĂ©vĂšres/problĂ©matiques), mais les troubles modĂ©rĂ©s Ă sĂ©vĂšres sont surreprĂ©sentĂ©s dans toutes les files actives des structures identifiĂ©es.
Ces structures assurent des prestations de conseil et dâorientation Ă la personne dans les rĂ©seaux de prise en charge (brefs conseils), des prestations socio-thĂ©rapeutiques et/ou mĂ©dico-soignantes pour des adultes souffrant de troubles addictifs et pour les proches concerné·es et des activitĂ©s de liaisons hospitaliĂšres ; dans les cas complexes, la mise en oeuvre de dispositif de case management est Ă©galement rĂ©alisĂ©e. Deux structures sont principalement dĂ©diĂ©es au suivi de mandats administratifs et pĂ©naux : le CAP pour les dĂ©lits liĂ©s aux stupĂ©fiants et lâUnitĂ© socio-Ă©ducative du SMA/CHUV pour ceux liĂ©s Ă lâalcool. Deux structures offrent des prestations spĂ©cifiques pour un public jeune : la consultation DEPART, spĂ©cialisĂ©e dans les suivis mĂ©dico-psycho-sociaux de jeunes de 12 Ă 20 ans et le CAP/Levant, qui a dĂ©veloppĂ© (entre autres prestations) une offre pour Jeunes Adultes en DifficultĂ© (JAD). Les services mĂ©dicaux et sociaux de prise en charge des addictions ainsi que les mandats administratifs et pĂ©naux sont assurĂ©s dans tout le canton. Certaines prestations, comme le suivi dâadolescentâes avec une consommation problĂ©matique ou le suivi de personnes souffrant de syndrome de dĂ©pendance Ă lâalcool, semblent plus difficiles Ă rĂ©aliser dans certaines rĂ©gions faute de structures, dans le Nord et dans lâEst-vaudois notamment.
Le concept de rĂ©tablissement, le paradigme bio-psycho-social, lâapproche motivationnelle, et dans une moindre mesure, lâapproche systĂ©mique et la thĂ©rapie cognitivo-comportementale se retrouvent chez tous les professionnel·les interviewé·es ; ces approches et outils conceptuels sous-tendent leurs activitĂ©s cliniques au sens large, quâelles soient socio-thĂ©rapeutiques, mĂ©dicales ou soignantes. De mĂȘme, le dispositif ambulatoire spĂ©cialisĂ© est un territoire oĂč plusieurs groupes professionnels se cĂŽtoient et dĂ©tiennent une expertise spĂ©cifique et complĂ©mentaire dans la division du travail addictologique : lâespace socio-thĂ©rapeutique est principalement reprĂ©sentĂ© par les psychologues et intervenantâes du domaine social (pĂŽle psycho-social), lâespace psychiatrique est reprĂ©sentĂ© par le DĂ©partement du CHUV dâun cĂŽtĂ© et la Fondation de Nant de lâautre (pĂŽle psychiatrique), et enfin lâespace dâexpertise somatique renvoie aux mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes-internistes spĂ©cialisĂ©s en addictologie (pĂŽle somatique).
Dans leurs activitĂ©s de suivi/accompagnement, les professionnel·les travaillent souvent en collaboration avec dâautres partenaires. En fonction de chaque suivi, les collaborations sâĂ©tablissent avec les acteur·trices du rĂ©seau addictologique rĂ©sidentiel ou hospitalier, du domaine socio-sanitaire Ă©largi (mĂ©decins installé·es, CMS, EMS, EPSM, hĂŽpitaux somatiques ou psychiatriques, mĂ©decine pĂ©nitentiaire, etc.), du secteur social (Centre sociaux rĂ©gionaux, Office des tutelles et curatelles, DGEJ, etc.) ou avec certaines autoritĂ©s mandataires (Fondation vaudoise de probation et office dâexĂ©cution des peines, Service des Automobiles et de la Navigation, etc.). Ces rĂ©seaux sont de nature interprofessionnelle (entre intervenantâes de lâambulatoire, du rĂ©sidentiel/hospitalier) et/ou intersectorielle (principalement entre secteur mĂ©dical somatique, psychiatrique, soins infirmiers, social et Ă©ducatif).
En bref, le dispositif ambulatoire spĂ©cialisĂ© en addictologie couvre aujourdâhui un large panel de prestations. Ce dispositif est reprĂ©sentĂ© par une dizaine de structures aux profils contrastĂ©s et qui couvrent des besoins multiples (somatiques, psychiatriques, sociaux). De mĂȘme, la plupart des structures se caractĂ©risent par une grande rĂ©activitĂ© Ă la demande, une grande souplesse dâaction. Seule la policlinique dâaddictologie du CHUV signale un dĂ©lai dâattente de plusieurs mois pour les patient·es, avec une possibilitĂ© de circuits-courts dans les cas dâurgence.
Les missions et prestations de lâambulatoire spĂ©cialisĂ© sont parfois trĂšs dĂ©taillĂ©es (tĂąches, indicateurs) dans des conventions avec lâEtat (DGS-Vaud), mais les Ă©quipes conservent une grande autonomie pour la gestion opĂ©rationnelle des processus. De par leur position dâintermĂ©diaires entre la premiĂšre ligne de soins et le secteur stationnaire (rĂ©sidentiel, hospitalier), les professionnelâles de lâambulatoire spĂ©cialisĂ© en addictologie fournissent un travail dĂ©cisif pour la continuitĂ© et la qualitĂ© des prises en charge dans ce domaine
Etude sur les trajectoires de jeunes LGBTIQ+ confrontĂ©s Ă des expĂ©riences dâordre sexuel associĂ©es Ă un Ă©change financier, matĂ©riel et/ou symbolique : Rapport final
La prĂ©sente Ă©tude sâest intĂ©ressĂ©e Ă la trajectoire de jeunes LGBTIQ+ engagĂ©s dans des transactions sexuelles, câest-Ă -dire confrontĂ©s Ă des expĂ©riences dâordre sexuel associĂ©es Ă un Ă©change financier, matĂ©riel et/ou symbolique. Elle avait pour objectifs dâĂ©tablir une synthĂšse des informations scientifiques et documentaires connues sur le sujet (revue ciblĂ©e de la littĂ©rature), de rĂ©aliser des entretiens comprĂ©hensifs avec des jeunes LGBTIQ+ concernĂ©s par ce type dâexpĂ©riences (volet qualitatif) et de formuler des recommandations Ă lâĂ©gard des professionnels de terrain. Les Ă©tudes de prĂ©valence dans la population gĂ©nĂ©rale estiment entre 0.9% et 4% la proportion dâadolescents ou de jeunes adultes qui sâengage dans des expĂ©riences dâordre sexuel associĂ©es Ă un Ă©change financier, matĂ©riel et/ou symbolique, une proportion qui est plus Ă©levĂ©e outre Atlantique quâen Europe. Les jeunes dĂ©clarant des expĂ©riences de transactions sexuelles sont plus susceptibles que ceux qui disent ne jamais y avoir recours, dâavoir Ă©tĂ© victimes dâabus sexuels durant lâenfance ou dâagressions sexuelles. Par ailleurs, les Ă©tudes consultĂ©es montrent lâexistence dâune association significative entre le fait dâavoir une orientation sexuelle non exclusivement hĂ©tĂ©rosexuelle et de recourir Ă des transactions sexuelles. Notre analyse secondaire des donnĂ©es de lâĂ©tude Sexual health and behavior of young people in Switzerland1 corrobore un tel constat. Le fait dâĂȘtre sans abri ou de vivre dans la prĂ©caritĂ© Ă©conomique et sociale augmente la probabilitĂ© de recourir Ă ces pratiques, lâengagement dans du sexe transactionnel dans un tel contexte Ă©tant souvent liĂ© au besoin dâaccĂ©der Ă un logement ou Ă des biens de premiĂšre nĂ©cessitĂ©. En ce qui concerne le volet qualitatif de lâĂ©tude, nous avons rĂ©alisĂ© trois entretiens avec des femmes transgenres (MtF) ĂągĂ©es de 22 Ă 24 ans. Dans deux cas, les transactions sexuelles sont vĂ©cues dans un registre qui sâapparente Ă celui de la prostitution. Les partenaires sont multiples, les compensations essentiellement financiĂšres ou sous forme de cadeaux onĂ©reux. Lâorientation vers cette activitĂ© est dĂ©crite en rĂ©action Ă un rejet familial dans un cas, aux difficultĂ©s dâentrĂ©e sur le marchĂ© du travail dans lâautre. Dans ces deux situations, assimilables Ă des « stratĂ©gies de survie », la capacitĂ© de nĂ©gociation et la marge de manĆuvre des personnes est fortement rĂ©duite. Le troisiĂšme tĂ©moignage concerne une expĂ©rience dâordre sexuelle unique, associĂ©e Ă un Ă©change matĂ©riel avec un partenaire de confiance. Lâanalyse montre que cette derniĂšre situation offre une plus grande marge de manĆuvre dans le sens oĂč elle est vĂ©cue comme moins unilatĂ©rale et contraignante. A partir de ces donnĂ©es, nos recommandations proposent, dâune part, dâagir Ă un niveau individuel en proposant des rĂ©ponses adaptĂ©es aux besoins spĂ©cifiques des personnes LGBTIQ+ confrontĂ©es Ă de telles expĂ©riences (entretiens motivationnels, soutien Ă lâestime de soi, et autres dispositifs existants Ă renforcer, etc.), et dâautre part, de rĂ©flĂ©chir Ă un niveau plus collectif notamment sur la question de lâaccĂšs des personnes transgenres Ă lâemploi et Ă une information positive et sans tabou sur la santĂ© sexuelle et la sexualitĂ© en tant que personne transgenre. IdĂ©alement, les actions collectives devraient se concevoir au travers dâun processus participatif rĂ©unissant associations dĂ©fendant les droits des personnes LGBTIQ+ et personnes LGBTIQ+ intĂ©ressĂ©es. Il serait selon nous nĂ©cessaire dâencourager dâautres projets dâĂ©tudes sur les perceptions et expĂ©riences de transactions sexuelles et plus globalement sur le rapport Ă la sexualitĂ© chez les personnes LGBTIQ+
Profils et trajectoires des bĂ©nĂ©ficiaires des hĂ©bergements dâurgence dans le canton de Vaud en 2021
La mise Ă disposition dâhĂ©bergements dâurgence (HU) sâinscrit dans le cadre des actions du DĂ©partement de la santĂ© et de lâaction sociale (DSAS) pour soutenir les personnes confrontĂ©es Ă des difficultĂ©s socio-Ă©conomiques, d'intĂ©gration ou atteintes dans leur santĂ©. La Direction gĂ©nĂ©rale de la cohĂ©sion sociale (DGCS), en collaboration avec la Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© publique (DGS), a confiĂ© au secteur CEESAN (Evaluation et expertise en santĂ© publique) dâUnisantĂ© le mandat dâadapter le questionnaire PAPU (Pointage annuel du profil des usagĂšres et usagers) rĂ©alisĂ© chaque annĂ©e dans les centres dâaccueil Ă bas-seuil du canton aux hĂ©bergements dâurgence. Cet outil permet de renseigner de maniĂšre quantitative les indicateurs concernant le profil des usagĂšres et usagers de ces structures.
LâenquĂȘte renommĂ©e ici PAPU-HU est une enquĂȘte anonyme, transversale, descriptive et multi-centre, tout comme lâenquĂȘte PAPU. Sâinspirant des enquĂȘtes de type « un jour donnĂ© », elle a pour but de rĂ©colter les donnĂ©es sur le profil sociodĂ©mographique, les indicateurs de prĂ©caritĂ©, lâĂ©tat de santĂ© somatique et psychique des usagĂšres et usagers.
Le questionnaire a Ă©tĂ© proposĂ© aux bĂ©nĂ©ficiaires des sept HU du canton : lâAbri LâEtape, le Sleep In, la Marmotte, le RĂ©pit et Montolieu Ă Lausanne, Le Hublot Ă Vevey et la Lucarne Ă Yverdon durant la nuit du samedi 13 au dimanche 14 mars 2021. Au total, 149 questionnaires valides ont pu ĂȘtre utilisĂ©s pour effectuer les analyses. Le taux de participation est calculĂ© Ă partir du nombre de bĂ©nĂ©ficiaires ayant dormi dans les HU du canton cette nuit-lĂ et sâĂ©lĂšve Ă 51%.
Un volet qualitatif complÚte le PAPU-HU. Cette analyse permet de documenter les trajectoires des bénéficiaires des HU du canton.
Caractéristiques sociodémographiques des répondant·es
Les HU du canton sont principalement frĂ©quentĂ©s par des hommes, dâune petite quarantaine dâannĂ©e, dâorigine Ă©trangĂšre. 12% des rĂ©pondant·es au PAPU-HU dĂ©clarent ĂȘtre suisse·sses ou bi-nationaux·ales suisses. Parmi les rĂ©pondant·es dâorigine Ă©trangĂšre, 78% dĂ©clarent ne pas avoir de permis de sĂ©jour valable pour la Suisse.
La majoritĂ© des rĂ©pondant·es sans domicile fixe privĂ© sont dans cette situation depuis moins de 6 mois (38%). Un cinquiĂšme indique vivre dans cette situation depuis 1 Ă 5 ans (21%) ou depuis plus de 5 ans (21%). PrĂšs de 15% des rĂ©pondant·es indiquent ne pas avoir de domicile fixe privĂ© depuis moins dâun mois et 5% depuis 7 Ă 11 mois. Relevons encore que 8% des rĂ©pondant·es ne considĂšrent pas ĂȘtre sans domicile fixe privĂ©.
Les problĂšmes financiers sont citĂ©s par le plus grand nombre de rĂ©pondant·es pour expliquer pourquoi ils et elles ont recours aux HU (61%). Un peu moins de la moitiĂ© des rĂ©pondant·es au PAPU-HU dĂ©clare avoir dormi au moins une fois dehors au cours des 30 derniers jours (41%). Enfin, lâaccueil de jour constitue un dĂ©fi majeur pour nombre de personnes rencontrĂ©es : 62% des rĂ©pondant·es au PAPU-HU passent leurs journĂ©es Ă lâextĂ©rieur. Sans surprise, les entretiens rĂ©vĂšlent par ailleurs que les bĂ©nĂ©ficiaires des HU vivent un quotidien marquĂ© par lâattente, lâerrance, lâusure physique et mentale et quâils et elles redoutent particuliĂšrement lâhiver et le froid.
Insertion socio-professionnelle
Presque la moitié des répondant·es indiquent ne pas avoir de revenu mais vivre sur leurs économies (44%) et une forte proportion fait la manche pour subvenir à ses besoins (29 %). Le fait de passer toute une journée sans manger arrive rarement pour 8% des répondant·es, parfois pour 37% et souvent pour 16%.
Indicateurs de santé
Une majoritĂ© des rĂ©pondant·es se considĂšre en bonne santĂ©. Au total, 14% dĂ©clarent ĂȘtre en mauvaise ou trĂšs mauvaise santĂ©. Par ailleurs 6% des rĂ©pondant·es au PAPU-HU indiquent avoir dĂ©jĂ Ă©tĂ© diagnostiqué·es positives ou positifs Ă lâhĂ©patite C (VHC).
Lorsquâelles ou ils sont malades, 44% des rĂ©pondant·es indiquent aller chez un mĂ©decin (cabinet privĂ©, hĂŽpital, Point dâEau, etc.). Ainsi, plus dâun quart des rĂ©pondant·es ont eu un suivi mĂ©dical au cours des 30 derniers jours (28%), 18% des rĂ©pondant·es ont consultĂ© aux urgences au cours des 30 derniers jours et 14% des rĂ©pondant·es indiquent avoir Ă©tĂ© hospitalisé·es dans les 12 derniers mois.
Pour accĂ©der aux soins, il est essentiel que les personnes bĂ©nĂ©ficient dâune couverture pour leurs frais de santĂ©. Or, 66% des rĂ©pondant·es disent ne pas avoir souscrit une assurance en Suisse ou Ă lâĂ©tranger pour leurs frais de santĂ© (30% lâont fait, 4% ne savent pas).
Analyse des trajectoires
En complĂ©ment Ă ces donnĂ©es, les trajectoires des usagĂšres et usagers des HU ont Ă©tĂ© abordĂ©es au moyen dâentretiens semi-directifs (N=25), in situ, dans chacun des sept HU.
Lâanalyse de ce corpus sâappuie sur les mĂ©thodes dâanalyse de contenu thĂ©matique et des rĂ©cits de vie.
Les principales causes du sans-abrisme relevĂ©es dans les entretiens sont la perte de logement, lâabsence de permis de sĂ©jour et une prĂ©caritĂ© durable. En termes de trajectoires, on peut distinguer les trajectoires migratoires (avec pour principales origines lâAfrique Subsaharienne et du nord, lâEurope, lâEurope de lâEst) et, de lâautre, les trajectoires autochtones.
Le motif de la quĂȘte dâune vie meilleure est rĂ©current dans les rĂ©cits migratoires et passe avant tout par le travail, perçu comme vĂ©ritable planche de salut pour changer son destin et celui de sa famille. Il sâagit principalement dâune migration Ă©conomique. LâaccĂšs au marchĂ© du travail nâest pas le mĂȘme selon lâorigine de la personne et les lois dâasile qui sâappliquent ; ainsi, une distinction sâopĂšre entre les migrant·es europĂ©en·nes, soumis·es au rĂšglement sur la libre circulation des personnes, et les migrant·es de pays tiers (hors UE, Afrique, Europe de lâest), soumis·es au rĂšglement de Dublin. Ces bĂ©nĂ©ficiaires font face Ă une forme de cercle vicieux puisque sans permis de sĂ©jour, lâaccĂšs Ă un logement et Ă lâemploi leur est refusĂ©. La plupart travaillent au noir et plusieurs sont sans emplois.
Les migrant·es en provenance dâEurope ont un statut lĂ©gitimĂ© par un permis B ou G qui permet un meilleur accĂšs Ă lâemploi et au logement, mĂȘme si les conditions de vie restent souvent fragiles. A ces situations sâajoute le cas particulier des travailleuses saisonniĂšres et travailleurs saisonniers (souvent frontalier·Úres, prĂ©sent·es pour une durĂ©e courte, avec des contrats fixes Ă temps complet) qui bĂ©nĂ©ficient de conditions dâaccĂšs aux HU facilitĂ©es.
Pour les bĂ©nĂ©ficiaires autochtones, le recours aux HU intervient gĂ©nĂ©ralement suite Ă une perte de logement peu/pas anticipĂ©e ou dans une situation de prĂ©caritĂ© prolongĂ©e. La majoritĂ© des bĂ©nĂ©ficiaires suisses rencontré·es sont sans emplois ou au bĂ©nĂ©fice dâune rente AI. Leurs trajectoires sont marquĂ©es par des ruptures biographiques qui entrainent un dĂ©classement social plus ou moins brutal dâun cĂŽtĂ©, et de lâautre, par des situations dâimpasse en lien notamment avec des aspects administratifs ou juridiques qui empĂȘchent dâavancer.
Le recours aux HU rĂ©pond Ă des besoins diffĂ©rents selon le profil des personnes accueillies. Dâune solution dâurgence pour des personnes ayant perdu leur logement rĂ©cemment, il devient/reprĂ©sente une solution de refuge pour des SDF chronicisé·es, en passant par un point de chute pour des migrant·es sans papiers ou une solution temporaire et Ă moindre coĂ»t pour les travailleuses saisonniĂšres et travailleurs saisonniers.
Interrogé·es sur leur perception de la situation, les bĂ©nĂ©ficiaires mobilisent des ressources diffĂ©rentes. Ainsi, la majoritĂ© des migrants africains et des personnes des communautĂ©s roms mettent en avant lâincertitude et le besoin dâadaptation auxquelles elles et ils sont confronté·es. Cette situation se traduit par un sentiment de fatalisme et de fuite en avant, qui fait Ă©cho aux difficultĂ©s vĂ©cues par ces migrant·es en termes dâabsence de logement, dâemploi stable, etc. Dans cette situation la logique dâaction consiste Ă sâadapter en permanence, Ă agir stratĂ©giquement et Ă saisir les opportunitĂ©s.
Les migrant·es Ă©conomiques originaires dâEurope et les suisse·sses du corpus rapportent une situation dâimpasse et dâattente qui se traduit par un sentiment de blocage dans son parcours, un vĂ©cu dans lâattente que la situation sâamĂ©liore. Ces personnes sont ainsi amenĂ©es Ă vivre avec des ressources limitĂ©es, tant financiĂšres que sociales qui les empĂȘchent de sortir de la prĂ©caritĂ©.
Enfin, les saisonniĂšres frontaliĂšres et saisonniers frontaliers, qui ont gĂ©nĂ©ralement un logement ailleurs quâen Suisse, sont dans une situation de compromis pragmatique, envisageant lâavenir de maniĂšre plutĂŽt sereine et sâadaptant Ă ce mode de vie parce quâils et elles savent que leur situation est temporaire et intermittente.
A lâexception des situations de saisonniĂšres et saisonniers, les trajectoires des bĂ©nĂ©ficiaires des HU analysĂ©es sont marquĂ©es Ă des degrĂ©s divers par un cumul des facteurs de vulnĂ©rabilitĂ©. Dans la plupart des situations, la prĂ©caritĂ© rĂ©sidentielle sâajoute Ă ou est causĂ©e par le manque de ressources financiĂšres, lâabsence ou les difficultĂ©s dâemploi, lâisolement, lâirrĂ©gularitĂ© du statut lĂ©gal, etc. Les bĂ©nĂ©ficiaires des HU sont confronté·es Ă un quotidien marquĂ© par lâattente et lâerrance, la vie dans la rue, etc.
Conclusion
Le PAPU-HU et lâĂ©tude sur les trajectoires des bĂ©nĂ©ficiaires des HU ont permis de mettre en lumiĂšre une sĂ©rie dâaspects de la situation et des besoins des personnes concernĂ©es par le sans-abrisme dans le canton de Vaud. LâenquĂȘte PAPU donne une photo de la situation et câest par la rĂ©pĂ©tition de cette Ă©tude quâil est possible de suivre lâĂ©volution dans le temps des caractĂ©ristiques sociodĂ©mographiques, des indicateurs de prĂ©caritĂ© et des comportements en matiĂšre de santĂ© de cette population.
Cette Ă©tude prĂ©sente quelques limites aussi bien linguistiques que mĂ©thodologiques. Le canevas dâentretien Ă©tait disponible en français et en anglais ; lors des entretiens, des interprĂštes ont Ă©tĂ© sollicité·es sur le moment, notamment auprĂšs des migrant·es des communautĂ©s roms. Le moment de collecte des donnĂ©es constitue une limite mĂ©thodologique. En effet, tant le questionnaire que les entretiens ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s le soir, Ă lâouverture des HU alors que les bĂ©nĂ©ficiaires souhaitent sâinstaller et se reposer plutĂŽt que de rĂ©pondre Ă une Ă©tude
Etude qualitative sur la consommation récréative de produits stimulants chez quelques jeunes et jeunes adultes du canton de Vaud
Selon les recherches europĂ©ennes et suisses en la matiĂšre, câest dans la tranche dâĂąge des 19-24 ans que la proportion de consommateurs dâecstasy/MDMA est la plus Ă©levĂ©e (entre 0.9% et 1.8% selon les Ă©tudes). La prĂ©sente Ă©tude se concentre sur cette catĂ©gorie de consommateurs. Elle se base sur un corpus de dix entretiens menĂ©s entre juin et octobre 2018 avec des individus rĂ©sidant dans le canton de Vaud, ĂągĂ©s de 23 ans en moyenne et pour la plupart encore Ă©tudiants. Le matĂ©riau a Ă©tĂ© retranscrit et codĂ© dans le but de comprendre la consommation rĂ©crĂ©ative de stimulants et ses enjeux.
Ce rapport dĂ©bute par une synthĂšse des connaissances actuelles sur la consommation de substances psychoactives en Europe et en Suisse et la consommation dite « rĂ©crĂ©ative » dans le contexte de lâespace festif nocturne (ou NightLife) ; cette revue de littĂ©rature ciblĂ©e rappelle quelques notions et distinctions utiles par rapport aux modes de consommation et aux substances psychoactives.
Le rapport prĂ©sente ensuite les rĂ©sultats de lâanalyse des entretiens.
Dans un premier temps, nous analysons les trajectoires des noctambules rencontrĂ©s et leurs initiations Ă la prise de stimulants. Nous mettons en Ă©vidence ici lâenjeu que reprĂ©sente lâapprentissage des effets en dĂ©buts de « carriĂšres festives », lâimportance des groupes de rĂ©fĂ©rences et des affinitĂ©s Ă©lectives entre pairs (goĂ»t pour la dance ou la musique techno, lieux de sortie, attrait pour ces produits, etc.) ainsi que la diversitĂ© des trajectoires.
Dans un deuxiĂšme temps, nous rendons compte de la variĂ©tĂ© des modes de consommation en soirĂ©e. La plupart des personnes juge avoir un bon contrĂŽle des situations en soirĂ©e tout comme elle reconnaĂźt prendre des risques en consommant de lâecstasy/MDMA. Lâenjeu des soirĂ©es est ainsi marquĂ© par la tension permanente entre lâaccĂšs au plaisir individuel et intersubjectif (ĂȘtre « perchĂ© ») et le risque de perte de contrĂŽle. La maĂźtrise de soi en soirĂ©e se construit par une vigilance de lâindividu sur la qualitĂ© du produit, son dosage et les mĂ©langes effectuĂ©s avec dâautres substances psychoactives. Nous montrons que cette capacitĂ© varie en fonction des socialisations festives, des motivations et circonstances de la fĂȘte ou encore, plus globalement, des contextes de vie de chacun et de ses responsabilitĂ©s en dehors de lâespace festif.
Enfin, nous nous intĂ©ressons aux lendemains de soirĂ©es et aux consĂ©quences de la consommation de stimulants telles que perçues par les interviewĂ©s. Les effets secondaires de la fĂȘte avec stimulants â perte de moral, perte dâappĂ©tit, douleurs physiques par exemple â varient en intensitĂ© selon les quantitĂ©s prises, les mĂ©langes effectuĂ©s et la durĂ©e des sorties. La plupart des personnes rencontrĂ©es considĂšre toutefois ces dĂ©sagrĂ©ments acceptables en termes de coĂ»ts-bĂ©nĂ©fices â lâachat dâune ecstasy est relativement bon marchĂ©, ses effets durent plus longtemps, sont jugĂ©s plus intenses et intĂ©ressants que ceux de lâalcool par exemple. Le sentiment de contrĂŽle sur sa consommation se traduit par une certaine « discipline » de soi en soirĂ©e (gestion des dosages et quantitĂ©s), et plus globalement, la capacitĂ© Ă trouver un Ă©quilibre satisfaisant entre ses soirĂ©es avec et sans consommation de stimulants. Pour quelques personnes toutefois, le cumul dâexpĂ©riences nĂ©gatives (surdoses) et de pertes de contrĂŽle les engage vers lâarrĂȘt momentanĂ© ou dĂ©finitif de la consommation de stimulants. Notons enfin que les jeunes rencontrĂ©s perçoivent les stands de rĂ©duction des risques en soirĂ©e de maniĂšre plutĂŽt positive.
En conclusion, nous mettons en avant lâidĂ©e selon laquelle les pratiques et usages dâecstasy/MDMA chez ces jeunes noctambules sont orientĂ©s par au moins deux tendances fortes : la logique hĂ©doniste dâune part, qui consiste Ă prendre du plaisir en relative insouciance tout en cadrant sa conduite et ses prises de risques ; la logique Ă©chappatoire dâautre part, qui consiste en une prise de drogue plus impulsive et associĂ©e Ă un besoin de sortir pour consommer. Nous invitons enfin Ă replacer les discours de ces jeunes noctambules et les Ă©ventuels paradoxes qui en dĂ©coulent au sein de la problĂ©matique plus gĂ©nĂ©rale des parcours de vie et de la construction identitaire.
CAVEAT
Cette Ă©tude offre de multiples Ă©clairages sur le vĂ©cu des jeunes consommateurs rĂ©crĂ©atifs dâecstasy/MDMA. Lâutilisation dâextraits dâentretiens a Ă©tĂ© favorisĂ©e pour permettre aux lecteurs dâaccĂ©der plus directement Ă leur univers de sens. Nous invitons toutefois Ă utiliser ces rĂ©sultats avec prudence et Ă les contextualiser le cas Ă©chĂ©ant (voir 2.3)
Evaluation of the Sortir Ensemble et Se Respecter/Herzsprung â Freundschaft, Liebe und SexualitĂ€t ohne Gewalt Programme: Key Findings
The programme to prevent violence among young couples Sortir ensemble et se respecter (SE&SR) and its counterpart in German-speaking Switzerland Herzsprung â Freundschaft, Liebe und SexualitĂ€t ohne Gewalt (Herzsprung) are based on Safe Dates, a programme developed and implemented in the United States during the 1990s. An evaluation of the US programme found that it had a positive impact on the behaviour of the target group. Targeted at adolescents and designed to prevent and stop dating violence and improve interpersonal skills, Herzsprung and SE&SR are made up of a series of sessions which are led by two specially trained facilitators and seek to encourage participants to interact on and discuss a range of dating-related issues
Evaluation du programme « Sortir Ensemble et Se Respecter » et « Herzsprung â Freundschaft, Liebe und SexualitĂ€t ohne Gewalt » : lâessentiel
Le programme « Sortir ensemble et se respecter » (SE&SR), et son adaptation en Suisse alĂ©manique « Herzsprung â Freundschaft, Liebe und SexualitĂ€t ohne Gewalt » (Herzsprung), ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s sur la base dâun programme amĂ©ricain de prĂ©vention des violences et des comportements abusifs dans les relations amoureuses entre jeunes « Safe Dates », mis en place dans les annĂ©es 1990 et dont lâĂ©valuation a montrĂ© un impact positif sur le comportement des jeunes. Ce programme vise Ă prĂ©venir les violences dans les relations amoureuses entre jeunes et Ă renforcer leurs compĂ©tences relationnelles. Les jeunes sont amenĂ©-e-s Ă discuter et interagir sur des thĂ©matiques liĂ©es aux relations amoureuses dans le cadre de sessions animĂ©es par un binĂŽme dâanimatrices et animateurs spĂ©cialement formĂ©-e-s
Evaluation du programme « Sortir Ensemble et Se Respecter » et « Herzsprung- Freundschaft, Liebe und SexualitÀt ohne Gewalt »
Le programme « Sortir ensemble et se respecter » (SE&SR), et son adaptation en Suisse alĂ©manique « Herzsprung â Freundschaft, Liebe und SexualitĂ€t ohne Gewalt » (Herzsprung), vise Ă prĂ©venir les violences dans les relations amoureuses entre jeunes et Ă renforcer leurs compĂ©tences relationnelles. Les jeunes sont amenĂ©s Ă discuter et interagir sur des thĂ©matiques liĂ©es aux relations amoureuses dans le cadre de sessions animĂ©es par un binĂŽme dâanimateurs et animatrices formĂ©-e-s.
Depuis 2017, RADIX gĂšre le projet national de diffusion de SE&SR et de Herzsprung, en Ă©troite collaboration avec les cantons impliquĂ©s, dans le but dâancrer le programme et de le mettre en oeuvre auprĂšs des jeunes.
Une Ă©valuation nationale pour connaĂźtre lâimpact du programme chez les jeunes ainsi que leur satisfaction et celle des animateurs et animatrices du programme a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e avec des donnĂ©es rĂ©coltĂ©es, par lâintermĂ©diaire de questionnaires, entre octobre 2018 et mars 2020. En complĂ©ment, cinq focus groups et trois entretiens ont Ă©tĂ© mis en place auprĂšs de jeunes et des animateurs et animatrices afin dâĂ©valuer le programme sous un aspect qualitatif.
LâĂ©valuation dresse un bilan globalement positif de la satisfaction des animatrices et animateurs, ainsi que des jeunes par rapport au programme SE&SR/Herzsprung.
Le programme SE&SR/Herzsprung induit une prise de conscience chez de nombreuses et nombreux jeunes concernant lâimportance de porter un regard critique sur les stĂ©rĂ©otypes de genre et la justification de la violence au sein du couple. Ces prises de conscience se traduisent de maniĂšre quantitative par un rejet accru des normes de masculinitĂ© lĂ©gitimant la violence, ainsi que par une condamnation accrue de la violence envers les hommes dans le couple.
Le programme SE&SR/Herzsprung induit un recours plus frĂ©quent aux stratĂ©gies de gestion des conflits mobilisant des compĂ©tences sociales, ce qui correspond Ă lâun des objectifs visĂ©s. On nâobserve par contre pas de recul de la frĂ©quence de gestion des conflits faisant appel Ă lâagressivitĂ© et Ă la colĂšre, le recours Ă cette modalitĂ© Ă©tant cependant dĂ©jĂ rare avant lâintervention.
Lâobjectif de permettre aux jeunes de savoir Ă qui demander de lâaide est largement atteint. On observe un accroissement de la capacitĂ© Ă exprimer ses besoins et Ă fixer des limites Ă lâautre au sein du couple. Les rĂ©sultats quantitatifs (pas dâeffet statistiquement significatif) et qualitatifs (perception dâun effet favorable) se contredisent en partie en ce qui concerne la capacitĂ© Ă reconnaĂźtre une relation abusive. Le questionnaire post ayant Ă©tĂ© administrĂ© en fin de programme, cela laissait peu de temps aux jeunes pour avoir Ă©tĂ© confrontĂ©-e-s Ă de telles situations. Le focus group abordait quant Ă lui cette question de maniĂšre plus thĂ©orique, sans rĂ©fĂ©rence Ă un cadre temporel.
Des effets dĂ©favorables de faible ampleur ont Ă©tĂ© observĂ©s, mais ils concernent des Ă©chelles oĂč les scores avant intervention Ă©taient particuliĂšrement Ă©levĂ©s et sont donc peu pertinents.
Il ne se dĂ©gage pas de tendance nette en faveur de certaines modalitĂ©s dâimplĂ©mentation plutĂŽt que dâautres. Ces rĂ©sultats quantitatifs corroborent en partie les rĂ©sultats issus des focus groups qui soulignent avant tout lâimportance de lâinteractivitĂ© et de la capacitĂ© Ă maintenir lâattention et lâintĂ©rĂȘt des jeunes comme facteur de succĂšs des sessions. La flexibilitĂ© et la capacitĂ© Ă adapter le programme aux besoins et aux rĂ©actions des jeunes apparaissent comme des facteurs favorisant la satisfaction et les effets que le programme peut avoir sur les jeunes. Les animatrices et animateurs soulignent lâimportance dâun soutien fort des directions dâĂ©tablissement, voire dâune implĂ©mentation gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă lâĂ©chelle des cantons, pour favoriser le succĂšs du programme.
MalgrĂ© les dĂ©fis mĂ©thodologiques, lâĂ©valuation du programme SE&SR et Herzsprung a permis de dĂ©montrer lâatteinte de plusieurs objectifs importants de ce programme, lâadĂ©quation des contenus par rapport aux besoins et aux attentes des jeunes, ainsi quâun haut niveau de satisfaction des animatrices, animateurs et des jeunes. Cette Ă©valuation suggĂšre Ă©galement des pistes dâamĂ©lioration, notamment en favorisant lâadaptation du dĂ©roulement et du contenu des sĂ©ances en fonction des besoins et des rĂ©actions des groupes, en traitant davantage les aspects positifs des relations amoureuses tout en Ă©vitant une vision trop normative de celles-ci (souhait dâune meilleure prise en compte des diversitĂ©s culturelles et dâorientation sexuelle et affective), ainsi quâen veillant Ă maximiser lâinteractivitĂ© et le caractĂšre non rĂ©pĂ©titif des sĂ©ances
Devenir médecin homéopathe : la construction d'une professionnalité atypique : une analyse sociologique à partir du cas suisse
Peu d'études se penchent sur l'identité des médecins qui combinent pratique conventionnelle et modalités de soins dites «alternatives» et «complémentaires». Cette thÚse s'intéresse précisément à un groupe emblématique d'une telle démarche: les homéopathes. Le corpus empirique se compose d'entretiens (26 homéopathes, 20 généralistes non-homéopathes et plusieurs médecins porte-parole ont été rencontrés) et de documents écrits (issus de dossiers parlementaires et de la presse professionnelle). L'analyse du matériau est qualitative et inductive. La thÚse remet en question l'aspect radicalement déviant du groupe des homéopathes en montrant, au contraire, les stratégies et les voies actuelles de son intégration. Elle met tout d'abord en évidence l'évolution du segment vers une meilleure reconnaissance institutionnelle. Puis elle présente les processus microsociologiques d'apprentissage, les carriÚres, les aspects axiologiques et les modalités pratiques de la clinique homéopathique. Enfin, elle décrit les quatre grandes postures professionnelles observables aujourd'hui à l'intérieur de ce segment atypique de la profession médicale