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L’idéologie propriétaire
L’idéologie propriétaire renvoie à un ensemble de croyances qui déterminent nos choix publics et privés. Celle-ci est composée de plusieurs hypothèses que l’on trouve exprimées au chapitre V du Second traité du gouvernement de John Locke : (a) la propriété est un droit naturel de la personne humaine, (b) on peut l’acquérir sans le consentement d’autrui, (c) la propriété s’acquiert primitivement par le travail individuel, (d) la propriété récompense donc le mérite du travailleur, (e) nul n’a le droit d’interférer sur ce qui appartient en propre à quelqu’un, (f) pas même l’État dont le rôle fondamental est, au contraire, de garantir et de protéger les propriétés individuelles. Cet article a d’abord pour objectif de brosser la façon dont cette idéologie a transité de Locke à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Dans un second temps, il ouvre quelques pistes pour critiquer l’idée selon laquelle le droit de propriété devrait être considéré comme un droit fondamental plutôt que comme un droit secondaire.Proprietary ideology refers to a set of core assumptions that determine our public and private choices. It is composed of several assumptions that are expressed in chapter V of John Locke’s Second Treatise on Government: (a) property is a natural right of the human person, (b) it can be acquired without the consent of others, (c) it is primitively acquired through individual labour, (d) it therefore rewards the merit of the worker, (e) no one has the right to interfere with what belongs to someone in his own right, (f) not even the state, whose fundamental role is, on the contrary, to guarantee and protect individual property. This article first aims to outline the way in which this ideology moved from Locke to the Declaration of the Rights of Man and the Citizen. Secondly, it opens up some perspectives to criticise the idea that the right to property should be regarded as a fundamental right rather than as a secondary right
Soi-mĂŞme et les autres
La théorie politique appelée républicanisme est souvent ignorée dans les ouvrages synthétiques de philosophie politique, en témoigne l’ouvrage de Will Kymlicka, Les théories de la justice, une introduction, qui ne lui donne aucune place. Pourtant, le républicanisme est présenté par ses partisans, comme Jean-Fabien Spitz en France, comme une troisième voie entre le libéralisme et le communautarisme. On peut faire remonter aux historiens des idées Pocock puis Skinner, fondateurs de l’école de C..
L’intérêt général au crible de l’intérêt commun
The general interest (by opposition to the common interest) presents itself as a position of overhang, taking the point of view of society and the requirements of rationalization supposed to structure it. We propose to examine three different options concerning the nature and the determination of this interest. We follow a chronological approach which, in fact, refers to essential conceptual distinctions. Lemercier de La Rivière’s approach shows general interest as a mere epiphenomenon of the interest of the members of society who are all seeking to see their individual gains maximized. The approach of Saint-Simon overturned it because, for him, the rights of individuals depend entirely on their social function in the industrial system in such a way that the only common interest of individuals is their interest as member of the industrial society. The general interest assumed by the State expresses the general requirements of industry, i.e. the production and optimum distribution of resources throughout the whole body of society. Finally, Leon Bourgeois' approach allows to articulate a thesis based on the rights and protection of individuals with a thesis based on the promotion of social interests irreducible to individual interests. The general interest incarnated by the State aims to reinstate the individual in the requirements and the civic obligations in particular by duties like that of paying the tax
Propriétarisation : la voie pour une gestion raisonnable et durable de la nature ?
In the second half of the twentieth century, theories were developed which asserted that property rights and the markets that develop thanks to them are the best way to manage natural resources in a reasonable and sustainable way. This tradition is in particular opposed to the idea of the economist Pigou, who considered that the only way to deal with the environmental issue was to regulate property rights and government intervention through taxes. In this article, we begin by outlining the arguments of the main economic articles that have been used as a basis for this approach, and then go on to suggest a number of theoretical critical arguments to these theses.
English title: Proprietarization: The Way for a Reasonable and Durable Management of Nature?
Keywords: Property, Commons, Co-Ownership, Environmental Philosophy, Economic Philosoph
Cédric Rio, Justice sociale et générations, Pourquoi et comment transmettre un monde plus juste
L’ouvrage de Cédric Rio, Justice sociale et générations, est un essai de philosophie normative qui traite la question des injustices qui peuvent être commises par la génération présente à l’égard de celles à venir. Il se questionne donc sur les droits qu’on devrait reconnaître à des individus qui n’existent pas encore. La réflexion de l’auteur porte aussi sur la préservation du capital commun nécessaire à la préservation et à la garantie des droits de ces êtres, comme, par exemple, un environ..
Moins de biens pour plus de liens : Jean-Jacques Rousseau, décroissanciste avant l’heure ?
Si Rousseau a écrit bien avant les développements actuels de l’économie capitaliste, reste qu’il en pressent nombre de conséquences. Le rapprochement entre sa philosophie et l’approche décroissanciste éclaire tant son approche que la généalogie d’un mouvement. Rousseau, en promouvant la petite propriété autarcique, cherche à échapper à la logique marchande. La diminution du commerce semble avoir pour ambition première de libérer les rapports humains des contraintes de l’échange intéressé afin de promouvoir des relations non aliénées. Aussi nous nous efforçons de rapprocher Rousseau de la pensée décroissanciste contemporaine pour reprendre au compte du Genevois l’expression d’Émeline De Bouver : « moins de biens, plus de liens ». Le principe de la « simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance » anime le mouvement décroissanciste. L’objectif des décroissancistes est de faire primer la gratuité, les relations non marchandes, sur la logique de la consommation et la marchandisation de tous les aspects de la vie et des rapports humains. Jean-Jacques Rousseau cherche d’une manière proche à réduire les échanges marchands et à favoriser une certaine forme d’autarcie économique non parce qu’il souhaite supprimer les échanges, mais parce qu’il veut maintenir intactes les relations de confiance, d’amitié et d’intimité qui sont autant de sphères que l’échange marchand risque toujours de pervertir dès qu’il s’y introduit.Rousseau’s writings are far from the current developments of the capitalist economy, but they do foreshadow many of its consequences. The link between his philosophy and degrowth thinking illuminates both his approach and the genealogy of this economical tradition. Rousseau, by promoting a lifestyle of small and self-sufficient property owners, tries to avoid the logic of a commerce. His desire to tendentially suppress trade seems to have the primary aim of freeing human relationships from the constraints of selfish exchange so as to promote non-alienated relationships. We intend to show the link between Rousseau and contemporary degrowth theory by considering Émeline De Bouver’s expression “fewer goods, more relationships” as Rousseauan. The principle of “voluntary simplicity against the myth of abundance” animates the degrowth movement. The aim of the degrowth thinkers is to promote gratuity, non-commercial relationships against the logic of consumption and the commodification of all aspects of life and human relationships. Jean-Jacques Rousseau similarly seeks to reduce commercial exchange and promote a certain form of economic autarky. He does so not because he wants to suppress these exchanges, but in order to maintain intact the relations of confidence, friendship and intimacy, which he argues will be perverted if they are invaded by a logic of commercial exchange
Un impôt fondé sur le coût social et environnemental de la propriété privée ?
Cet article entend s’interroger sur la façon dont le phénomène des externalités conduit à remettre en question le concept de propriété privée dans le contexte de la crise écologique. Les choses appropriées ont un coût social non payé par ceux qui en sont propriétaires. Nous suggérons d’établir une fiscalité portant sur le coût social des biens privés. Ce coût social peut être pensé comme une dette des propriétaires à l’égard de ceux que leur propriété pénalise. Le fardeau de cette dette doit donc être porté en majeure partie par ceux qui en sont les débiteurs (les propriétaires), non pas pour réparer le préjudice écologique, mais en supportant la charge de la transition vers des formes de propriété moins polluantes. Toutefois, des motifs d’équité nous poussent à considérer la coresponsabilité de tous dans cette dette et à accepter qu’une partie de celle-ci soit assumée collectivement.This contribution aims to question how the phenomenon of externalities leads to question the concept of private property in the context of the ecological crisis. Private goods have a social cost that is not paid by those who own them. We suggest to establish a tax grounded on the social cost of private goods. This social cost can be thought as a debt owed by owners towards those who are penalized by their property. The burden of this debt must therefore be borne mainly by those who are the debtors (the owners) not to repair the ecological damage but by bearing the burden of the transition to less polluting forms of property. However, for reasons of equity, we are forced to consider the co-responsibility of all in this debt and to accept that part of it is borne collectively
Qu’est-ce que « Robinson » nous apprend sur la vie en société ?
Le fil directeur qui doit être préservé dans toute formulation de la position du holisme social est la thèse que les individus ne sont pas entièrement dégagés de tout lien. Ils dépendent les uns des autres pour la possession d’une propriété qui est centrale pour l’être humain. Personne ne peut jouir de cette propriété – personne ne peut être à proprement parler un être humain – sinon en présence des autres. Bien entendu, n’importe qui peut être frappé d’isolement, comme Robinson Crusoë, mais ..
De l’intérêt général : introduction
La notion d’intérêt général est, aujourd’hui, autant un concept du droit qu’un topos rhétorique. Elle est censée désigner l’ordre public, l’intérêt du peuple ou bien la priorité des décisions administratives sur les intérêts privés, sectoriels, les droits individuels et les contrats entre particuliers (à travers des mécanismes juridiques comme la préemption, l’expropriation pour des motifs d’intérêt général ou d’utilité publique ou le travail d’intérêt général…). Pourtant cette notion a une d..