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Le Survivant de la Shoah face au texte de fiction: Un Ă©cran protecteur ou un Ă©cran projecteur? Lâexemple dâAnna Langfus
La terminologie âĂ©criture Ă©cranâ est souvent utilisĂ©e dans un sens proche de celui que lui donne Annie Ernaux lorsquâelle Ă©crit que âla fiction protĂšgeâ en permettant Ă un auteur de dire tout en gardant le lecteur Ă distance. Pourtant, de Blanchot Ă Genette, de nombreux critiques ont soulignĂ© que le texte est par essence un espace qui nâexiste que dans et par cet Ă©change, le lecteur â surtout dans le cas des textes de fiction â devant sâinvestir, se projeter dans le texte lu. Le texte de fiction serait-il donc un Ă©cran protecteur pour celui qui tient la plume et un Ă©cran projecteur pour celui qui tient le livre ? En nous basant principalement sur des textes de la psychanalyste Rachel Rosenblum et de lâauteure et survivante de la Shoah Anna Langfus, nous suggĂšrerons que, pour lâauteur comme pour le lecteur, le texte de fiction est Ă la fois un Ă©cran protecteur et un Ă©cran projecteur, ces deux fonctions Ă©tant Ă©troitement liĂ©es et nullement contradictoires. Nous montrerons en effet quâaucun genre nâest a priori protecteur puisque câest lâacte de lecture ou dâĂ©criture qui peut se transformer en morbide compulsion de rĂ©pĂ©tition quand la mĂ©moire dâun lecteur ou dâun auteur est devenue pathologique