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    De l'absolu littéraire au neutre : les fins de la littérature selon Maurice Blanchot et Samuel Beckett

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    Cette thèse interroge la notion de « littérature » à partir des œuvres de Maurice Blanchot et de Samuel Beckett. Elle tente de répondre aux derniers symptômes d'une crise qui remonte à la naissance du terme de « Literatur » vers la fin du XVIIIe siècle à Iéna, et dont l'enjeu n'est rien moins que la « mort » ou « survivance » de celle-ci. En effet, la décennie 2000 a marqué le retour de multiples polémiques autour du statut de la chose littéraire, la rappelant à ses apories. Déjà mis en évidence par la déconstruction, ce problème se pose aussi dans les œuvres de Beckett et de Blanchot, prises ici pour exemples en raison de leur volonté de demeurer au plus près de l'indécidable tout en faisant valoir l'impossibilité d'une telle aspiration. Dans le premier chapitre, je retrace la genèse du concept de « Literatur » chez les premiers romantiques allemands en m'attardant sur ce que Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy appellent « l'absolu littéraire », concept que je revisite à la lumière des travaux de Quentin Meillassoux, qui vise à rouvrir la philosophie à l'absolu. Prenant acte de l'échec d'un tel projet au sein de l'espace littéraire, je décompose la problématique en deux pôles : 1) le littéralisme, qui désigne chez Beckett et Blanchot le refus de la paraphrase, et 2) l'inévitable hantise de l'esprit critique, qui dédouble la lettre dès son inscription. Enfin, j'envisage brièvement, avant de l'écarter, la possibilité de résoudre ces contradictions en misant tout sur le sociologisme ou sur le subjectivisme esthétique. Dans le deuxième chapitre, je tente de montrer comment le concept d'« espace littéraire » chez Blanchot s'articule à la relecture derridienne du Timée de Platon, annonçant le neutre. Je me penche ensuite sur ce terme en suggérant qu'il serait le plus apte à rendre compte des contradictions de la littérature, qui oscille entre l'autonomie et l'hétéronomie. Tout en analysant la théorisation du neutre dans les écrits de Blanchot, j'en repère également la trace chez Beckett et tout particulièrement dans son livret « neither ». Après avoir fait apparaître le mouvement de va-et-vient qui sous-tend leurs œuvres respectives, j'analyse les tentatives de ces deux écrivains pour parvenir au point absolu du neutre dans « Le regard d'Orphée » de Blanchot et Mal vu mal dit de Beckett. Dans le troisième et dernier chapitre, j'explore ce qui semble résister à la neutralisation du neutre, à commencer par les résidus de forme que produisent les œuvres de Beckett et notamment la mathématisation que cette opération suppose dans Comment c'est et Quoi où. J'identifie cette « restance », selon l'expression de Jacques Derrida, à la chose, que je réexamine à la lumière de ses contradictions afin de mieux repenser la notion de « chose littéraire ». Enfin, je reviens sur ce que Blanchot appelle « la solitude de l'œuvre » avant de conclure en m'interrogeant sur la parole paradoxale de cette chose nommée « littérature », qui s'exprime du fond de son retrait telle une prosopopée.This thesis examines the notion of "literature" via the works of Maurice Blanchot and Samuel Beckett. It aims to respond to the latest symptoms of a crisis - hearkening back to the birth of "Literatur" in Jena near the close of the eighteenth century - that pertains to its very "death" or "survival." Indeed, the 00's have marked the return of heated debates surrounding the status of literature, calling it back to its aporias. Already highlighted by deconstructive criticism, this issue also plays a vital role in Beckett and Blanchot's respective oeuvres, which I discuss here due to their willingness to adhere as closely as possible to the undecidable even as they repeatedly assert that such a task is impossible. In the first chapter, I trace the birth of the concept of "Literatur" in early German romanticism by focusing on what Philippe Lacoue-Labarthe and Jean-Luc Nancy call "the literary absolute," which I revisit in light of Quentin Meillassoux's attempt at relegitimizing the absolute as such. Acknowledging the failure of this endeavour within the space of literature, I break it down into two poles: 1. literalism, which for Beckett and Blanchot signals the refusal to paraphrase, and 2. the spirit of criticism, which haunts each and every letter upon its inscription. I then briefly consider - prior to dismissing it - the possibility of resolving these contradictions by means of sociology or aesthetic subjectivism. In the second chapter, I try to demonstrate how Blanchot's concept of "literary space" ties into Jacques Derrida's rereading of the Platonic khôra, foreshadowing the neuter. I then suggest that the latter term best accounts for literature's contradictions, as it unceasingly wavers between autonomy and heteronomy. Although I trace the neuter's "theorisation" in Blanchot's writings, I also discern its worklessness in Beckett's work, specifically in the libretto "neither." Foregrounding this movement of coming and going in their oeuvres, I analyse both writers' respective attempts at reaching the absolute point of the neuter: in Blanchot's "The Gaze of Orpheus" and Beckett's Ill Seen Ill Said. In the third and final chapter, I explore that which seemingly resists the neutralisation of the neuter, starting with the fragments of form conjured up by Beckett's works, and specifically the mathematisation this operation implies in How It Is and What Where. I associate form's "restance," as Jacques Derrida calls it, to the thing, which I discuss in light of its contradictions so as to rethink the notion of "res literaria." Lastly, I take a closer look at what Blanchot calls "the solitude of the work" before reflecting on literature's paradoxical mode of communication, which speaks from the depths of its abyssal withdrawal, in the manner of a prosopopoeia

    IASIL Bibliography 2014

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