37 research outputs found
âTu mâembrasses encore, et câest mon pied dans les pompons !â Comment construit-on le sens ?
JâĂ©tudie des constructions hypothĂ©tiques composĂ©es de deux assertions juxtaposĂ©es ou connectĂ©es par et comme Tu dis encore un mot (et) je mâen vais. Lâ« assertion » introductive exprime un fait qui contrevient Ă une Ă©vidence perceptive. Il est en effet publiquement valide dans la situation de parole que lâallocutaire nâest pas en train de parler : Tu dis encore un mot ne peut pas ĂȘtre un constat et, si câĂ©tait le cas, le contenu serait fortement sous-informatif. Je propose une analyse de ces constructions sur lâinterface syntaxe â pragmatique. Ces constructions binaires prĂ©sentent une absence de correspondance entre une structure formelle (une assertion) et des impĂ©ratifs pragmatiques qui lui sont liĂ©s habituellement (prise en charge par le locuteur, p. ex.). Ces assertions Ă©noncĂ©es sous une clĂ© de validation modale incrĂ©mentent la mĂ©moire discursive de deux informations : (i) la validitĂ© dâun objet-de-discours O ; (ii) lâassignation dâun commentaire modal Ă cet objet-de-discours, i.e. . Je cherche Ă identifier comment ce commentaire modal est Ă©laborĂ©, câest-Ă -dire sur la base de quels indices. A mon sens, cette infĂ©rence est le produit de la concurrence entre deux sources dâinformation : lâune linguistique â lâobjet-de-discours O est assertĂ© â, lâautre extra-linguistique â les donnĂ©es de lâexpĂ©rience contredisent la validitĂ© de O.This study concerns French constructions producing a hypothetical interpretation composed of two juxtaposed or and-connected assertions such as You say one more word (and) Iâm leaving. The introductory assertion expresses a fact that is at odds with elements of the situation of utterance. Indeed, it is quite obvious that the addressee is not talking in the situation of utterance: You say one more word canât be a statement, and if it were it would be of poor informative content. I suggest an analysis of these constructions on the interface between syntax and pragmatics. These binary constructions present a mismatch between a formal structure (an assertion) and some pragmatic requirements usually linked to it (commitment, for example). These assertions â expressed under a âvalidation keyâ â increment the common ground with two items of information: (i) the validity of a state of affairs O; (ii) the allocation of a modal commentary to this fact, for example . I try to understand how this modal commentary is inferred. In my view, this inference is produced by two information sources in competition: a linguistic one â the state of affairs O is asserted â and an extralinguistic one â the experimental truth refutes the validity of O
La focalisation des conditionnelles
Lâobjectif de cet article est dâidentifier les diffĂ©rents moyens syntaxiques dont dispose le français pour focaliser les circonstants en si, dans des constructions du type {si P, Q} et du type {Q si P}. ConsidĂ©rer que le constituant si P puisse occuper une position de focus nâest pas si anodin, puisquâon tient gĂ©nĂ©ralement pour acquis depuis Haiman (1978) que « conditionals are topics ». La littĂ©rature scientifique sâest peu intĂ©ressĂ©e aux cas oĂč si P a un statut informationnel de focus. Lâanalyse porte sur trois classes de faits oĂč la proposition si P est promue informationnellement : dâune part, des propositions si P placĂ©es dans le champ dâun opĂ©rateur (nĂ©gation, restriction) ou dans un dispositif (clivage, pseudo-clivage). Dâautre part, des propositions si P en contexte dâenchĂąssement. Enfin, des propositions si P orphelines de leur terme Q, comme « Et si on allait au cinĂ©ma ? ». Dâun point de vue syntaxique, si P implique la prĂ©sence de Q, mais dâun point de vue informationnel, la situation sâinverse : une contrainte dâinformativitĂ© rend lâĂ©lĂ©ment si P inĂ©luctable. LâĂ©tude montre quâil existe des circonstants en si qui ont systĂ©matiquement un statut de topique (les conditionnelles dites « factuelles ») et quâil existe Ă©galement des circonstants en si qui ont toujours un statut de focus (certaines propositions si P comparatives, enchĂąssĂ©es, ou prĂ©sentant une ellipse de Q).The aim of this article is to identify the different syntactic modes existing in French to focus if-clauses in constructions such as {if-P, Q}, and {Q if-P}. It is not irrelevant to consider that if-clauses may occupy a focus position, seeing that since Haiman (1978), it is generally admitted that âconditionals are topicsâ. Little attention has been paid in the literature, however, to contexts where if-P has the information status of focus. The present analysis concerns three categories of facts where if-P has a status of focus: if-clauses located within the scope of a negation or a restriction, or in cleft or pseudo-cleft constructions; if-clauses in an embedding context; and lastly, ellipsis of the Q component, as in âEt si on allait au cinĂ©ma?â [What if we went to the movies?]. From a syntactic point of view, an if-clause demands a Q component, but from an informational perspective, the reverse holds: an informative constraint makes if-P mandatory. The study demonstrates the existence of if-clauses which have systematically a topic status (so-called âfactualâ if-clauses) and of if-clauses which have a focus status (some comparative if-clauses, either embedded or with ellipsis of Q)
Le paradoxe comme stratégie raisonnable
Trois classes de constructions sont Ă©tudiĂ©es et confrontĂ©es. Dâune part, des paradoxes au sens Ă©tymologique du terme. Dâautre part, des contradictions qui engagent des calculs infĂ©rentiels pour lever la contradiction. Enfin, des constructions qui mettent lâallocutaire devant ses propres contradictions. On questionne pour chaque classe de faits le type de rĂ©solution, le statut des sources de savoir (discordantes), ainsi que les attentes pragmatiques mises en jeu.Three classes of structures are studied and compared. On the one hand, paradoxes in the etymological sense. On the other hand, contradictions that cause inferences to remove the contradiction. Finally, structures that put the hearer in front of its own contradictions. For each class of structures the type of resolution, the status of (discordant) knowledge sources and the pragmatic expectations concerned are studied
Une composante émotive dans les constructions articulées par un et d'opposition?
Dans des enchaĂźnements que l'on interprĂšte adversativement, comme L'homme est nĂ© libre, et partout il est dans les fers (Rousseau, Du contrat social), le choix de et (plutĂŽt que pourtant ou mais qui marqueraient l'opposition) n'est pas anodin. En conjoignant des prĂ©dications contradictoires au moyen de et, on transmet implicitement un genre d'> (ici une incrimination). Ce jugement de valeur vĂ©hiculĂ© implicitement par l'enchaĂźnement de deux Ă©nonciations est sans doute un des ressorts de l'expressivitĂ© (notion rarement dĂ©finie) dont la parataxe est rĂ©putĂ©e ĂȘtre l'auxiliaire. Ces contradictions sont des stratĂ©gies raisonnables, dans la mesure oĂč elles visent un implicite que l'allocutaire devra reconstruire lui-mĂȘme pour surmonter ce qui, en apparence, constitue un paradox
Ou comme ça, machin et autres marqueurs dâindĂ©termination dans les listes
Cet article traite de deux marqueurs de fin dâĂ©numĂ©ration ou de liste que lâon rencontre dans le « Corpus oral de français de Suisse romande » (OFROM). Il sâagit dâune part de la sĂ©quence ou comme ça, dont la frĂ©quence caractĂ©rise semble-t-il le corpus en question, et dâautre part de machin, plus uniformĂ©ment rĂ©pandu en français parlĂ© contemporain dâEurope. Les emplois ciblĂ©s par notre Ă©tude sont du type suivant :[1] certaines se maquillent dĂ©jĂ ou bien mettent des robes ou euh + des ba- justement des chaussures un peu fĂ©minines comme des ballerines ou comme ça(unine11-csa)[2] je lui ai donnĂ© un millier de conseils va voir un psy va voir euh prends-toi en main fais quelque chose euh machin(unine08-vwa)Sans nous limiter aux contextes Ă©numĂ©ratifs, nous examinons les conditions dans lesquelles ou comme ça et machin sont utilisĂ©s dans les donnĂ©es OFROM. Nous Ă©tudions leurs fonctionnements sĂ©mantiques respectifs, le type dâindĂ©termination auquel ils sont associĂ©s, et la maniĂšre dont ils en viennent Ă assumer, en fin de liste, des rendements pragmatiques comparables. Au passage, nous mettons en Ă©vidence les contextes morphosyntaxiques qui favorisent, en français contemporain, une rĂ©interprĂ©tation du substantif machin comme une particule dâextension, voire dâindĂ©termination.This article deals with two extension particles (or âgeneral extendersâ) found in the OFROM corpus (French spoken in Switzerland). On the one hand, we study the sequence ou comme ça (âor like thatâ), whose high frequency seems to be characteristic of the OFROM corpus. On the other hand, we study the noun machin (âthingyâ, âwhatsitâ), which is more uniformly spread in contemporary European spoken French. The examples studied are of the following types :[1] certaines se maquillent dĂ©jĂ ou bien mettent des robes ou euh + des ba- justement des chaussures un peu fĂ©minines comme des ballerines ou comme ça(unine11-csa)[2] je lui ai donnĂ© un millier de conseils va voir un psy va voir euh prends-toi en main fais quelque chose euh machin(unine08-vwa)The research is not limited to enumerative contexts. We examine all the uses of ou comme ça and machin in the OFROM data. We study their semantic functions, the type of vagueness they are associated with, and the way in which they come to assume comparable pragmatic functions at the end of the list. We highlight the morphosyntactic contexts that favor a reinterpretation of the name machin as an extension particle, or as a vagueness marker
Réflexions sur les exploitations différenciées de la grammaire
Notre rĂ©flexion porte sur deux aspects en particulier : (i) les questions dâordre mĂ©thodologique qui ont trait Ă la constitution des donnĂ©es (sĂ©lection des sous-corpus, taille de ceux-ci, hiĂ©rarchie entre eux, etc.), et (ii) lâintĂ©gration dans les ouvrages de rĂ©fĂ©rence des rendements multiples de la grammaire.En nous fondant sur des corpus diversifiĂ©s, nous prĂ©sentons les rĂ©sultats de deux analyses linguistiques, lâune sur lâunitĂ© lexicale justement et lâautre sur la construction syntaxique du type il y en a (beaucoup) qui dansent. Ces deux objets dâĂ©tude illustrent pour lâun des disparitĂ©s importantes selon les corpus et pour lâautre une diffĂ©rence notable entre oral et Ă©crit. En parallĂšle, nous comparons nos analyses sur corpus avec les traitements proposĂ©s dans des grammaires et des dictionnaires.Notre recherche souligne quâune description linguistique qui prend en compte lâoral non formel donne des rĂ©sultats parfois assez diffĂ©rents de ce que lâon observe Ă lâĂ©crit, et quâil y a par consĂ©quent lieu de faire une place de choix au français parlĂ© non planifiĂ© dans les ouvrages de rĂ©fĂ©rence. Si lâĂ©tude fait ressortir la spĂ©cificitĂ© de lâoral non formel, elle ne remet toutefois pas en question lâunitĂ© du systĂšme. Les phĂ©nomĂšnes variationnels que nous avons observĂ©s ne nous conduisent pas Ă formuler une hypothĂšse de type diglossique ou dialectale, mais plutĂŽt Ă adopter une conception polylectale de la grammaireOur reflection focuses on two aspects: (i) methodological issues related to the creation of data (selection of sub-corpora, size of sub-corpora, hierarchy among them, etc.), and (ii) the integration of the multiple usages of the grammar in reference books.Based on diversified French corpora, we prĂ©sent the results of two linguistic analyzes - one on the lexical unit justement (âpreciselyâ) and the other on syntactic constructions like il y en a (beaucoup) qui dansent (âthere are many people who danceâ). These two subjects of research illustrate important disparities according to the corpus for one and a significant difference between spoken and written French for the other. In parallel, we compare our corpus studies with the corresponding items in both grammars and dictionaries.Our study emphasizes that a linguistic description taking into account non- formal oral gives results that are sometimes quite different from what is observed in writing. So it is necessary to integrate unplanned spoken French in the reference grammars. Even if our work highlights the specificity of non-formal oral, we think that the system is unique. The facts we have observed do not lead us to formulate a âdiglossicâ or âdialectalâ hypothesis, but rather to adopt a âpolylectalâ conception of grammar
Préambule
Ce numĂ©ro est consacrĂ© Ă la description de faits linguistiques situĂ©s Ă lâinterface entre syntaxe et discours et qui, de fait, en questionnent voire en nĂ©gocient la frontiĂšre. Les contributions mettent lâaccent sur la composante descriptive, sans pour autant que celle-ci exclue une rĂ©flexion Ă©pistĂ©mologique autour de lâopposition habituellement tracĂ©e entre les deux niveaux dâanalyse linguistique. Lâapproche adoptĂ©e dans ces Ă©tudes est donc essentiellement empirique : toutes les contributions..
Préambule
Ce numĂ©ro est consacrĂ© Ă la description de faits linguistiques situĂ©s Ă lâinterface entre syntaxe et discours et qui, de fait, en questionnent voire en nĂ©gocient la frontiĂšre. Les contributions mettent lâaccent sur la composante descriptive, sans pour autant que celle-ci exclue une rĂ©flexion Ă©pistĂ©mologique autour de lâopposition habituellement tracĂ©e entre les deux niveaux dâanalyse linguistique. Lâapproche adoptĂ©e dans ces Ă©tudes est donc essentiellement empirique : toutes les contributions..
L'identification des relations de discours implicites : le cas de l'adversation
La recherche porte sur un objet peu Ă©tudiĂ© : les relations de discours implicites (i.e. non marquĂ©es). LâĂ©tude prĂ©sente trois organisations argumentatives qui ressortissent Ă la relation de discours Contraste. A partir de la distinction que fait Lakoff (1971) entre « Semantic opposition » (1) et « Denial of expectation » (2) :
(1) John is tall but Bill is short. (cité par Lakoff 1971)
(2) John is tall but heâs no good at basketball. (ibid.)
il est montrĂ© que les « Denials of expectation » peuvent ĂȘtre scindĂ©s en deux groupes, (i) des enchaĂźnements contre-argumentatifs indirects et (ii) des enchaĂźnements contre-argumentatifs directs.
Les constructions Ă valeur adversative « non marquĂ©es » par des connecteurs explicites sont des enchaĂźnements comme (1â) et (2â) :
(1â) John est grand, Bill est petit.
(2â) John est grand et il nâest pas bon au basketball.
Les connecteurs « pourtant » ou « mais » (« but » dans 1 et 2) marqueraient lâopposition de maniĂšre explicite, alors que « et »(dans 2â) nâest a priori pas spĂ©cialisĂ© pour connecter des prĂ©dications contradictoires. On prĂ©sente les propriĂ©tĂ©s oppositives de chacune de ces trois organisations discursives oĂč la valeur adversative est Ă reconstruire par infĂ©rence. LâĂ©tude se conclut sur un plaidoyer pour une Ă©tude des relations de discours implicites, ce qui revient notamment Ă dissocier lâanalyse des « marqueurs de discours » de celle des relations de discours