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    Digitalisat der Ausgabe von 1919, erschienen 201

    Reise nach Ikarien; Auswahl

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    Voyage en Icarie

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    Volume 1m£P •^S3" m^ '*fe\ *? A i <- v. * ~ v < Ht * $11 ^ r F.F ' CAEET Adoptons. praticjiions, proclamons, propageons le principe ctiretien de la Fraternite; tirons en toutes les consequences^ et nous arriverons a l'organisation sociale la plus parfiite et la plus capaole de realiser comj[TOjenT le salut et le oonheur de l'taamte. (Voyage e„ icarie) VOYAGE EN FRATERNITE. Tous pour chacun. SOLIDARITY EGALITE-LIBERTE ELIGIBILITE UNITE PAIX. AMOUR JUSTICE SECOURS MUTUEL ASSURANCE UNIVERSELLE Chacun pour tous EDUCATION INTELLIGENCE-RAISON MORALITK ORDRE ORGANISATION DU TRAVAIL UNION. MACHINES AU PROFIT DE TOUS - AUGMENTATION BE LA PRODUCTION REPARTITION EQUITABLE DES PRODUITS SUPPRESSION DE LA MISERE AMELIORATIONS CROISSANTES Cramer broit, MARIAGE E T FAMILLE premier bcuoir ~ ' PROGRES CONTINUEL Vn. vvvvil, 3nttrc. ABONDANCE travailler. - ARTS. - A chacun suivant ses besolns. De chacun. suivant ses forces. BONHEUR COMMUN. PARIS AU BUREAU DU POPULAIRE, RUE JEAN-JACQUES-R0USSEAU,14. Dans les Departemcnts el ai'Etrangcr, chez les Corrcspondauls du POPULAIK! 1848 PREFACE Quand on considere les richesses dont la bienfaisante Nature a comble le Genre humain, et YIntelligence ou la Raison dont elle l'a gratifie pour lui servir d'instrument et de guide, il est impossible d'admettre que la destinee de riiomme soit d'etre malheureux sur la Terre; et quand on considere qu'il est essentiellement sociable, par conse­quent sympathique et aft'ectucux, il n'est pas plus pos­sible d'admettre qu'il soit naturellement mechant. Cependant, dans tous les temps et dans tous les pays, THistoire ne nous montre que troubles et desordres, vices et crimes, guerres et revolutions, supplices et massacres catastrophes et calamites. Mais si ces vices et ces malheurs ne sont pas l'effet de la volonte de la Nature, il faut done en chercher la cause ailleurs. Cette cause n'est-elle pas dans la mauvaise organisation de la Societe? Et le vice radical de cette organisation n'est-il pas Yinegalite, qui lui sert de b a s e J 2 * 4 5 ^ 5 9 Aucune question n'est evidemment aussi digne d'exci-ter l'interet universel; car s'il etait demontre que les souffrances de l'Humanite fussent un immuable arret du Destin, il faudrait n'y chercher de remede que dans la re­signation et la patience; tandis que si, au contraire, le mal n'est que la consequence d'une mauvaise organisation sociale, ct specialement de l'lnegalite, il ne faut pas per­dre un moment pour travailler a supprimer ce mal en en supprimant la cause, en substituant YEgalite a Yinegalite. II rREFACE. Pour nous, plus nous etudions l'Histoire, plus nous sommes profondement convaincu que Yinegalite est la cause generatrice de la misere et de l'opulence, de tous les vices qui sortent de l'une et de l'autre, de la cupidite et de l'ambition, de la jalousie et de la haine, des dis-cordes et des guerres de tous genres, en un mot de tout le mal dont sont accables les individus et les Nations. Et notre conviction devient inebranlable quand nous voyons presque tous les Philosophes et tous les Sages pfdclamer YEgalite; quand nous voyons Jesus-Christ, auteur d'une immense Reforme, fondateur d'une Religion nouvelle, adore comme un Dieu, proclamer la Fra^rm'fe pour delivrer le Genre humain; quand nous voyons tous les Peres de l'Eglise, tous les Chretiens des premiers siecles, la Reforme et ses innombrables partisans, la Philosophie du x v m c siecle, la Revolution americaine, la Revolution franchise, le Progres universel, proclamer YEgalite et la Fraternite des homines et des Peuples. La doctrine de YEgalite et de la Fraternite ou de la Democratie est done aujourd'hui la conquete intellec-tuelle de l'Humanite; la realisation de cette doctrine est lc but de tous les efforts, de toutes les luttes, de tous les combats sur la Terre. Mais quand on s'enfonce serieusement et ardemment dans la question de savoir comment la Societe pourrait etre organisec en Democratic, c'est-a-dire sur les bases de 1'Egalite et de la Fraternite, on arrive a reconnaitre que cetle organisation exige et entraine necessairement la Communaute des biens. Et nous nous batons d'ajouter que cette Communaute etait egalement proclamee par Jesus-Christ, par tous ses Apotres et ses disciples, par tous les Peres de l'Eglise et tous les Chretiens des premiers siecles, par la Reforme PREFACE. HI et ses sectateurs, par les Philosophes qui sont la lumiere et l'honneur de l'Espece humaine. Tous, et Jesus-Christ en tete, reconnaissent et pro­clament que la Communaute, basee sur I'education et sur l'interet public ou commun, constituant une assurance generale et mutuelle contre tous les accidents et tous les malheurs , garantissant a chacun la nourriture, le ve'te-ment, le logement, la faculte de se marier et d'elever une famille, a la seule condition d'un travail modere, est le seul systeme d'organisation sociale qui puisse realiser 1'Egalite et la Fraternite, prevenir la cupidite et l'am­bition, supprimer les rivalries etl'antagonisme, detruire les jalousies et les haines, rendre le vice et le crime presque impossibles, assurer la concorde et la paix, donner enfin le bonheur a l'Humanite regeneree. Mais depuis long-temps les adversaires interesses et aveugles de la Communaute, tout en reconnaissant les prodiges qu'elle enfanterait, sont parvenus a etablir ce prejuge - qu'elle est impossible, que ce n'est qu'un beau reve, une magnifique chimere. , La Communaute est-elle ou n'est-elle pas realisable et possible, voila done la question. L'etude approfondie de cette question nous a profon­dement convaincu que la Communaute pourra facilement se realiser des qu'un Peuple et son Gouvernement l'au-ront adoptee. Nous avons aussi la conviction que les pro­gres de Tindustrie rendentla Communaute plus facile au­jourd'hui que jamais; que le developpement actuel etsans borne de la puissance productrice au moyen de la vapeur et des machines peut assurer Yegalite d'abondance, et qu'aucun systeme social n'est plus favorable au perfec­tionnement des beaux-arts et a toutes les jouissances rai-sonnables de la civilisation. Iv PREFACE. C'est pour rendre cette verite palpable que nous avons redige le Voyage en Icarie. Dans la Ire Partie, nous racontons, nous decrivons, nous montrons une grande Nation organisee en Commu­naute :noustei\nsons voir en action dans toutes ses situa­tions diverses ;nous conduisons nos lecteurs dans sesvilles, ses campagnes, ses villages, ses fermes; sur ses routes, ses chemins de fer, ses canaux, ses rivieres; dans ses di­ligences et ses omnibus; dans ses ateliers, ses ecoles, ses hospices, sesmusees, ses monuments publics, ses theatres, ses jeux, ses fetes, ses plaisirs, ses assemblees politiques; nous exposons l'organisation de la nourriture, du vete-ment, du logement, de l'ameublement, du mariage, de la famille, de I'education, de la medecine, du travail,de l'in­dustrie, de l'agriculture, des beaux-arts, des colonies; nous racontons l'abondance etla richesse,l'elegance etla magnificence, l'ordre et l'union, ia concorde et la frater­nite, la vertu et le bonheur, qui sont l'infaillible resultat de la Communaute. Du reste, la Communaute, comme la Monarchie, comme la Republique, comme un Senat, est susceptible d'une in­finite d'organisations differentes; on peutl'organiseravec des villes ou sans villes, etc., etc.; et nous n'avons pas la presomption de croire que nous ayons trouve, du premier coup, le systeme le plus parfait pour organiser une grande Communaute : nous n'avons voulu que presenter un EXEMPLE, pour faire concevoir la possibilite et l'utilite du systeme Communitaire. La carriere est ouverte : que d'autres presentent de meilleurs plans d'organisation, de meilleurs modeles I Et d'ailleurs , la Nation saura bien rectifier et perfectionner, c o m m e les Generations sui-vantes sauront bien modifier ct perfectionner encore. PREFACE. v Quant aux details de l'organisation, beaucoup sontap-plicables a la simple Democratie tout aussi bien qu'a la Communaute, et nousaimons a penser qu'ils peuvent, des a present, n'etre pas sans quelque utilite. Nous avonssupposequel'organisationpolitique d'lcarie etait la Republique: mais nous prenons ce mot Republique dans son sensle plus large (Res publica, la chose publique), dans lc sens que lui donnaient Platon, Rodin, Rousseau, qui appelaient Republique tout Etat ou toute Societe gouvernee ou administree dans Yinteret public , quelle que tut la forme du Gouvernement, simple ou multiple, hereditaire ou elective. Une Monarchie reellement re­presentative , democratique , populaire, peut etre mille fois preferable a une Republique aristocratique; et la Communaute n'est pas plus impossible avec un Monarque Constitutionnel qu'avec un President Republicain Dans la IIC Partie, nous indiquons comment la Commu­naute peut s etablir, commentune grande et vieille Nation peut se transformer en Communaute. Nous sommes sin­cerement etintimementconvaincu que cette transforma­tion ne peut s'operer instantanement, par l'effet de la vio­lence et de la contrainte, et qu'elle ne peut etre que suc­cessive , progressive, par l'effet de la persuasion, de la conviction, de l'opinion publique, de la volonte nationale. Nous exposons un Regime transitoire, qui n'est autre chose qu'une Democratie adoptant le principe de la Com­munaute, appliquant immediatement tout ce qui est sus­ceptible d'une application immediate, preparantla reali­sation progressive du reste, faconnant une premiere Generation pour la Communaute, enrichissantlespauvres sans depouiller les riches, respectant les droits acquis et les habitudes deia Generation actuelle, mais supprimant sanv retard la misere, assurant a tous du travail ct l'exis- VI PREFACE. tence, donnant a la masse le bonheur en travaillant. Dans cette IIe Partie, nous discutons la thtorie et la doctrine de la Communaute, en refutant toutes les objec­tions; nous presentonsle tableau historique des Progres de la Democratie, et nous passons en revue les opinions des plus celebresPhilosophes sur 1'Egalite etla Communaute. La IIP Partie contient le Resume des Principes du systeme Communitaire. Sous la forme d'un ROMAN, lc Voyage en Icarie est un veritable TRAITE de morale, de philosophie, d'economie sociale et politique, fruit de longs travaux, d'immenses recherches et de; constantes meditations. Pour le bien connaitre, il ne suffit pas de le lire ; il faut le relire, le retire souvent et l'etudier. Nous ne pouvons sans doute nous flatter de n'avoir commis aucune erreur: mais notre conscience nous rend ce consolant tcmoignageque notre oeuvreestl'inspiration du plus pur et du plus ardent amour de l'Humanite. Abreuve deja de calomnies et d'outrages, nous avons besoin de courage pour braver la haine des partis, peut-etre la persecution : mais de nobles et glorieux exemples nous ont appris que l'homme qu'enflamme et qu'entraine son devouement au salut de ses freres doit tout sacrifier a ses convictions; et quel que puisse circle sacrifice, nous sommes pret a l'accepter pour rendre, partout et tou­jours, unsolennelhommage a I'excellence et aux bienfaits dela doctrine dela Communaute. CABLT. SOMMAIRE. PREMIERE PARTIE. VOYAGE. - RECIT. - DESCRIPTION. PREFACE » C'HAPITRES I. - But ilu voyage, d6part 1 II. - Arrivee en Icarie 4 III. - Arrivee a Icara 11 IV. - Description d'lcara 18 V - Coup d'o?il stir l'organisation sociale et poli­tique, et sur l'histoire d'lcarie 30 VI. - Description d'lcara (suite du chap. I V ) . . . . 40 VII. - Nourriture 51 VIII. - Vetement 56 IX. - Logemcnt. - Amcublement 63 X et XI. - Education 73, 87 XII. - Travail. - Industrie 198 XIII. - Sante. - Medecins.- Hospices 109 XIV. - Ecrivains. - Savants.-Avocats. -Juges. . 123 XV. - Ateliers de femmes. -Romans. - Mariage.. 135 XVI. - Dinaise- ne veut pas se marier. - Discspoir de Valmor 143 XVII,XVIII E T XIX. -Agriculture.-Commerce. 145, 153et 162 XX. -- Religion 165 XXI. - Guertson de Valmor. - Anxiete de Milord.. . 175 XXII. - Representation nationale 176 XXIII. - Pairie icarienne. - Representation provin-cialc. - Pantheon 189 XXIV. .- Assemblees populaires 192 XXV. - Journaux 197 XXVI. - Executoire 198 XXVII. - Mariage. - Ral. - Danse 202 XXVIII. - Promenade a cheval 206 XXIX. - Milord aime Dinaise. - Histoire dc Lixdox etCloramide;- d'Icar. . . ." 207 XXX. - Theatres . 219 XXXI. - Drame historique. - Conspiration des Pou-dres. - Jugement ct condamnation dun innocent 22G XXXII. - Jalousie et Fo,lie. - Raison et Devourment.. . 2H XXXIII. - Prelude aux fetes de l'anniversaire. - Nais-sance scolaire, ouvriere, civique 251 XXXIV. - Anniversaire de la Revolution 254 XXXV. - Fetes, jeux, plaisirs, luxe W XXXVI. - Colonies 273 VIII SOMMAIRE. C H A P I T R E S XXXVII - Religion (suite du Chap. X X ) 275 XXXVIII. - France et Angleterre.. , 288 XXXIX. - Mariage dc Milord decide 292 XL. - Des Femmes 295 XLI. - Relations etrangeres. - Projet d'association. 299 XLII. - Premiere deliberation sur ce projet. - Cours d histoire d'lcarie 302 DEUXIEME PARTIE. ETABT.ISSEMENT DE I.A COMMUNAUTE. - REGIME TRANSITOIRE. f DISCUSSION.- OBJECTIONS- REFUTATION DES OBJECTIONS. - HISTOIRE. - OPINIONS DES PHILOSOPHES. 1. - Histoire d'lcarie 305 II. - Vices de l'ancienne organisation sociale.... 308 III. - Vices de l'ancienne organisation politique.. . 322 IV. - Revolution de 1782. - Etablissement de la Communaute 336 V. - Elections; Constitution; Jugement; Guerre etPaix 318 VI. - Regime transitoire 357 VII. - Objections contre 1'Egalite et la Communaute. 371 C VIII. - Reponse 383 IX ct X. - Tableau historique des progres de la Demo­cratic ct de 1'Egalite 407 et 435 XI. - Progres de l'industrie 404 XII et XIII - Opinions des Philosophes sur 1'Egalite et la Communauie 470 et 499 XIV. - Avenir de l'Humanite 528 XV. - Deuxieme discussion entre les etrangers, et resolution de travailler a preparer la Com­munaute 533 XVI. - Croisade icarienne pour etablir la Commu­naute 541 XVII. - Bonheur de Milord 544 XVIII. - Mariage; Noces ib. XIX. - Catastrophe S15 . TROISIEME PARTIE. RESUME DE LA DOCTRINE OU DES PRINCIPES DE I.A COMMUNAUTf CHAPIT-VK UNIQUE. - Explications de l'Auteur. - Doctrine Com-munitaire 547 FIN D U SOMMAIRE. VOYAGE EN ICARIE. PREMIERE PARTIE. VOYAGE. - REGIT. - DESCRIPTION. CHAPITRE PREMIER. But du voyage. - Depart. Le lectcur me pardonncra, j'espere, si je crois devoir lui donner d'abord deux mots d'explication sur les circonstances qui m'ame-nent a publier le recit d'un voyage fait par un autre. J'avais connu lord W. Carisdall a Paris, chezle general Lafayette; et Ton comprendrait le plaisir que je dus eprouverenle retrouvant a Londres en 1834, si je pouvais, sans blesser sa modestie, parler des qualities de son esprit et de son coeur. Je pourrais dire, sans le contrarier, qu'il est un des plus riches seigneurs des trois royau-mes et l'un des plus beaux hommes que j'aie vus, avec la physio-nomie la plus agreable que je connaisse, parce qu'il ne tire aucune gloire de ces faveurs du hasard; mais je ne parlerai pas de 1'eterv-due de ses connaissances, ni de la noblesse de son caractere, ni de l'amabilite de ses manieres; je dirai seulement que, prive de se» pere et mere des son enfance, il avait passe toute sa jeunesse a voyager, et que sa passion etait l'etude, non de choses frivoles,„ mais de toutes celles qui peuvent interesser l'Humanite. II repetait souvent, avec douleur, qu'il avait trouve l'homne malheureux partout sur la Terre, m 6 m e dans les lieux ou la Nature semble avoir tout reuni pour sa felicite; il se plaignait des vices. de l'organisation sociale en Angleterre comme ailleurs; et cepenr 2 BUT D U V O Y A G E. dant il croyait qu'une Monarchie aristocralique, comme celle de pays, etait encore la forme de Gouvernement et de Societe la plus convenable a l'Espece humaine. Un jour qu'il vint m'annonccr son projet de mariage avec miss Henriet, l'une des plus riches et des plus belles heritieres d'An­gleterre ; il apercut sur m a table un volume dont la reliure etait aussi singuliere que belle, et dont m'avait fait present un voyagcur recemment arrive d'lcarie. - Quel est cet ouvrage? dit-il en le prcnant pour l'examiner. Quel beau papier! quelle magnifique impression 1 Quoi, c'est une grammaire I - Oui, une grammaire et un dictionnaire, lui repon-dis- je ; et rejouissez-vous! Vous vous plaignez souvent de robstacle qu'apportent au progres des lumieres la multiplicite et l'imperfec-tion des langues: eh bien, voici une langue parfaitement rationnclle, reguliere et simple, qui s'ecrit c o m m e elle se parle, et se prononce comme elle s'ecrit; dont les regies sont en tres-petit nombre, et sans aucune exception ; dont tous les mots, regulierement compo­ses d'un petit nombre de racines seulement, ont une signification parfaitement definie, dont la grammaire et le dictionnaire sont tellement simples qu'ils sont contenus dans ce mince volume, et dont l'etude est si facile qu'un h o m m e quelconque peut l'appren-dre en quatre ou cinq mois. -Vraiment! ce serait done enfin m a langue universelle si desiree! - Oui, je n'en doule pas, chaque Peuple l'adoptera tot ou tard, en rcmplacement de la sienne ou conjointement avec celle-ci, et cette langue d'lcarie sera quelque jour la langue de toute la Terre. - Mais quel est done ce pays, VIcarie? Je n'en ai jamais out parler. - J e le crois bien : c'est un pays inconnu jusqu'a present*, ct qui vient d'etre decouvert tout recemment; c'est une espece de Nouveau Monde. - Etque vous en a dit votre ami? - H o ! m o n ami n'en parle que comme un h o m m e que l'enthousiasme a rendu fou. S'il fallait Ten croire, ce serait un pays aussi peuple que la France et l'An­gleterre ensemble, quoiqu'a peine aussi grand que l'une d'elles. A l'entcndre, c'est un pays de merveilles et de prodiges : les routes, lesfleuves, lescanaux, y sontmagnifiques, les campagnes ravissan-tes, les jardins enchantcurs, les habitations delicieuses, les villages charmants et les villes superbes, avec des monuments qui rappel-lent ceux de R o m e et d'Athenes, d'Egypte et de Babylone, de ITnde et de la Chine. A l'en croire, son industrie surpasse celle de l'Angleterre, et ses arts sont superieurs a ceux de la France ; nulle DEPART. 9 part on ne voit autant d'immenses machines; on y voyage en bal Ion; ct les f6tcs aeriennes qui s'y donnent effacent la magnificence des fetes terrestres les plus brillantes. Arbres, fruits, fleurs, ani­maux de toute espece, tout y est admirable; les enfants y sont tous charmants, les hommes vigoureux et beaux, les femmes en-chanteresses et divines. Suivant lui, toutes les institutions sociales et politiques y sont marquees au coin de la raison, de la justice et de la sagesse. Les crimes y sont inconnus : tout le monde y vit dans la paix, les plaisirs, la joie et le bonheur. En un mot, l'lcane est veritablement une seconde Terre promise, un Eden, un Ely see, un nouveau Paradis terrestre... - Ou bien votre ami est un veritable visionnaire, reprit milord. - C'est possible, et j'enai peur: cependant il a la reputation d'un philosophe et d'un sage. D'ailleurs, cette grammaire, cette perfection dans la reliure, le papier et l'impression, cette langue icarienne surtout, ne sont-elles pas un premier prodigequi peut en annoncer d'autres ? - C'est vrai!... cette langue m e confond et m e transporte. Pou-vez- vous m e confier la grammaire pour quelques jours? - Cer-tainement, vous pouvez l'emporter. Et il m e quitta d'un air aussi reveur qu'empresse. J'allai le voir quelques jours apres. - He bien! m e dit-il en m e voyant, etes-vous du voyage ? Moi je pars! - Et oil allez-vous ? - Quoi, vous ne devinez pas ? En Icarie.-En Icarie ! Vous riez 1 - Non vraiment! Quatre mois pour aller, quatre pour par-courir le pays, quatre pour revenir, et dans un an je viens vous raconter ce que j'ai vu... - Mais votre mariage?... - Elle n'a pasquinze ans, et moi j'en ai a peine vingt-deux; elle n'a pas encore fait son entree dans le monde, et moi je n'ai pas termine m o n instruction; nous ne nous sommes jamais vus ; ['absence ct ce portrait que j'emporte, m e feront desirer davantage l'original... Et puis, je grille d'envie de visiter Icarie... Vous vous moquerez de moi... mais j'en ai la fievre!... Je veux voir une So­ciete parfaite, un Peuple completement heureux... Et dans un an je reviens epouser. - Je suis bien f&che que mon ami soit reparti pour la France 1 Mais je lui ecrirai pour lui demander les details de son voyage, afin qu'ils puissent vous guider dans le votre. - Pas du tout 1 c'est inutile; je vous remercie : je ne veux plus rien en apprendre; je voudrais m e m e oublier tout ce que vous mavez dit; je veux avoir tout le plaisir de la surprise. M o n passe- 4 ARRIVEE EN ICARIE. port, 2 ou 3,000 guinees dans m a bourse, m o n fidele John, et votre grammaire icarienne que je vous vole, voila tout ce qu'il m e faut. Sachant deja sept autres langues, je ne suis pas embarrasse pour apprendre celle-ci pendant la route. - Et si j'entends quelqu'un vous traiter d'original, d'excentrique, de... - De fou, n'est-ce pas ? - Oui de fou 1 - He bien I vous ferez chorus si vous voulez. Je m'en rirai, si j'ai le plaisir de rencontrer un Peuple c o m m e je voudrais voir le Genre humain. - Vous ecrirez un journal de votre voyage ? - Certainement oui 1 II etait de retour en juin dernier (1837), plus enthousiasme d'l­carie que mon ami qu'il appclait visionnaire, mais malade, devore" de chagrins, le coeur brise, presque mourant. Je trouvai son journal (car il avait tenu parole) si interessant, et ses aventures si touchantes, que je le pressai de le publier. II y consentit: mais trop souffrant pour pouvoir s'en occuper lui-meme, il m'abandonna son manuscrit, en m e laissant maltre d'y faire toutes les suppressions que je jugerais convenables, et en m e priant m e m e de corriger les negligences de style que la preci­pitation avait multipliees. J'ai cru pouvoir supprimer, en effet

    Le vrai christianisme suivant Jesus-Christ,

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    La justice d'avril : lettre à M. Guizot /

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    Bound with: Arrêt de la Cour des pairs -- Arrestation de Madame -- Procès du Réformateur -- Procès intenté par M. Bastid, maire de St-Cernin, partie civile -- Discours de Beaune, accusé de Lyon -- Discours de Lagrange, accusé de Lyon -- Complot de Neuilly -- Mot sur la nécessité et les moyens d'organiser fortement la presse gouvernementale -- Procès du journal le Siècle.Mode of access: Internet

    XI. Anhang

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