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« Danses macabres » : Une technologie culturelle du massacre des Tutsi au Rwanda
Au cĆur de lâimportant rĂ©pertoire chorĂ©graphique du Rwanda rĂ©publicain, les danses dites imihamirizo composent une technologie guerriĂšre qui marque les corps de « lâanimation politique » du pays. La souillure et lâirrĂ©gularitĂ© constituent les principaux Ă©lĂ©ments adverses contre lesquels combat le groupe. Dans le cadre de la sĂ©dimentation dâune hexis guerriĂšre purificatrice, lâennemi est rigoureusement identifiĂ© Ă la chair tutsi, prĂ©tendument responsable de lâinfection des organes hutu. Du combat des danseurs Ă lâaction de couper les inyenzi (serpents), danses guerriĂšres et techniques des pogroms fabriquent une technologie culturelle du massacre des Tutsi au Rwanda.At the center of the large choreographic repertoire of Republican Rwanda, the so-called imihamirizo dances constitute a technology of war that marks the bodies of the âpolitical animationâ of the country. The group of dancers mainly fights two major opposing components: filth and irregularity. Within the frame of the sedimentation of a purifying war hexis, the enemy is closely identified with the Tutsi flesh, which is allegedly responsible for the infection of Hutu organs. From the dancersâ fights to the slicing of inyenzi (snakes), war dances and pogrom techniques build a cultural technology of Tutsi slaughter in Rwanda
« Danses macabres » : Une technologie culturelle du massacre des Tutsi au Rwanda
Au cĆur de lâimportant rĂ©pertoire chorĂ©graphique du Rwanda rĂ©publicain, les danses dites imihamirizo composent une technologie guerriĂšre qui marque les corps de « lâanimation politique » du pays. La souillure et lâirrĂ©gularitĂ© constituent les principaux Ă©lĂ©ments adverses contre lesquels combat le groupe. Dans le cadre de la sĂ©dimentation dâune hexis guerriĂšre purificatrice, lâennemi est rigoureusement identifiĂ© Ă la chair tutsi, prĂ©tendument responsable de lâinfection des organes hutu. Du combat des danseurs Ă lâaction de couper les inyenzi (serpents), danses guerriĂšres et techniques des pogroms fabriquent une technologie culturelle du massacre des Tutsi au Rwanda.At the center of the large choreographic repertoire of Republican Rwanda, the so-called imihamirizo dances constitute a technology of war that marks the bodies of the âpolitical animationâ of the country. The group of dancers mainly fights two major opposing components: filth and irregularity. Within the frame of the sedimentation of a purifying war hexis, the enemy is closely identified with the Tutsi flesh, which is allegedly responsible for the infection of Hutu organs. From the dancersâ fights to the slicing of inyenzi (snakes), war dances and pogrom techniques build a cultural technology of Tutsi slaughter in Rwanda
Du combat
« Sport is war minus fighting », disait Georges Orwell. Il proposait en ces termes de situer lâactivitĂ© ludo-sportive dans le registre pratique dâun simulacre guerrier. Si lâon demeure dans le champ du simulacre (ou de la reprĂ©sentation sociale et symbolique), il sera difficile dâapprĂ©hender le passage du jeu au combat que nous cherchons Ă explorer. Ce transfert appartient Ă lâunivers de lâagĂŽn. Dans leur dimension agonistique, les jeux peuvent ĂȘtre apprĂ©hendĂ©s sous lâangle de leur hybridation avec les technologies du combat le plus concret. Dans plusieurs pays africains, lâanalyse de ces pratiques rĂ©vĂšle que le processus peut sâenvisager dâune part, sous les trajectoires ludo-motrices « ordinaires » des « professionnels de la guerre » et dâautre part, sous lâangle de la compĂ©tition entre combattants dâune mĂȘme armĂ©e
Ethnographies politiques de la violence
La dĂ©finition de la violence politique a donnĂ© lieu Ă des dĂ©bats dans les sciences politiques comme en anthropologie. Elle recouvre un vaste spectre de situations qui peuvent se superposer dans les faits, et dont la qualification â divergeant au grĂ© des acteurs et des mĂ©moires â est elle-mĂȘme un enjeu politique. En explorant terrains proches et lointains, systĂšmes politiques dictatoriaux ou dĂ©mocratiques, les ethnographies prĂ©sentĂ©es dans ce numĂ©ro analysent la complexitĂ© des rĂ©gimes de pouvoir au-delĂ ou en-deçà des catĂ©gories instituĂ©es de la science politique. Ce numĂ©ro souhaite ainsi enrichir la question des usages, des effets et des rĂ©alitĂ©s vĂ©cues de la violence, dans une analyse empiriquement fondĂ©e des rapports entre pouvoir et rĂ©sistance, obĂ©issance et consentement, mais aussi transformation des subjectivitĂ©s politiques. The definition of political violence has been the subject of much debate, notably in the disciplines of political science and anthropology. It covers a vast spectrum of situations in which it may superimpose itself upon facts and for which the qualification, diverging at the mercy of actors and of memories, is itself political. In exploring lands near and far as well as both authoritarian and democratic political systems, the ethnographies presented in this issue analyze the complexity of power regimes beyond and parallel to categories established in political science. This issue aspires to enrich debates on the uses, effects and lived realities of violence by engaging an empirically based analysis of relations between power and resistance, obedience and consent, while equally taking into consideration the transformation of political subjectivities
Le corps instrument
Qu'est-ce que peut un corps ? demande Spinoza, et il rĂ©pond : Personne n'en sait rien ! Câest-Ă -dire quâon nâa pas fini de sâen Ă©tonner. Chaque jour nous voyons des corps accomplir des actions dâune infinie complexitĂ©, quâil sâagisse dâadresse sportive ou de gestes crĂ©ateurs. Pour que cela soit possible le corps ne peut pas ĂȘtre le simple instrument de lâesprit, lâun et lâautre sont une seule et mĂȘme harmonique : quand lâanthropologue Marcel Mauss sâempare de cette conception moderne de lâĂȘtre vivant, il la nomme « techniques du corps » et franchit un pas dĂ©cisif. Non seulement marcher ou faire lâamour sont des actions efficaces, mais il y a autant de façons de sây prendre quâil y a de cultures â et pas seulement humaines. Dans ces multiples maniĂšres dâĂȘtre au monde lâĂ©quipement nâest pas en reste car lâoutil, dĂ©fini comme prolongement de la main par le prĂ©historien AndrĂ© Leroi-Gourhan, est capable de transformer notre corps mĂȘme en outil second. Nâavons-nous pas la sensation de « faire corps » avec notre voiture lorsque nous conduisons ? Ne devenons-nous pas sur la chaĂźne de montage lâinstrument efficace des robots mĂ©caniques ? Les essais de ce livre explorent ces conquĂȘtes et limites du corps sur lui-mĂȘme et sur la matiĂšre en sâattachant aux dimensions cachĂ©es que sont la sensorialitĂ©, le rituel, lâapprentissage, les Ă©motions, lâentretien, et les mĂ©thodes pour parvenir Ă comprendre lâintelligence physique