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    Dialectiser le sexe. Réélaborations matérialistes et psychanalytiques dans les approches de genre

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    International audienceStarting from a reading of Shulamith Firestone’s ground-breaking book, The Dialectic of Sex, the article questions the dialectical approach used in certain gender theories which reevaluate both psychoanalysis and Engels and Marx’s materialism. The very notion of the dialectical – which can have different meanings – enables us to address the sexual question by way of the socio-historical production of gender-oriented discourses and practices, in articulation with the psychosexual basis of this production. The dialectical approach, the thrust of which is critical and revolutionary, must however undergo a conceptual rephrasing of their psychoanalytical and Marxist formulation, in particular regarding the relations between biology, class and sex, with a view to deciphering the gendered bias latent in their unconscious and ideological conceptualization. The inherited theoretical framework, proper to Marxism and to psychoanalysis, is thus tested in the confrontation with the historical specificity of the articulation between the social relations of sex, class, and race, thus leading to the elaboration of a materialistic approach to psychoanalysis.« Nous essaierons de relier le meilleur de Engels et Marx (l’approche matérialiste historique) avec le meilleur de Freud (la compréhension de l’intériorité masculine et féminine, et ce qui les modèle) pour arriver à une solution à la fois politique et personnelle, fondée sur les conditions réelles d’existence ». C’est par ces mots que Shulamith Firestone entame The Dialectic of Sex, publié en 1973 , relecture des écrits et des notions les plus emblématiques de Engels et Marx sur le matérialisme historique, et de Freud sur la question sexuelle : à savoir, entre autres, l’institution du mariage, de la famille, le fétichisme, la conscience de classe, le tabou de l’inceste, le complexe de castration. L’ouvrage a en effet pour objet de mettre en avant la matrice psychosexuelle qui œuvre au sein des sociétés patriarcales, en l’occurrence ici la société américaine de la deuxième moitié du xx e siècle, en éclairant les conditions politiques et historiques qui produisent cette matrice et la réinvestissent régulièrement à travers des discours et des pratiques (matrimoniales, reproductives, éducatives, etc.).2 Mon objet sera d’essayer de comprendre ce que peut vouloir dire une dialectique du ou des sexe(s) dans une théorie qui voudrait allier à la fois certains acquis du matérialisme historique et de la conceptualité psychanalytique. Au-delà de l’attention critique au texte de Firestone, je propose une hypothèse de lecture de ces approches de genre chez des féministes telles que Simone de Beauvoir, Judith Butler, ou encore Kevin Floyd, en considérant qu’ils offrent chacun à leur manière, bien que leurs approches soient distinctes et parfois antithétiques, une dialectisation du sexe ; l’objet de cet article étant de préciser ce qu’une telle méthode signifie et ce à quoi elle aboutit, à savoir un renouvellement du matérialisme dans les études féministes et une interrogation approfondie de ce qui peut constituer l’inconscient des rapports sociaux de sexe

    De Gramsci à Fanon, un marxisme décentré

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    International audienceThrough its joint reading of Fanon and Gramsci, the article seeks to underline the affinities between these two authors, both heirs to and heretics within the Marxist tradition. The “decentred Marxism” of the two authors is highlighted. From the critique of coloniality to the implementation of a theory of action attentive to the revolutionary power of which the subaltern populations are the bearers, from the exposure of the “racisation” and “subalternisation” of the peasant and proletarian masses of pre-war Italy to the establishment of a “dividing line of colours” in the French colonial system, the two strategists and theorists relentlessly address the task of articulating the various modes of domination (class, race, sex) as components of the same process. Emphasising the necessity of ensuring that critical theory is a counter-hegemonic theory, the article reads as a call to rethink historical materialism and revolutionary praxis by demanding of the theorist that she or he should reconnect with the people, becoming more attentive to the originality of the modes of expression of popular revolts.La comparaison entre les deux théoriciens aura donc pour objet de montrer dans quelle mesure ils ont contribué à opérer des déplacements épistémologiques qui continuent d’avoir une vigueur théorique au-delà de la conjoncture dans laquelle ils les ont pensés. Si des pistes ont déjà été frayées par les études postcoloniales, qui font de Gramsci et de Fanon deux de leurs auteurs clés, leurs affinités théoriques n’ont pas encore fait l’objet d’une étude spécifique. Ces affinités nous semblent d’une double nature. D’une part, Gramsci et Fanon ont été les premiers auteurs à montrer comment la solidarité savoir-pouvoir peut œuvrer comme principe d’exclusion et de différenciation au cœur même du social. D’autre part, par des analyses qui prêtent une attention particulière à ce qui était trop souvent relégué à la simple « superstructure », Gramsci et Fanon ont contribué à produire un marxisme décentré : décentré, quant à l’intérêt qu’il porte à ce qui est souvent dénigré par d’autres marxistes, comme étant soit superficiel, soit anecdotique ; décentré également, dans la mesure où il conduit à traduire le marxisme en un langage adapté à la réalité sociale contemporaine. Ce décentrement s’opère selon deux modalités fortes. La première est celle de la critique de la colonialité, laquelle devient le paradigme analytique de la domination ; la deuxième est celle de la redéfinition d’une théorie de l’action qui soit attentive au potentiel révolutionnaire des modes d’existence et d’expression subalternes

    L'emprise du corps

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    International audienceLa phénoménologie de Merleau-Ponty s’est intéressée au corps propre, à la fois moi et mien, fragile ouverture sur le monde en même temps que prise sur le monde. Fanon reprend à son compte cette double dimension en intégrant à ses réflexions sur le racisme les analyses merleau-pontiennes du schéma corporel, de la couleur-étalon. Celles-ci lui permettent de comprendre en quoi peut consister pour les personnes racisées une privation de l’être au monde, suscitée par l’invisibilité ou à l’inverse l’hypervisibilité sociale. Le philosophe martiniquais loin de ne faire que des emprunts déplace ainsi les propositions phénoménologiques pour les enrichir en retour de ses propres réflexions sur la spécificité sociale et politique que revêt la couleur de peau
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