265 research outputs found
Compte rendu de l'ouvrage de A.G. Frank "ReORIENT : Global Economy in the Asian Age"
Compte rendu de l'ouvrage de A. G. Frank, "ReORIENT: Global Economy in the Asian Age", University of Berkeley University Press, 1998
Lectures - Shi’i Scholars of Nineteenth Century Iraq. The « Ulama » of Najaf and Karbala
Alors que la succession des plus hautes autorités politico-religieuses et le contrôle de l’institution cléricale constituent l’un des grands enjeux de la lutte factionnelle en Iran, cette étude érudite des deux grandes villes saintes du chiisme, Najaf et Kerbela, au XIXe siècle, vient à point nommé (...)
Les chemins de traverse de l’hégémonie coloniale en Afrique de l’Ouest francophone : anciens esclaves, anciens combattants, nouveaux musulmans
Le vendredi 19 mai 2006, la 32° Conférence de la French Colonial Historical Society,
qui s’était réunie à Dakar, consacrait son vingt-sixième panel à un « hommage aux Tirailleurs
sénégalais », en présence d’une petite délégation d’anciens combattants. Après plusieurs
communications, la projection du film documentaire d’Armelle Mabon, Oubliés et trahis : les
prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains, et des interventions assez vives au cours
desquelles fut notamment évoquée la mémoire des victimes de la répression sanglante de la
mutinerie de combattants démobilisés, au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944, une prise
d’armes, empreinte d’émotion, rendit hommage aux morts du champ d’honneur dans
l’enceinte même du grand auditorium de l’UCAD II (...)
Turquie : un nationalisme est-européen et postimpérial
La problématique nationaliste s’est imposée en Turquie, comme dans le reste de la
Méditerranée orientale, sur les ruines de deux empires successifs : l’Empire byzantin et
l’Empire ottoman qui tous deux se sont vus en successeurs de l’Empire romain d’Orient (...)
La nouvelle confiance en soi de la Turquie
La Turquie est-elle en passe de surmonter son vieux complexe obsidional – ce que l’on appelle le « syndrome de Sèvres », par référence au traité avorté de 1920 qui prévoyait son démantèlement final et que rejeta Mustapha Kemal pour reprendre les négociations en position de force, après sa victoire militaire sur la Grèce – et sa sensibilité tiers mondiste d’écorchée vive, de mal aimée de l’Europe ? Le style personnel, à la fois ferme, visionnaire et bonhomme, d’Ahmet Davutoğlu, le nouveau ministre des Affaires étrangères du gouvernement Tayyip Erdoğan, le donne à penser. Mais cette confiance en soi inédite de la Turquie repose sur d’autres fondements que la seule compétence d’un homme, fût-il brillant (...)
L’Afrique dans le monde : une histoire d’extraversion
L'Afrique sub-saharienne est souvent présentée comme étant à la marge du système international. Pourtant, le continent y est intégré depuis longtemps déjà . Les acteurs politiques africains ont mis en place des stratégies d'extraversion leur permettant de gérer, voire de construire, les relations de dépendance de leurs propres sociétés. Entre l'Afrique, l'Europe et les Amériques, donc, il y a interaction et non pas simplement domination et exploitation. La traite des esclaves, la colonisation, l'accès à l'indépendance et la position diplomatique des nouveaux Etats pendant la guerre froide s'inscrivent dans ce modèle. Aujourd'hui, les processus en trompe-l'œil de l'ajustement structurel et de la transition démocratique ainsi que l'extension de la guerre reproduisent ces économies politique et morale de l'extraversion. Sans doute, cette dernière souffre d'un déficit de légitimité mais cela procède de l'historicité des sociétés africaines et non d'un hiatus entre ces sociétés et l'Etat. Six formalités d'action - la coercition, la ruse, la fuite, l'intermédiation, l'appropriation, le rejet - permettent de mieux comprendre comment les Africains sont les sujets de leurs situations de dépendance.[Africa in the World: A Tale of Extraversion] - Sub-saharan Africa is stereotypically presented as being marginalized from the international system. However, the continent has been integrated into the latter for quite some time. African political actors have constructed strategies for extraversion that allow them to manage and even construct the dependent relations of their respective societies. Between Africa and Europe or the Americas, then, there is interaction and not simply domination and exploitation. The slave trade, colonization, access to independence, and the diplomatic positioning of the new states during the Cold War all correspond to this model. Today, the trompe-l’oeil processes of structural adjustment and democratic transition, as well as the extension of war reproduce these political and moral economies of extraversion. Doubtless, the latter suffers from a deficit in legitimacy, but this extends from the historicity of African societies and not from the non-correspondance between these societies and the state. Six modalities of action - coercion, ruse, flight, intermediation, appropriation, rejection - allow us to better understand how Africans are the subjects of their dependent situations
Comparer en France. Petit essai d’autobiographie disciplinaire
La réforme de la Recherche et de l’Université en France peut avoir des conséquences fâcheuses sur la sociologie historique comparée du politique qui s’y est développée depuis les années 1970. La relecture des principaux fondements théoriques permet de rappeler les objectifs de l’exercice comparatif : partager, voire forger un vocabulaire, en excluant que ce dernier puisse identifier un dénominateur commun ou conduire à une explication causale. Mettre en regard non des entités, mais des pratiques, des processus et des moments historiques par définition contingents et incertains. Mutualiser des interrogations sans en attendre des réponses unitaires. Les translater de l’analyse d’une société à celle d’une autre. Montrer que les continuités sont par définition des discontinuités. Reprendre à nouveaux frais la question de l’« historicité propre » des sociétés, dont le rapport à l’Ailleurs et à l’Autre est un élément constitutif et qui est indissociable de leur extraversion fondamentale. Ne pas déduire de cette « historicité propre » des sociétés que les « trajectoires du politique » sont des parallèles destinées à ne pas se rejoindre, et refuser de substituer à la vieille idée de l’incommensurabilité des « cultures » ou des « civilisations » le nouveau préjugé de l’incommensurabilité de ces trajectoires historiques. Rappeler en conséquence que la comparaison ne peut pas être à sens unique et que l’historicité des sociétés européennes gagne à être mesurée à l’aune des sociétés africaines ou asiatiques autant que l’inverse. En bref, il s’agit de comparer pour singulariser, et de singulariser pour universaliser.Comparative Politics in France. A tentative Academic Autobiography -
The undergoing government-led reforms of the Higher Education and Research system in France may negatively affect those fields of historical sociology and comparative politics that have developed since the early 1970s, and are nowadays gaining grounds within the wider international scientific community. A fresh reading of the masterworks that provided its theoretical cornerstones (those of Weber, Gramsci, Foucault, Deleuze, Bourdieu and historians like Michel de Certeau and Paul Veyne) reminds us of the main ambitions of the whole comparative exercise: crafting and sharing an analytical glossary, rooted in the confrontation of various research experiences without expecting it to become either a common denominator or the first step towards any linear causal explanation. To put it another way, its strategic goals could be listed as follows: instead of entities, comparing practices, processes, and therefore historical periods that by definition are contingent, ambivalent, and fragmentary. Gathering and sharing common questions without expecting common answers. Conveying those questions raised from the analysis of one peculiar society to the study of another one. Demonstrating that continuities, that lie at the roots of the historical and political sociology's approach of things political, are actually discontinuities. Reassessing in a creative manner the issue of the “autonomous historicity” of both European and non-Western societies, by recalling to mind the fact that their relationship to the Other and to the Elsewhere is one of its key constituents, and hence that it cannot be dissociated from their fundamental “extraversion”. Acknowledging that this “autonomous historicity” argument does not lead to assuming that the various trajectories of those political societies are parallel and never merge. In the same way, this acknowledgement should not mean the revival of the old idea of the incommensurability of “cultures” or “civilisations”. This latter point should therefore remind us that comparison should not be only a one way process, and that European societies' historicity should also be assessed by comparing it with African and Asian societies as much as the opposite. To put it in a nutshell, the whole exercise is to make comparisons to mark out, and to mark out to universalize. By doing so, we can deepen our understanding both of how democracy was transplanted in non-Western societies and of the paradoxes of this process on a “long duration” scale
Que peut gagner l’Iran ?
La République islamique d’Iran a pu trouver quelque avantage dans les événements dramatiques du 11 septembre et dans leurs conséquences immédiates. Elle y a tout d’abord gagné en respectabilité. L’Iran a été l’un des rares pays musulmans dont l’opinion a manifesté une émotion sincère à l’endroit des États-Unis et – hormis les philippiques du Guide de la Révolution – la classe politique n’a pas été en reste : rapporté par un témoin, « le regard plein de compassion du ministre iranien vers la délégation américaine », lors de la réunion du groupe « 6 + 2 » aux Nations unies, le 12 novembre, quand a été annoncé l’accident aérien de Queens,
n’a sans doute pas été que de pure convenance (...)
L’historicité de l’Etat importé
L'Etat en Afrique et en Asie est volontiers considéré comme un "pur produit d'importation", selon l'expression désormais classique de Bertrand Badie et Pierre Birnbaum. Mais plutôt que de nous en tenir au constat d'une "universalisation manquée", il convient de nous interroger sur la formation de l'Etat en tant que processus historique conflictuel, involontaire, largement inconscient et de ce fait souvent paradoxal. En effet la thèse de son extranéité radicale ne résiste pas aux acquis les plus récents de l'histoire et de l'anthropologie. Les institutions d'origine européenne disposent d'une base sociale propre et ont fait l'objet d'une appropriation culturelle. Elles doivent être comprises à la lumière de la "longue durée" chère à Braudel, moyennant certaines précautions méthodologiques. L'on peut envisager trois manières de restituer les trajectoires historiques de l'Etat en Afrique et en Asie : en tant que continuités civilisationelles, scénarios de l'inégalité sociale ou configurations culturelles du politique. Mais si la compréhension de l'historicité culturelle conditionne celle de l'historicité politique, elle ne peut pour autant consister en un retour à l'explication culturaliste, n'en déplaise aux faiseurs de modes intellectuelles. Le concept foucaldien de "gouvernementalité" offre une problématique comparative autrement plus fructueuse qui met la formation de l'Etat en relation avec le processus de subjectivation et la dimension de l'imaginaire politique, saisis dans leur rapport à la matérialité.The state in Africa and in Asia is often conceived of as a "purely imported product" to use the accepted expression of Bertrand Badie and Pierre Birnbaum. However rather than limit ourselves to accounts of some kind of "failed universalisation", questions should rather be raised concerning state creation as a historical process, one which is conflictual, unintentional, generally unconscious and, as a result, often paradoxical. Indeed the argument that the state is fundamentally extraneous cannot be maintained in the light of recent historical and anthropological research. From this research it would seem that institutions of European origin have acquired their own social roots and have become culturally appropriated. They thus must be examined within the "long term" time framework suggested by Braudel, on condition that certain methodological precautions are taken into account.Three ways can be envisaged for reconstituting the historical trajectories of the state in Africa and Asia: as a continuous civilisational process, as expressions of social inequality or cultural configurations of politics. However while an understanding of cultural historicity is a precondition for understanding political historicity it should not, with all due respect to intellectual trendmakers, lead to culturalist explanations. Foucault's concept of gouvernementalité provides a more promising problematic, one which places the creation of the state in relationship to the process of ascribing it with a subjective quality as well as the imaginary dimension of politics. Both of these have to be grasped within their connection to the material
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