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Le moment révolutionnaire tunisien en question : vers l'oubli du mouvement social ?
AprĂšs quelques semaines dâune prĂ©sence exceptionnelle de lâactualitĂ© politique tunisienne dans la presse nationale, les Français nâentendent plus parler de Tunisie mais seulement de Tunisiens, arrivant en masse Ă Lampedusa, des bagarres franco-italiennes sur les visas temporaires que le gouvernement Berlusconi leur a accordĂ©s et in fine de la rĂ©vision des accords de Schengen. De maniĂšre indirecte, ce traitement de la question renvoie Ă lâimage dâun gouvernement tout Ă la fois impuissant et manipulateur et dâune police en dĂ©liquescence. Pourtant, cette reprĂ©sentation simple et repoussoir dâune rĂ©volution crĂ©ant dĂ©sordre, confusion et embarras cache une situation extrĂȘmement complexe et intĂ©ressante, qui pose des questions sur lâĂ©conomie politique et morale dâun mouvement social puissant et qui, au-delĂ du seul cas tunisien, interroge les sociĂ©tĂ©s et leurs dirigeants sur leur capacitĂ© Ă apprĂ©hender de façon concrĂšte les questions dâintĂ©gration Ă©conomique et sociale, de justice et dâĂ©galitĂ© (...
Tunisie : le coĂ»t dâun « miracle »
Qui croire ? Les bailleurs de fonds, qui voient dans la Tunisie le « bon Ă©lĂšve » du Maghreb, voire du monde arabe ? Ou les organisations de dĂ©fense des droits de lâhomme, pour lesquelles câest lâinverse ? On pourrait admettre les deux Ă la fois : dans lâhistoire, les exemples sont lĂ©gion de rĂ©gimes autoritaires qui nâont pas dĂ©mĂ©ritĂ© Ă©conomiquement. Mais une fois cela dit, quâa-t-on appris de la Tunisie dâaujourdâhui ? Quelle est lâĂ©conomie politique de ce rĂ©gime ? (...)
Le Partenariat en réanimation bureaucratique
Le Partenariat euro-mĂ©diterranĂ©en, dont le texte fondateur est la DĂ©claration de Barcelone (novembre 1995), censĂ© organiser le dialogue et la coopĂ©ration entre l'Union europĂ©enne et les pays de la rive Sud de la MĂ©diterranĂ©e, est en rĂ©alitĂ© un discours magique plus que politique, qui ne vit que par la bureaucratie. Du fait de l'absence de vision partagĂ©e, du dĂ©sintĂ©rĂȘt fondamental des Ătats membres de l'UE pour la question et du caractĂšre hybride du dispositif, ce sont paradoxalement les machines bureaucratiques qui assurent la pĂ©rennitĂ© d'un processus languissant, dĂ©connectĂ© des rĂ©alitĂ©s et, au demeurant, largement critiquĂ©. Il est vrai qu'en retour la prĂ©Ă©minence des logiques bureaucratiques et gestionnaires est certainement Ă l'origine des blocages, de la vacuitĂ© et surtout de la perversion du Partenariat.[The Partnership on bureaucratic life-support] The Euro-Mediterranean Partnership, established by the Barcelona Declaration in November 1995 in order to channel dialogue and cooperation between the European Union and countries of the Southern Mediterranean shore, is actually more of a virtual than a political discourse, sustained only through the bureaucracy. Due to a lack of shared vision, a basic disinterest on the part of the EU member-states for the matter, and the hybrid nature of the arrangement, it is paradoxically the bureaucratic machines that keep alive an ailing process disconnected form reality and, in fact, widely criticized. It is true, in counterpoint, that the preeminence of bureaucratic and administrative rationales is largely responsible for the deadlock this Partnership, a distorted and empty shell, has experienced
Retrait ou redĂ©ploiement de lâĂtat ?
L'expression ambivalente de "privatisation de lâEtat" entend Ă la fois rendre compte dâun phĂ©nomĂšne (la gĂ©nĂ©ralisation des processus de dĂ©lĂ©gation de fonctions rĂ©gulatrices, voire rĂ©galiennes Ă des intermĂ©diaires privĂ©s et la montĂ©e des rĂ©seaux et des marchĂ©s) et proposer une interprĂ©tation de lâĂ©volution de lâEtat dans les pays du Sud : celle de la "dĂ©charge" (selon le terme de Max Weber), qui nâest ni perte de contrĂŽle, ni cannibalisation par le privĂ©, mais redĂ©ploiement de lâEtat sous lâeffet de transformations nationales et internationales. La privatisation ne doit pas ĂȘtre comprise comme une captation de lâEtat par les Ă©lites, mais bien comme une gouvernementalitĂ© Ă part entiĂšre. Elle constitue une modalitĂ© nouvelle de la formation de lâEtat dans les pays du Sud, et non pas son dĂ©litement
Ăconomie politique de la rĂ©pression : le cas de la Tunisie
A la croisĂ©e de deux traditions intellectuelles (lâĂ©conomie politique wĂ©bĂ©rienne et lâanalyse foucaldienne de lâexercice du pouvoir et de la domination), cet article entend suggĂ©rer que les rouages Ă©conomiques fondent aussi les relations de pouvoir qui autorisent la domination, et parfois la rĂ©pression. A partir dâun terrain localisĂ© (la Tunisie) et dâune situation concrĂšte (la mise Ă niveau industrielle), il entend montrer que les mĂ©canismes de contrĂŽle de lâensemble de la population sâancrent dans les relations de pouvoir les plus banales et que ces pratiques peuvent tout aussi bien servir Ă la coercition, voire Ă la rĂ©pression, que permettre au « miracle Ă©conomique » de se rĂ©aliser.At the confluence of two intellectual traditions (Weberian political economy and the Foucauldian analysis of the exercise of power and domination), this article suggests that the cogwheels of the economy also drive the power relations engendering the domination, and sometimes repression, of the people. Based on a case study of a specific country (Tunisia) and situational context (industrial modernization), the article shows that the mechanisms controlling the populace as a whole are anchored in the most commonplace power relations and that these practices may serve as much to coerce, even repress, the citizenry as to pave the way for an economic miracle?
Vers une autre représentation du politique
Quâil sâagisse de la Tunisie, du Maroc, de lâEspagne, de lâItalie ou encore de la Guadeloupe, partout des mouvements sociaux sont apparus. Au-delĂ de la diversitĂ© des modalitĂ©s dâaction et des revendications exprimĂ©es, toutes remettent en cause un ordre et sont, en ce sens, Ă©minemment politiques
El delito econĂłmico y los modos neoliberales de gobierno (Economic Crime and Neoliberal Modes of Government):El ejemplo de la regiĂłn mediterrĂĄnea (The Example of the Mediterranean)
Todo el mundo oyĂł hablar, en diciembre de 2008, del problema de las basuras en NĂĄpoles y en Campania cuando Silvio Berlusconi desplegĂł el ejĂ©rcito para recogerlas y declarĂł la regiĂłn en estado de emergencia. Es sabido que, en Italia, la Camorra reĂșne desechos tĂłxicos al aire libre y que administra botaderos y basureros sin siquiera tener vertederos para tratar las basuras domiciliarias de la regiĂłn. Pero Âżpodemos quedarnos con esta versiĂłn de la historia, que muestra a una mafia malvada frente a un estado impotente? Evidentemente no, porque la crisis de 2008 es solamente uno de los episodios de un cĂrculo vicioso mucho mĂĄs complejo que comenzĂł por lo menos en 1994, con la primera declaraciĂłn de estado de emergencia en la regiĂłn y la instalaciĂłn de un alto comisionado dedicado a ese problema. En el origen del desastre estĂĄ, por una parte, una empresa encargada del tratamiento de basuras y, por otra, la administraciĂłn pĂșblica provista de polĂticas para supervisarla..
Une lecture weÌbeÌrienne de la trajectoire de lâEtat au Maroc
Cet article reconsideÌre les façons de gouverner au Maroc aÌ partir de lâencheveÌtrement de deux figures du politique, la figure nationale et la figure impeÌriale, en les consideÌrant comme des ideÌaltypes aÌ partir desquels analyser la situation contemporaine. A lâencontre dâune perspective dualiste, opposant tradition et moderniteÌ, bureaucratie et makhzen, nous avons pris au seÌrieux ce qui est souvent preÌsenteÌ comme du folklore politique ou des reÌminiscences dâune reÌsistance aÌ un Etat centraliseÌ, en le consideÌrant comme des expressions dâimaginaires mais aussi de pratiques partageÌs. La convocation du registre impeÌrial aÌ coÌteÌ de celui de la nation proceÌde dâune lecture des modes de gouvernement renouveleÌe par lâusage des cateÌgories weÌbeÌriennes, qui met en exergue la diversiteÌ de « traits » theÌoriquement preÌsenteÌs comme contraires, voire incompatibles, mais qui sont, dans la reÌaliteÌ, des expeÌriences empiriques se combinant, sâassemblant, se soutenant parfois, et contribuant aÌ former un large eÌventail de modes de gouvernement. En cherchant aÌ deÌcrire le plus finement possible les formes que prend la performance de lâEtat et les façons de concevoir la responsabiliteÌ, nous avons essayeÌ de montrer que les reÌpertoires de repreÌsentation, de mise en sceÌne, dâaction, de rationaliteÌ, de compreÌhension sont non seulement pluriels, mais quâils peuvent se reÌfeÌrer aÌ un temps extreÌmement long
Le Partenariat euro-maghrébin : un mariage blanc ?
Pour les pays du Maghreb, le Partenariat euro-mĂ©diterranĂ©en serait l'Ă©vĂ©nement de politique extĂ©rieure de la fin des annĂ©es quatre-vingt-dix : pour la premiĂšre fois depuis la crĂ©ation de l'Union europĂ©enne, cette derniĂšre dĂ©finit un projet global d'intĂ©gration vis-Ă -vis de son Sud. Depuis son lancement les 27 et 28 novembre 1995 Ă Barcelone, de trĂšs nombreux travaux ont analysĂ©, d'une part, les ambitions et les logiques conçues par les promoteurs de ce projet rĂ©gional et, d'autre part, les effets escomptĂ©s de cet accord et les conditions de rĂ©ussite de celui-ci1. En revanche, les travaux centrĂ©s sur les prĂ©occupations propres aux pays du Sud sont moins nombreux2 et aucun Ătat de cette rive n'a lancĂ© d'initiative originale susceptible de contrecarrer ou de complĂ©ter la proposition de Barcelone (...)
La macroéconomie par le bas
Comment comprendre le « retour de la croissance » en Afrique et les bonnes notations dont un certain nombre de ses pays bĂ©nĂ©ficient ? Que signifient ces rĂ©cits macroĂ©conomiques sur les « nouveaux Ă©mergents » et le recours Ă des indicateurs pour les gouvernants mais aussi pour la population ? Lâobjectif de ce dossier est dâapporter un Ă©clairage sur ces interrogations en adoptant une analyse sociopolitique « par le bas » des pratiques qui entourent les objets et les politiques macroĂ©conomiques. Les auteurs du numĂ©ro mettent ainsi en exergue lâĂ©mergence de nouveaux acteurs et de nouveaux instruments, de nouvelles façons dâapprĂ©hender la rĂ©alitĂ© ; ils montrent ce faisant comment ces nouvelles techniques bouleversent les relations socio-politiques et les rapports de force au sein des sociĂ©tĂ©s africaines et offrent Ă ces acteurs la possibilitĂ© dâaccĂ©der Ă de nouvelles positions de pouvoir. La macroĂ©conomie nâest pas ici apprĂ©hendĂ©e comme le corpus thĂ©orique des Ă©conomistes. Elle est au contraire considĂ©rĂ©e comme un lieu des luttes sociales et des conflits entre groupes sociaux, un matĂ©riau pour comprendre les logiques de lâĂtat, les mĂ©canismes de pouvoir et les techniques de savoir. AbordĂ©e ainsi « par le bas », la macroĂ©conomie du capitalisme globalisĂ© apparaĂźt alors comme un mode de gouvernement et dâassujettissement
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