5 research outputs found
To heal and rehabilitate wounded soldiers in France : working logic between standards, means and compromises
Cette thèse étudie le travail de soin et de réhabilitation des blessés de guerre, plus largement des blessés militaires, à partir d’un travail d’enquête notamment effectué dans un service de médecine physique et de réadaptation et dans un service de psychiatrie d’un hôpital militaire. La réhabilitation est un processus à la fois médical et social.Médical, le travail engage des équipes de médecins et de professionnels paramédicaux, qui coopèrent avec le blessé pour favoriser les conditions d’une réinsertion. Cela passe par un travail des soignants et des blessés sur le corps et le psychique. Que les blessés soient des militaires n’est pas insignifiant. Par ailleurs, les spécificités du Service de santé des armées ― celles notamment des hôpitaux d’instruction des armées, de leurs personnels, des organismes de reclassement ― influent sur le travail. Le contexte social et culturel de l’armée française favorise le soin, mais peut aussi le complexifier. Les conditions de la réhabilitation et les choix médicaux et sociaux ne sont pas compréhensibles sans la prise en compte du régime de droit social des blessés de guerre et, dans une mesure moindre, des blessés militaires. La durée des congés, les normes de prise en charge des équipements, le niveau des pensions sont spécifiques et plus avantageux. L’action sociale est largement fonction des moyens et de leurs modes d’attribution. Elle infléchit également les processus de travail. De ce fait, le cadre de l’armée joue particulièrement sur les conditions de la réhabilitation, en lien avec le cadre juridique. Au-delà du cure, la question du care se pose pour caractériser les formes du rapport social engagé dans la réhabilitation. Le monde des blessés militaires présente des particularités : globalement, le faible niveau de diplôme des blessés militaires favorise peu la réinsertion dans le civil ; il existe un intérêt économique fort à demeurer dans l’emploi militaire (niveau des salaires, importance des primes), qu’il ne faut pourtant pas surestimer, car les pensions sont d’un niveau élevé. Quand la blessure n’est pas radicalement invalidante, apparaît un problème d’arbitrage entre l’intérêt au maintien dans l’armée et celui de la réforme.Les soignants soulignent une certaine posture des patients vis-à -vis du soin, en lien avec des histoires de vie et des parcours professionnels. Les blessés sont particulièrement coopérants dans la mesure où leur formation militaire, mais aussi la sélection dont ils ont fait l’objet les ont socialisés à cette posture.This thesis investigates the work of care and rehabilitation of the wounded military, from investigative work primarily carried out in a department of physical medicine and rehabilitation and in a service of psychiatry of a military hospital.Rehabilitation is a process that is both medical and social.Medical, the work engages teams of doctors and paramedics, who cooperate with the wounded to promote the conditions of reintegration. This goes through the work of the caregivers and the wounded on the body and the psychic.Furthermore, the specifics of the army health service influence the work.The social and cultural context of the French army promotes care, but can also be more complex. The conditions of rehabilitation and the medical and social choices are not understandable without taking into account the social regime, specific and more advantageous for military casualties. Social action also influences the work processes. As a result, the army's framework plays a particular role in the conditions of rehabilitation, in relation to the legal framework.Beyond the cure, the question of care arises to characterize the forms of the social relationship committed to in the rehabilitation. The world of military casualties presents peculiarities: the low level of diploma of the military wounded does not favour reintegration into civil life; there is a strong economic interest to remain in military employment (the importance of premiums), which must not be overestimated, as pensions are of a high standard. When the injury is not radically disabling, a problem of arbitration appears between the interest in remaining in the army and that of being reformed
Normes et standards de la marche symétrique
En se basant sur une ethnographie réalisée dans deux services de médecine physique et de Réadaptation, cet article étudie l’effet de l’introduction d’une semelle de mesure de la pression plantaire dans la rééducation à la marche des personnes amputées de membre inférieur. En pensant la rééducation comme impliquant à la fois le « travail » des kinési-ergo-thérapeutes et l’effort « d’ajustement » à la prothèse des personnes amputées, l’article révèle que cette « activité collective » ne peut pas se fonder sur la construction d’une « intelligibilité partagée » de ce qui est une marche correcte. De la sorte, la mesure produite par la semelle ne semble fonctionner ni comme une norme de référence ni comme une donnée à l’objectivité partagée. L’article montrera donc que la semelle peut être pensée comme un outil permettant aux acteurs de définir les marges de leur engagement réciproque par rapport à l’objectif général de réapprendre à marcher.Based on an ethnographic study carried out in two departments of physical medicine and rehabilitation, this article examines the effect of the introduction of an insole to measure plantar pressure during walking rehabilitation of lower limb amputees. By considering rehabilitation as involving both the “work” of kinesi-ergo-therapists and the amputees’ effort to “adjust” to the prosthesis, the article reveals that this “collective activity” cannot be based on the construction of a “shared intelligibility” of what is a correct walk. In this way, the measurement produced by the sole is neither a reference norm nor a given with shared objectivity. The article will therefore show that the sole can rather be thought of as a tool allowing actors to define the margins of their reciprocal commitment in relation to the general objective of relearning to walk
Normes et standards de la marche symétrique. Ethnographie de l’usage d’une semelle de mesure de la pression d’appui dans l’activité collective de rééducation
Based on an ethnographic study carried out in two departments of physical medicine and rehabilitation, this article examines the effect of the introduction of an insole to measure plantar pressure during walking rehabilitation of lower limb amputees. By considering rehabilitation as involving both the “work” of kinesi-ergo-therapists and the amputees’ effort to “adjust” to the prosthesis, the article reveals that this “collective activity” cannot be based on the construction of a “shared intelligibility” of what is a correct walk. In this way, the measurement produced by the sole is neither a reference norm nor a given with shared objectivity. The article will therefore show that the sole can rather be thought of as a tool allowing actors to define the margins of their reciprocal commitment in relation to the general objective of relearning to walk
Matérialités soignantes : les technologies du care en santé
Quelle est la place des technologies de santé dans le soin ? Faut-il opposer la froideur distante des médiations instrumentales du cure à la proximité chaleureuse des relations humaines du care ? En quels sens peut-on dire que les dispositifs sociotechniques de plus en plus complexes, omniprésents dans le domaine sanitaire, contribuent à redéfinir les relations de soin (soin de soi et d’autrui) ? En se positionnant au croisement de l’anthropologie de la santé et de l’anthropologie et de la sociologie des sciences et des techniques, ce numéro vise à montrer de quelle manière l’étude des équipements et des pratiques matérielles constitue une entrée féconde pour comprendre les sens du soin dans les mondes contemporains de la santé. Abordant des contextes sanitaires diversifiés, les contributions réunies ici mettent en lumière non seulement le fait que les technologies peuvent être intégrées à des relations et des pratiques soignantes, attentives et singularisées, qui passent par elles, mais aussi que le soin vient aux technologies par un travail collectif, fait d’ajustements, de négociations, d’appropriations, non dépourvu de tensions et d’ambivalences, qui les produit comme autant de matérialités soignantes. What is the place of health technologies in care? Should the distant coldness of the instrumental means of cure be strictly opposed to the warm proximity of human relations of care? How do the increasingly complex socio-technical devices, omnipresent nowadays in the healthcare field, contribute to redefining the relations of care (care of oneself and care of others)? This issue, positioned at the crossroads of the anthropology of health and the anthropology and sociology of science and technology, aims to show that studying equipment and material practices constitutes a rich entry point to understanding the meanings of care in contemporary health worlds. Addressing various health contexts, the contributions gathered here highlight not only the fact that technologiesusedcan be fully integrated into attentive and personalized care relationships and practices, but also that the care comes to technologies through collective work, made of adjustments, negotiations, appropriations, not devoid of tensions and ambivalences, which gives rise to many material dimensions of care