L'impact du décès par suicide d'un patient chez des professionnels en santé mentale

Abstract

La littérature souligne que les professionnels réagissent vivement au décès par suicide d'un patient (Kleespies, Penk et Forsyth, 1993) et présentent des réactions semblables à celles retrouvées dans l'entourage de la personne décédée (Grad, Zavasnik et Groleger, 1997; McAdams et Foster, 2000; Meade, 1999; Pieters, De Gucht, Joos et De Heyn, 2003; Weiner, 2005). Selon plusieurs auteurs, ce type d'événement peut mener à une crise à la fois personnelle et professionnelle (Horn, 1994; Litman, 1964; Menninger, 1991). Certains vont même dire que le décès par suicide d'un patient constitue un risque occupationnel important (Chemtob et al., 1989). Cette étude exploratoire vise à mieux comprendre les répercussions du décès par suicide d'un patient chez les professionnels en santé mentale. La recherche a été effectuée auprès de 125 professionnels en santé mentale ayant vécu le décès par suicide d'un patient lors de leur pratique au Québec. Les résultats indiquent que même si le décès par suicide d'un patient représente un événement significatif dans la carrière des professionnels en santé mentale, ceux-ci s'y adaptent relativement bien et utilisent plusieurs sources de soutien dans leur processus d'adaptation. Les réactions des professionnels ne doivent pas être confondues avec des réactions de deuil. Il est important de conceptualiser l'impact du suicide d'un patient chez les professionnels en tenant compte des caractéristiques particulières de cette population et du lien qui les unit à leurs patients. Les professionnels réagissent davantage par des réactions de stress dans le premier mois. Ces réactions de stress sont habituelles et peuvent être considérées comme normales étant donné l'événement. Nonobstant, plusieurs professionnels vivront une réaction de stress aiguë, ce qui les rendra par la suite plus enclins à modifier leurs pratiques professionnelles. Le décès par suicide d'un patient provoque plusieurs changements dans la pratique clinique ultérieure des professionnels. Par exemple, ils peuvent être plus sensibles aux indices du risque de suicide, se sentir plus anxieux lorsqu'ils entrent en contact avec une personne suicidaire ou à risque de suicide, prendre des précautions accrues dans le traitement des patients suicidaires, hospitaliser les patients plus rapidement, se sentir responsable du décès et remettre en question l'efficacité de leurs outils thérapeutiques. Ces répercussions professionnelles peuvent avoir des impacts importants sur les autres patients en consultation. L'ouvrage regroupe une courte introduction, un premier article constituant une recension des écrits sur le thème à l'étude, un deuxième article portant sur les résultats de la thèse et une discussion synthèse dont l'objectif est d'enrichir la réflexion entourant les résultats. Les deux articles de cette thèse ont été publiés dans la Revue québécoise de psychologie. De façon plus spécifique, la discussion synthèse tente d'élaborer des hypothèses pour expliquer la phase initiale de stress aigu constatée chez plusieurs professionnels et des lacunes entourant la formation quant à la problématique du suicide. Le document suggère finalement des avenues potentielles de recherche et présente quelques implications cliniques des résultats sur la pratique des professionnels.\ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : suicide d'un patient, impact, professionnels en santé mentale

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Archipel - Université du Québec à Montréal

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Last time updated on 21/07/2017

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