Actes sémiotiques (E-Journal)
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Sémiotique de l’expérience : la médiation entre réalité et langageÀ propos de la réalité dans l’œuvre de Jean-Claude Coquet
Jean-Claude Coquet distingue phusis et logos, le passage de l’une à l’autre étant assuré par l’articulation entre prise et reprise. Notre proposition consiste, dans cette perspective, à préciser le rôle de l’expérience, et à rendre compte plus finement de l’énonciation, comme processus enchaînant une série de traductions-transpositions. Ce processus serait notamment lié à ce que Greimas appelait la praxis énonciative. Cette proposition vise à élargir la perspective d’une réflexion sur l’articulation entre réalité et énonciation chez Jean-Claude Coquet, en suggérant notamment la pertinence et la compatibilité de solutions théoriques développées dans d’autres types de sémiotiques, lotmanienne et peircienne. Lotman, par exemple, définit la sémiosphère comme le lieu théorique où l’expérience sémiotique reçoit ses conditions d’existence et de pertinence, qui lui permettent de développer des langages. Chez Lotman comme chez Peirce (et même, à sa manière, chez Greimas), les transitions de phase qui conduisent à la sémiose sont conçues comme des traductions, transpositions et transductions. Lorsque le rapport au réel est médiatisé par des dispositifs expérimentaux, des techniques d’exploration et de visualisation, des algorithmes, cet apport s’avère essentiel. À titre provisoire, comme hypothèse de travail et résultat espéré de cette recherche, nous souhaitons développer le processus pratique d’énonciation sous la forme d’une séquence, qui pourrait être celle-ci : [Réflexion → Exploration → Expression → Transmission → Modification].Jean-Claude Coquet distinguishes phusis and logos, the transition from one to the other being ensured by the articulation between capture and recapture. Our proposal consists, in this perspective, of specifying the role of experience, and of giving a more detailed account of enunciation, as a process linking together a series of translations-transpositions. This process would be particularly related to what Greimas called enunciative praxis. This proposal aims to broaden the perspective of a reflection about the articulation between reality and enunciation in Jean-Claude Coquet, by suggesting in particular the relevance and compatibility of theoretical solutions developed in other types of semiotics, Lotmanian and Peircian. Lotman, for example, defines the semiosphere as the theoretical place where semiotic experience receives its conditions of existence and relevance, which allow it to develop languages. In Lotman as in Peirce (and even, in his own way, in Greimas), the phase transitions which lead to semiosis are conceived as translations, transpositions and transduction. When the relationship with reality is mediated by experimental devices, exploration and visualization techniques, and algorithms, this contribution proves essential. Provisionally, as a working hypothesis and hoped-for result of this research, we wish to develop the practical process of enunciation in the form of a sequence, which could be: [Reflection → Exploration → Expression → Transmission → Modification]
Two Proposals for a Semiotic Taxonomy of Fake News and Deepfakes1
The paper proposes a semiotic taxonomy of fake news and deepfakes, phenomena that, while rooted in contemporary media practices, raise fundamental questions about discursive norms, acts of enunciation, and conditions of veridiction. Through critical comparison with some existing taxonomic models, the essay develops a theoretical-operational grid based on the main variables of expression and content, cross-referenced with types of communicative situations that bring into play awareness and the enunciative relationship between actors. The work is in the vein of the reflection proposed by this issue, interpreting fake news, and with them the cases of deepfakes, as deviant normative devices capable of reshaping collective expectations about the textual forms of veridiction. The aim is to contribute to a semiotics of norms that, from communicative pathologies, clarifies the structure and function of discursive constraints in digital interactions.Cet article propose une taxonomie sémiotique des fake news et des deepfakes, des phénomènes qui, bien qu’ancrés dans les pratiques médiatiques contemporaines, soulèvent des questions fondamentales sur les normes discursives, les actes d’énonciation et les conditions de véridiction. Par une comparaison critique avec certains modèles taxonomiques existants, le texte développe une grille théorico-opérationnelle fondée sur les principales variables d’expression et de contenu croisées avec des types de situations communicatives faisant intervenir la conscience et la relation énonciative entre les acteurs. Ce travail s’inscrit dans la réflexion proposée par ce numéro, en interprétant les fake news, ainsi que les cas de deepfakes, comme des dispositifs normatifs déviants capables de remodeler les attentes collectives quant aux formes textuelles de la véridiction. L’objectif est de contribuer à une sémiotique des normes qui, à partir des pathologies communicatives, éclaire la structure et la fonction des contraintes discursives dans les interactions numériques
Entre architecture, sémiotique et physique, y a-t-il place pour la force comme outil descriptif ?
Étant donné que l’architecture a une forme, et que les formes du monde physique sont déterminées par des forces, serait-il intéressant d’étudier l’architecture comme résultant de l’action d’un système de forces ? Pour répondre à la question, il faudrait savoir ce qu’est l’architecture et ce qu’est une force. Depuis cinquante ans, nous avons soumis l’architecture à un questionnement sémiotique qui tente d’en rendre compte. Au cours de ces travaux, l’architecture n’a pas reçu une définition qui puisse être utilisée pour répondre à la question posée. Elle reste une notion non définie approchée par approximations successives. Le modèle syntaxique de la sémiotique narrative lui a été appliqué pour décrire les phénomènes dynamiques observables lors de l’utilisation par des hommes. C’est à cette procédure descriptive que nous comparons la procédure mise en œuvre par des physiciens astronomes pour décrire en termes de forces les phénomènes dynamiques observés entre des corps célestes, puis sur terre. Du constat des différences épistémologiques et méthodologiques relevées, nous tentons de tirer des conclusions utiles pour la poursuite du travail sémiotique en architecture.Considering that architecture has a form, and that forms in the physical world are determined by forces, would it be interesting to examine architecture as a result of a system of forces? In order to answer the question, we should know what is architecture and what is a force. For fifty years, we have submitted architecture to a semiotic questioning in an attempt to account for it. Through this work, architecture has not received a definition usable in order to answer the above question. It remains a non defined notion, approached through successive approximations. The semiotic syntactic model has been applied to describe the dynamic phenomena observable when humans use it. We compare this procedure with the procedure applied by physicists and astronomers to describe in terms of forces the dynamic phenomena observed between celestial bodies and earthly bodies. We try to use the epistemological and methodological differences observed in order to draw useful conclusions for further research in the semiotics of architecture
Approche sémiotico-gestionnelle des ressources humaines : entre système de signes et acteurs organisationnels
L’approche sémiotico-gestionnelle des ressources humaines appréhende l’organisation comme un système de signes à l’intérieur duquel évoluent des acteurs organisationnels. La question est, par conséquent, de savoir comment la fonction « ressources humaines » peut établir des synergies communicationnelles reliant son action aux rôles de ses acteurs organisationnels afin de parvenir à une construction négociée du sens et des objectifs. Intéressé par la jonction entre la sémiotique, la communication et la gestion des hommes au travail, il s’agit de montrer que l’énonciation altérante, c’est-à-dire la double réflexivité, entre conscience de soi et conscience de l’autre, est ce qui doit distinguer cette approche sémiotico-gestionnelle. L’objectif ici poursuivi est de modéliser la gestion d’une organisation du point de vue sémiotique, à partir d’une étude de cas, en y saisissant les travailleurs comme des acteurs qui évoluent au sein d’un système élargi de signes.The semiotic-managerial approach to human resources understands the organization as a system of signs within which organizational actors operate. The question, therefore, is how the “human resources” function can establish communicative synergies linking its actions to the roles of its organizational actors in order to achieve a negotiated construction of meaning and objectives. Focused on the intersection of semiotics, communication, and human resource management at work, the aim is to demonstrate that alterative enunciation, that is, double reflexivity between self-awareness and awareness of the other, is what should distinguish this semiotic-managerial approach. The objective pursued, here, is to model the management of an organization from a semiotic perspective, using a case study, by capturing workers as actors within an expanded system of signs
Les normes assiégées1
Cet article explore les transformations contemporaines de la légitimité judiciaire à travers une lecture sémiotique de l’architecture du palais de justice, en particulier celui de Milan. À partir de l’exemple du procès Ruby et du siège symbolique organisé en 2013 par des députés proches de Silvio Berlusconi, le texte montre comment l’espace du droit, historiquement sacralisé, est de plus en plus soumis à la logique médiatique du populisme et à la désymbolisation numérique. En examinant la proxémique judiciaire comme lieu de lutte entre transcendance institutionnelle et spectacularisation populiste, l’auteur analyse la façon dont l’autorité de la loi est fragilisée lorsque l’imaginaire collectif est envahi par une justice scénarisée, médiatique, voire fictionnelle. Le cas italien est ainsi présenté comme paradigme global, annonçant des dérives analogues aux États-Unis, au Brésil ou ailleurs, et posant une question essentielle : le droit peut-il survivre sans les formes symboliques qui l’incarnent ?This essay investigates the contemporary transformations of judicial legitimacy through a semiotic reading of courthouse architecture, focusing in particular on the Palace of Justice in Milan. Using the example of the Ruby trial and the symbolic “siege” staged in 2013 by members of parliament loyal to Silvio Berlusconi, the text examines how the traditionally sacralized space of the law is increasingly subjected to populist media logic and digital desymbolization. By analyzing judicial proxemics as a site of conflict between institutional transcendence and spectacular populism, the essay explores how the authority of law is undermined when the collective imagination is overtaken by a scripted, mediatized, and even fictional conception of justice. The Italian case is presented as a global paradigm, foreshadowing similar developments in the United States, Brazil, and beyond, and raising a crucial question: can the law survive without the symbolic forms that give it substance
Sémir Badir, Vlad Ionescu et Nathalie Kremer, Felix Æstheticus. Pour Herman Parret, Louvain-Paris, Peeters-Bristol, 2023
Poéticas de la imagen: normatividad y variación de los géneros cinematográficos
En este artículo abordamos el tema del género cinematográfico, considerando su pertinencia dentro de un proyecto general de semiótica del cine. Sostenemos que el género, además de describir un grupo más o menos delimitado de películas vinculadas por isotopías narrativas, figurativas y temáticas, representa una forma de norma social compartida por diferentes públicos en función de su propia evolución estética y cultural, dando lugar a isotopías genéricas. Sobre esta base, postulamos que las formas expresivas del cine permiten a cada texto fílmico actualizar estas isotopías a partir de una instancia de enunciación específica, abriendo la vía a un estilo sintáctico-tensivo que sitúa a cada texto fílmico entre el respeto de la normatividad y la variación. Este recurso figurativo constituiría el fundamento de la poética audiovisual. Por último, proponemos algunas ideas sobre la utilidad de la normatividad para el desarrollo de la semiótica visual más allá del cine.Dans cet article, nous abordons la problématique du genre cinématographique, en considérant sa pertinence au sein d’un projet général de sémiotique du cinéma. On soutient que le genre non seulement définit un ensemble plus ou moins délimité de films liés par des isotopies narratives, figuratives et thématiques, mais représente une forme de norme sociale partagée par différents publics en fonction de leur propre évolution esthétique et culturelle, façonnant des isotopies génériques. On postule alors que les formes expressives du cinéma permettent à chaque texte filmique d’actualiser ces isotopies à partir d’une instance d’énonciation spécifique, ouvrant la voie à un style syntaxico-tensif qui situe chaque texte filmique entre le respect de la normativité et la variation. Ce ressort figuratif serait à la base de la poétique audiovisuelle. Enfin, on propose quelques idées sur l’utilité de la normativité pour le développement de la sémiotique visuelle au-delà du cinéma.In this article, we address the subject of film genre, considering its relevance within a general project of semiotics of cinema. We argue that genre not only defines a more or less delimited set of films linked by narrative, figurative and thematic isotopies, but also represents a form of social norm shared by different audiences based on their own aesthetic and cultural evolution, giving rise to generic isotopies. We therefore postulate that the expressive forms of cinema allow each filmic text to actualise these isotopies from a specific instance of enunciation, giving rise to a syntactic-tensive style that situates each filmic text between respect for normativity and variation. This figurative mechanism is at the basis of audiovisual poetics. Finally, we propose some insights about the usefulness of normativity for the development and study of visual semiotics beyond cinema
Le principe de réalité et les instances énonçantes : du « ça » littéraire au « ça » machinique
Le présent article se propose de montrer que la phénoménologie du langage de Jean-Claude Coquet infléchit durablement la réflexion sémiotique, d’une part, en insistant sur des « prédicats de réalité » et, d’autre part, en déployant une typologie des instances énonçantes, qui comprend « on » et « ça ». Cette double perspective est explorée à travers une analyse de poèmes d’Antoine Emaz, qui donnent à voir un mouvement de dissolution du « je », d’immersion et d’absorption par l’élément liquide, avant que le « ça » ne soit réinterrogé dans un tout autre domaine, celui des nouvelles technologies. À travers des considérations sur les machines en général, les écrits de Coquet permettent de mettre en lumière, par contraste avec une énonciation sensible et corporéifiée, les agissements de l’instance machinique « ça » à la base des processus de génération de textes et d’images numériques. Il est alors possible de confronter deux extrêmes, les représentations formelles de type logico-symbolique au sein de l’intelligence artificielle (IA) et des formes d’écriture « disant le sensible ».The aim of this article is to show that Jean-Claude Coquet's phenomenology of language has had a lasting influence on semiotic reflection, on the one hand by insisting on “predicates of reality” and, on the other, by developing a typology of enunciating instances that includes “on” and “that” (“ça”) This dual perspective is explored through an analysis of poems by Antoine Emaz, which reveal a movement of dissolution of the “I”, of immersion and absorption by the liquid element, before the “that” is re-interrogated in a completely different domain, that of new technologies. By means of considerations on machines in general, Coquet's writings shed light on the actions of the machine-like “that” at the root of the process of generating digital texts and images, in contrast to a sensitive, corporealized enunciation. It is then possible to confront two extremes, formal representations of a logical-symbolic type within artificial intelligence (AI) and forms of writing that “speak the sensitive”