thesis

Le mitard, un analyseur de la discipline pénitentiaire

Abstract

This research was conducted from 2005 to 2009 based on a study of the 222 disciplinary proceedings recorded at the registry of the Vesoul remand centre as well as on interviews with the convicts who were punished for transgressing the prison’s bylaw. It aims at measuring the social effects of carceral discipline. As a number of researches are already devoted to the practical aspect of the carceral issue (such as penal policies or institutional organisation), it has seemed relevant to complete these approaches by looking into how the various actors in the carceral field (inmates, guardians, heads of staff) view the power relations as established in prison and how they view the shoe in particular, wich is seen here as the keystone of the carceral structure. A rhetorical analysis of the interviews of the inmates puts into light how the shoe is either tactically used or avoided. It highlights the inmates’ ability to remain active in a context in wich the main stake is to keep and to broaden one’s space of freedom. The contrast between the words of the inmates and the philosophy of the institution questions the ability of prison to deliver on the mission imparted to it by the legislator, i.e. to assist with the social rehabilitation of the incarcerated population. One can even wonder whether carceral discipline does not contribute to the consolidation of the criminal role of inmates through a system of labelling and stigmatization. The conclusions of this analysis grounded in decision theory lead the author to suggest new professional practices, made possible by the implementation of the European Prison Rules, to better match the security imperative and the necessary rehabilitation of convictsConduite, de 2005 à 2009, à partir d’une étude des 222 procédures disciplinaires enregistrées au greffe de la maison d’arrêt de Vesoul et d’entretiens avec les détenus sanctionnés pour avoir transgressé le règlement intérieur de l’établissement, cette recherche a pour but de mesurer les effets sociaux de la discipline pénitentiaire. De nombreuses travaux étant régulièrement consacrés aux aspects pratiques de la question carcérale (politiques pénales, organisation institutionnelle...), il nous est apparu pertinent de compléter ces approches par une attention portée aux représentations que les différents acteurs du champ pénitentiaire (détenus, personnels de surveillance et de direction…) ont des rapports d'autorité imposés dans les maisons d'arrêt et plus particulièrement du mitard, considéré comme la clef de voûte de l'édifice disciplinaire. Le classement des discours recueillis en « figures de rhétorique » met à jour les tactiques d’utilisation ou d’évitement du mitard par les personnes détenues ; il éclaire la capacité de ces dernières à demeurer acteurs dans un contexte où l’enjeu est de préserver et d’élargir sa marge de liberté. L’opposition constatée dans la majorité des cas entre les discours des détenus et les logiques institutionnelles interroge la prison dans la mise en œuvre de la mission que lui confère le législateur de participer à la réinsertion sociale de la population pénale : la discipline pénitentiaire, telle qu’elle est conçue, ne participe-t-elle pas au contraire, par un effet d’étiquetage et de stigmatisation, à consolider le rôle de déviants des détenus sanctionnés ? L’exploration d’autres pistes envisagées au terme de cette démarche praxéologique, conduit à proposer une pratique nouvelle, autorisée par la mise en œuvre des règles pénitentiaires européennes (RPE), au service d’une meilleure adéquation entre l’impératif sécuritaire et la nécessaire réinsertion des condamné

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