Effets de l’exposition aux herbicides chez des Mollusques marins exploités. Approche in vitro chez l’ormeau, Haliotis tuberculata et approche in vivo chez l’huître creuse, Crassostrea gigas.
This work aimed to assess the effects of world wide used herbicides on two economically important mollusc species : the abalone Haliotis tuberculata and the cupped oyster Crassostrea gigas. The researches dealt with in vitro and in vivo laboratory experiments. In vitro experiments on H. tuberculata haemocytes were performed in order to assess the effects of an active matter (glyphosate), a commercial formulation (Roundup express : REX) and a mixture of adjuvants (POEAs). Results showed a greater toxicity of exposures to REX and POEAs which appeared to act on biological membranes. In vivo experiments on C. gigas also clearly demonstrated the toxicity of commercial formulations and adjuvants. Bioassays on early life stages (D veliger and pediveliger) allowed us to assess the toxicity of a relatively large number of active matters (glyphosate, mecoprop, mecoprop-p), degradation compounds (AMPA, 2-MCP), commercial formulations (Roundup) and adjuvantmixture (POEAs). Results provided interesting information on the relative toxicity of the tested chemicals and showed the sensitivity of the earliest life stage (i.e. D veliger larvae). Long time exposures (up to 56 days) of C. gigas juveniles revealed an activation of the defense mechanisms at the molecular level but also physiological perturbations with a slowdown in growth and gametogenesis of oysters exposed to the lowest doses of Roundup and POEAs (i.e at the dose of 0.1μg/L which could be measured in the environment). Environmentally relevant doses of pesticides cannot lead to oyster mortality but could be considered as additional stressors during the periods prior to summer mortalities.Ce travail de thèse vise à étudier l’impact de molécules herbicides parmi les plus utilisées en France et dans le monde, sur deux espèces de mollusques exploitées : l’ormeau, Haliotis tuberculata et l’huître creuse, Crassostrea gigas. Les travaux ont porté sur des expositions réalisées en laboratoire et deux approches différentes ont été mises en oeuvre. Une première approche in vitro s’est intéressée chez H. tuberculata aux effets d’une matière active seule (glyphosate), d’une formulation commerciale (Roundup Express) et d’un mélange d’adjuvants (POEAs) sur les hémocytes, cellules responsables de la fonction immunitaire chez les mollusques. Les résultats ont montré une toxicité accrue de la formulation commerciale et des adjuvants qui semblerait liée à des effets au niveau des membranes biologiques. La toxicité plus importante des formulations commerciales due aux adjuvants a également été démontrée lors de la seconde approche in vivo chez C. gigas. Des bioessais sur les larvesvéligères D et sur des larves pédivéligères ont permis de mettre en évidence la sensibilité des stades les plus jeunes et l’importance d’étudier non seulement les matières actives (glyphosate, mecoprop, mecoprop-p) mais aussi l’ensemble des composés apparentés : produits de dégradation (AMPA, 2-MCP), matière active formulée (Roundup) et adjuvants (POEAs). Enfin, des expositions de juvéniles de C. gigas pendant un temps supérieur ou égal à un mois suggèrent des effets au niveau moléculaire avec l’activation de systèmes de détoxication mais aussi au niveau intégré avec des perturbations de la croissance et du déroulement de la gamétogenèse pour les individus exposés aux plus faibles doses de Roundup et de POEAs (notamment 0,1 μg/L qui peut correspondre à une concentration environnementale). Les herbicides aux doses environnementales ne peuvent pas engendrer de mortalités ostréicoles pour les stades de vie étudiés mais ils peuvent constituer des facteurs de stress dans les périodes précédant les mortalités estivales