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Jalons pour une histoire du Pin à crochets (Pinus uncinata ramond ex DC) dans Les Pyrénées

Abstract

National audienceEssence emblématique des zones subalpines, le Pin à crochets (Pinus uncinata Ram. ex DC) n'a probablement pas le prestige des essences considérées comme plus nobles telles que le Hêtre ou le Sapin. Sans doute fait-il ici les frais de sa morphologie inappropriée à une réelle exploitation commerciale ou bien de sa relative inaccessibilité ? Pourtant si l'on considère sa trajectoire historique remontant aux premiers stades de la reconquête forestière postglaciaire et son rôle essentiel, au centre des interactions homme/environnement, dans les zones de haute montagne, le Pin à crochets pourrait sans conteste être placé au rang d'essence patrimoniale. Cette affirmation trouve son origine dans les apports fournis au cours de ces dernières décennies par les disciplines du paléoenvironnement, telles que la palynologie ou l'anthracologie, qui ont permis de reconstituer l'histoire de cette essence au cours des 18 derniers millénaires à partir des témoignages fossiles contenus dans les archives sédimentaires des Pyrénées. Si les apports de ces disciplines sur l'histoire de Pinus dans les Pyrénées sont nombreux ils n'en restent pas moins entachés d'une imprécision majeure : de quel Pin s'agit-il précisément ? Ainsi, concernant la palynologie, contrairement à d'autres espèces du genre Pinus (P. cembra, P. pinaster, par exemple), la différentiation entre les grains de pollen de P. sylvestris et de P. uncinata (photo 1) n'est pas aisée tant leur morphologie est semblable (Huntley & Birks, 1983). La distinction pollinique entre ces deux espèces ne semble pouvoir être assurée qu'à l'aide d'analyses statistiques intégrant de nombreux critères morphométriques (Aytug, 1962) dont la mise en oeuvre reste aléatoire et chronophage, d'autant plus aléatoire que les hybridations entre ces deux taxons viennent complexifier la détermination. Aussi, est-il commun de ne voir pour l'ensemble des diagrammes palynologiques réalisés dans le massif pyrénéen qu'une seule courbe, correspondant au genre Pinus et intégrant de manière globale l'ensemble de la production pollinique des pins pyrénéens. De son côté, l'anthracologie qui consiste en la détermination et l'analyse des restes ligneux carbonisés, si elle offre une plus grande précision spatiale, ne permet pas non plus de différencier les deux espèces avec certitudes, les critères anatomiques de distinctions évoqués pouvant être fortement influencés par des conditions stationnelles (Davasse, 2000). Au final, seule l'analyse des restes de stomates conservés dans les sédiments (photo 2) et qui sont de bons marqueurs de la proximité des arbres (Amman & Wick, 1993) et plus encore celle des macrorestes végétaux fossiles (Birks, 2002) sont en mesure de permettre une distinction entre les Pins. Malheureusement de telles études n'ont jamais été réellement entreprises dans les Pyrénées et en définitive seule la localisation et plus encore l'altitude des sites d'études permet d'attribuer à l'espèce P. uncinata ou P. sylvestris les témoignages paléobotaniques sur lesquels se fondent les études paléoenvironnementales

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