La bibliothèque de classe au secondaire : enjeux et analyse de la présence de l'objet livre

Abstract

Dès leur prime jeunesse, les enfants gagnent à être entourés de livres, d’abord pour qu’ils puissent profiter du plaisir de découvrir des histoires imaginaires, puis, éventuellement, pour leur permettre d’accéder à la langue écrite (Bonnafé, 1994). Il a largement été documenté que l’accès à l’objet livre produit une influence déterminante sur le développement des compétences en littératie des enfants (Myrberg et Rosén, 2009). Selon Evans (2010), la présence de livres à la maison peut même être envisagée comme un élément déterminant dans la durée des études de l’enfant. Par exemple, un enfant grandissant dans un environnement riche en livres aurait une scolarité de trois ans plus longue que celui qui évolue dans une maison sans imprimés. Chez les adolescents, la disponibilité des livres (nombreux, accrocheurs, variés) (Atwell et Atwell Merkel, 2017) entraîne toujours un effet sur les compétences en lecture, sur la motivation à lire et même sur la poursuite du cheminement scolaire. En fait, l’accès aux livres est particulièrement important chez les jeunes du début du secondaire, parce qu’à cet âge se manifesterait une diminution des habitudes de lecture (Lépine, 2017 ; Morin, 2014 ; Harmon, Martinez, Juarez et Wood, 2019). C’est cet accès à l'objet livre, au sein même des classes du premier cycle du secondaire, qui est interrogé à travers le présent essai. Le type de recherche qui a été privilégié est celui de l’analyse quantitative. Trois bibliothèques de classe d'une école secondaire publique de l’Estrie ont été inventoriées afin de réaliser l’analyse du corpus. Ce portrait constitue une forme d’image instantanée, dans la mesure où on révèle l’état d’un corpus, dans un lieu donné, à un moment précis. En mars 2020, quels livres étaient mis à la portée des élèves dans chacune des classes? Les résultats obtenus montrent, en premier lieu, trois corpus bien distincts. Cela porte à croire que chaque personne enseignante, en fonction de sa personnalité (gouts, intérêts), mais aussi du contexte (notamment du budget dont elle dispose) mettrait de l’avant une collection de livres qui lui ressemble et qui incarne la (les) finalité(s) de la lecture qu’elle priorise. En deuxième lieu, les données recueillies révèlent que les bibliothèques des trois classes étudiées sont majoritairement constituées de romans, surtout québécois et issus de la littérature pour la jeunesse. En effet, il a pu être observé que le genre littéraire le plus représenté dans les corpus est le roman. C’est le cas dans les trois bibliothèques (Alpha, 92,3%; Bêta, 91,5%; Gamma, 86,7%). Cela signifie que d’autres genres littéraires s’avèrent peu ou pas représentés dans les collections. Cela se fait au détriment de l’album, par exemple, lequel est complètement évacué. Dans une moindre mesure, la bande dessinée est absente de deux des trois bibliothèques de classe

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