"En Afrique, la période de décolonisation prend une nouvelle tournure avec l’arrivée de
Charles de Gaulle. Son projet de la Communauté est bien accueilli, à l’exception de
quelques pays dont la Guinée. Sékou Touré y voit le néocolonialisme, auquel il dit non.
Anticolonialiste dans l’âme, le Guinéen tient à tout prix à la Révolution. Dès l’indépendance
en 1958, la France quitte le pays en laissant un désordre administratif et en subtilisant
des millions de dollars. Prix à payer pour conserver l’indépendance, Sékou Touré va éviter
plusieurs coups d’État et tentatives d’assassinat entre 1958 et 1970, ce qui contribue à sa
croyance du complot permanent. Cela dit, l’opération "Mer Verte", le 22 novembre 1970,
est l’élément le plus explosif. Orchestré par le Portugal et exécuté à partir de la frontière Guinée-Bissau par des mercenaires et dissidents guinéens, la Guinée est frappée par une
violence inattendue ciblant Sékou Touré. Certainement ébranlé, après quelques mois
il publie La 5ème Colonne. En quoi l’idée de la cinquième colonne, telle qu’élaborée par
Sékou Touré, marque une volonté de défendre la Révolution, ou est-elle symptomatique
du complot permanent? Pour répondre à la question, nous regardons la fonction qu’occupe
la cinquième colonne dans sa pensée. Nous croyons que son inspiration socialiste
transparait dans la manière de construire une esthétique politique justifiant ses futures
intentions de répressions. La cinquième colonne s’établit dans sa pensée sous la forme
d’une volonté à résister aux impérialismes, en ayant évité plusieurs coups d’État. [...]