Évolution de la structure des communautés via l'étude de leurs réseaux trophiques : le cas de l'archipel des Îles Galápagos

Abstract

La théorie de la biogéographie des îles, initialement élaborée par MacArthur et Wilson (1963), a inspiré plusieurs recherches sur la dynamique des populations et l'assemblage des communautés insulaires. Ce qui a commencé comme une théorie plutôt simple mettant en relation les taux d'immigration, d'extinction et la distance entre les îles et le continent, pour expliquer la richesse spécifique d'une île a rapidement été reprise et extrapolée par certains pour tenter d'obtenir un modèle de macroévolution sur les îles. Toutefois, que ce soit par immigration, par spéciation ou par extinction, le changement de composition des espèces modifie toujours, avec plus ou moins d'impact, l'assemblage des communautés et la distribution des espèces sur le territoire. Lorsqu'on approche l'étude des communautés sous l'angle de leurs réseaux d'interactions, il est intéressant d'observer l'impact que le changement de composition d'espèces peut avoir sur leur structure. Dans ce contexte, mon projet de recherche vise à explorer empiriquement les variations temporelles à grande échelle dans la structure des réseaux d'interactions trophiques. Par son caractère historique riche pour l'étude de l'évolution, l'archipel des Îles Galápagos a été utilisé comme cas de figure puisqu'une documentation importante existe sur les occurrences et la diète des différentes espèces sur chacune des îles. Grâce à ces données, il nous a été possible de reconstruire les réseaux trophiques sur les îles Galápagos pour ensuite les utiliser pour tester empiriquement certaines prédictions quant au signal phylogénétique dans la diète des espèces ainsi qu'au changement de la structure des réseaux d'interactions dans le temps. Nos résultats montrent que des espèces phylogénétiquement proches possèdent aussi des interactions trophiques similaires. Toutefois, nous n'avons pas trouvé de relation entre l'âge des îles et la structure des réseaux trophiques. La variation observée dans la structure de nos réseaux ne semble pas provenir d'une sélection agissant sur la diète des espèces lors de l'assemblage des communautés. Grâce à une approche empirique rarement utilisée pour explorer des questions et hypothèses sur l'évolution des réseaux d'interactions, nous avons montré qu'il existe un signal évolutif dans la diète des vertébrés terrestres des Galápagos, et que les communautés présentes sur les différentes îles de l'archipel semblent être fonctionnellement similaires. Ce projet met donc en évidence l'intérêt d'adopter une approche par réseaux pour comprendre l'évolution des communautés

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