Correspondance entre les représentations d'attachement et les schémas précoces inadaptés à l'éveil et dans les rêves chez les jeunes de 8 à 16 ans et leurs mères

Abstract

Les modèles opérants internes d’attachement (MOIs) et les schémas précoces inadaptés (SPIs) sont deux concepts qui partagent un rationnel très similaire. Leur rapprochement empirique a toutefois été négligé durant l’enfance et l’adolescence, moment clé de leur émergence. De plus, bien qu’ils proviennent d’interactions précoces et théoriquement hors du champ de perception, leur évaluation ne s’effectue qu’à l’état conscient (éveil). Possiblement, les MOIs et les SPIs pourraient être évalués via l’analyse des rêves, dont le rappel fiable se déploie durant l’enfance. La présente thèse vise à répondre à ces questions de recherche. Un premier article scientifique explore les liens entre l’attachement et les SPIs chez des jeunes et leurs mères, leur transmission intergénérationnelle et les associations croisées entre l’attachement et les SPIs, de la mère à l’enfant. Au total, 23 jeunes âgés de 8 à 16 ans (M = 12,1 ans; ÉT = 2,0) et 21 mères ont pris part aux entrevues d’attachement (Child Attachment Interview, Adult Attachment Interview) et ont rempli les questionnaires des schémas (Schema Inventory for Children, Young Schema Questionnaire–Short form 3). Des corrélations avec bootstrap révèlent que la sécurité d’attachement des jeunes est liée à des SPIs touchant l’inhibition émotionnelle et les exigences élevées (r = 0,435 à 0,565). À l’inverse, l’insécurité d’attachement (type préoccupé) des mères est associée à plusieurs scores de SPIs (r = 0,449 à 0,584). Également, plusieurs SPIs de la mère sont associés négativement à l’« idéalisation » (insécurité de type détaché) chez le jeune (r = -0,504 à -0,617). Enfin, des corrélations intraclasses montrent une correspondance intergénérationnelle pour plusieurs SPIs théoriquement issus de l’insécurité d’attachement (domaine « séparation et rejet »). Le deuxième article explore la correspondance éveil-rêves respective des MOIs et des SPIs dans l’échantillon d’enfants et d’adolescents (n = 19). Les participants ont rapporté leur rêve le plus récent (en laboratoire) et ont enregistré leurs rêves quotidiens à la maison pendant 14 jours. Les rêves recueillis ont permis de valider deux grilles de codification, l’une mesurant les représentations d’attachement (GARO-MOI), l’autre les SPIs (GARO-SPI), dans les rêves des jeunes (bonnes fidélités interjuges). Des corrélations avec bootstrap révèlent que des échelles associées à la sécurité d’attachement à l’éveil sont liées à des scores oniriques d’insécurité d’attachement (détaché et préoccupé). Ajoutant à ces résultats, une analyse de regroupements (cluster analysis) révèle que les rêves se regroupent selon différentes stratégies d’attachement (p. ex., préoccupation, détachement, sécurité) et qu’un score élevé aux échelles du CAI associées à la sécurité (vs à l’insécurité) implique une association avec un regroupement de rêves. Pour les SPIs, les corrélations avec bootstrap révèlent des associations inverses entre les scores d’éveil et les scores oniriques du domaine « altération de l’autonomie et de la performance » (r = -0,473 à -0,693). En conclusion, les liens MOIs-SPIs semblent sous-tendus par des enjeux développementaux d’autonomie et de compétence scolaire chez les jeunes. La transmission intergénérationnelle des SPIs se centre sur une thématique d’attachement et cible les SPIs maternels comme des pistes d’intervention potentielles dans la relation mère-enfant. Finalement, les résultats appuient l’hypothèse de compensation des rêves au regard des MOIs et des SPIs chez les jeunes

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