Étude et développement de méthodes pour la production et la détection d'anticorps anti-peptides

Abstract

La première partie de la thèse porte sur l'étude de l'effet immunogène de l'introduction d'acides aminés pseudo-lipidiques (liés à de longues chaînes aliphatiques) dans des peptides synthétiques. Des chaînes lipophiles de 14 et de 18 carbones ont été liées à certains acides aminés, lesquels ont ensuite été incorporés à deux peptides modèles, soit l'angiotensine II et un épitope du parasite Schistosoma mansoni. Les peptides conjugués aux chaînes aliphatiques ont ensuite été injectés à des souris BALB/c et la production d'anticorps polyclonaux spécifiques à été évaluée par ELISA et confirmée par RIA. Cette production d'anticorps a été comparée à celle induite par les peptides conjugués à des porteurs protéiques, aux peptides non conjugués, et à des tétramères de ces mêmes peptides liés à un réseau de lysines (MAPS). Seuls les conjugués protéiques se sont avérés efficaces dans notre étude pour induire un haut taux d'anticorps spécifiques aux peptides. Les peptides avec acides aminés pseudo-lipidiques et les tétramères peptidiques ont également été inefficaces lorsqu'utilisés pour la détection d'anticorps en ELISA. Des études ont déjà rapporté l'excellent rendement du MAPS pour la production et la détection des anticorps, mais il semble que des difficultés soit reliées à la production de ces composés. L'analyse par spectrophotométrie de masse nous a effectivement révélé une grande hétérogénéité des produits finaux. La possibilité de produire des immunogènes peptidiques dont la structure peut être modifiée à volonté par l'incorporation d'acides aminés à fonctions pseudo-lipidiques est d'un grand intérêt, mais étant donné les difficultés de purification de ces composés, leurs inefficacités apparentes dans cette étude, et l'existence de nouvelles méthodes de production d'anticorps anti-peptides très efficaces, nous ne pouvont suggérer la conjugaison de chaînes aliphatiques aux haptènes peptidiques comme étant la façon la plus efficace pour produire des anticorps anti-peptides. Dans un deuxième temps, nous avons tenté de développer une méthode permettant de lier des petits peptides synthétiques de façon covalente sur les plaques ELISA de polystyrène. Ce projet avait pour but premier de produire un nouvel outil de travail pour notre projet principal en facilitant la liaison de courts peptides tels que l'Ang II aux plaques ELISA. Des plaques de polystyrènes ont d'abord été soumises à différentes doses de radiation gamma, puis ces dernières ont été activées chimiquement avec du N, N'-dicyclohexylcarbodiimide (DCC) en combinaison avec du N-hydroxysuccinimide (NHS), avant d'être incubées avec le peptide dans une solution aqueuse. Le taux de liaison du peptide a été évalué avec de l’125I-angiotensine II et la nature covalente du lien formé à été vérifié par des lavages au SDS 5% aqueux. L'irradiation des plaques provoque une augmentation de la liaison totale du peptide mais non de sa liaison covalente. Le traitement au DCC/NHS correspond à l'étape cruciale pour permettre la liaison covalente du peptide. Les deux traitements exécutés simultanément ont un effet synergique sur la liaison covalente et totale du peptide. Le degré supérieur de liaison obtenu avec la [Lys8]Ang II par rapport à la [Phe8]Ang II suggère que le peptide est lié par ses fonctions amines libres, à des fonctions carboxyliques présentes à la surface du polystyrène, et activées par le DCC/NHS. Des essais ELISA effectués avec le CGRP et des fragments de ce peptide ont permis de montrer que les peptides liés de façon covalente peuvent être très bien reconnus par des anticorps spécifiques, et que la liaison covalente permet d'augmenter la reconnaissance des peptides les plus courts. Les plaques ELISA sur lesquelles l'antigène a été lié sont de plus réutilisables, et peuvent être conservées plusieurs mois à la température ambiante. Cette méthode s'est toutefois avérée inefficace pour déceler des anticorps anti-angiotensine II, et un taux élevé de liaison non spécifique a été observé pour ce peptide avec certains séra hyperimmuns; mais étant donné les nombreux avantages de cette méthode de liaison, elle pourrait devenir intéressante dans le développement de nouvelles trousses diagnostiques. Étant donné la disponibilité des nombreux séra positifs anti-angiotensine II (Ang II) que nous avions produits, et l'accessibilité de nouveaux analogues non-peptidiques de l'Ang II au laboratoire, nous avons développé un second sous-projet dont le but était de concevoir un récepteur modèle pour l'Ang II à partir des anticorps anti-Ang II. Cette étude a donc porté sur les interactions retrouvées entre des anticorps anti-Ang II et différents antagonistes ou analogues non-peptidiques de l'hormone. Nous avons entrepris une étude de criblage, par ELISA de compétition, d'une série de séra polyclonaux anti-Ang II avec différents agonistes et antagonistes peptidiques et non-peptidiques de l'Ang II. Aucune réaction croisée n'a été observée avec différentes substances non reliées à l'Ang II (témoin) et avec des analogues non-peptidiques AT2. La grande majorité des séra réagissent spécifiquement avec le plus puissant antagoniste non-peptidique AT1 utilisé, le L-158,809 (5,7-dimethyl-2-ethyl-3-[[2'-(1H-tetrazol-5yl)[1,1']-biphenyl-4-yl]-methyl-3H imidazo [4,5b] pyridine. L'un des 8 sérum examiné reconnait l'ensemble des antagonistes non-peptidiques AT1. Ces interactions sont observées peu importe que l'Ang II soit présenté par l'une ou l'autre de ses extrémités en ELISA, ce qui suggère que le site de liaison de ces anticorps se situe au centre de la molécule. L'affinité des anticorps anti-Ang II pour les antagonistes non-peptidiques est nettement inférieure à celle observée pour l'agoniste [Sar1]Ang II : 3-4 mM vs 10 pM, mais similaire à l'affinité retrouvée pour les antagonistes peptidiques saralasine et [Sar1,Phe(Br5)8]Ang II ; 0.5 mM. Ces résultats démontrent qu'il existe une homologie structurale entre les antagonistes non-peptidiques AT1 et l'Ang II, et qu'il est possible de trouver des anticorps anti-Ang II capables d'imiter la structure de reconnaissance d'un récepteur de l'Ang II. De tels anticorps pourraient devenir des outils importants pour la conception de nouveaux ligands hormonaux

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