Dans une partie du pays kabyè, l’organisation des initiations masculine et féminine implique l’élaboration d’une relation de pseudo-filiation entre un.e novice âgé.e d’environ vingt ans et un enfant. Considérer les modalités de constitution de cette relation et de son évolution – le confiage rituel initial, les implications symboliques, formelles et affectives de cet apparentement – permet de montrer, d’une part, que les enfants non-initiés jouent eux-mêmes ici un rôle d’initiateurs construisant l’initiant.e en père ou mère potentiel.le, et d’autre part, que la nécessité de porter attention aux plaisirs et déplaisirs des enfants confère à ces derniers une capacité d’action sur les conditions de formation de leur lien de pseudo-filiation. La parenté rituelle est pensée ici comme un préalable logique à la parenté biologique, le ou la « filleul.e » apparaissant comme un opérateur symbolique du passage de l’une à l’autre