La notion de diplomatie humanitaire, objet d’études théoriques encore peu nombreuses, comporte des périmètres fluctuants, selon qu’on la limite à des négociations accompagnant l’action humanitaire ou que l’on y intègre la diplomatie relative au droit international humanitaire et ses différentes fonctions portées par de multiples acteurs. L’étude des rapports entre la diplomatie humanitaire et le droit international humanitaire (DIH) révèle sa grande plasticité à travers le temps, tant dans le domaine de l’évolution de ses objets -d’abord concentrée sur le développement des sources du DIH, puis sur l’amélioration de la mise en œuvre de ce droit- que de ses acteurs -initiée par des acteurs privés, tel Henry Dunant et les premières sociétés de secours, menée par les Etats, avant d’être à nouveau déterminée largement par une société civile organisée dans le cadre de puissantes ONG-.Ces fluctuations, mises en évidence dès l’Antiquité, concernent la diplomatie relative aux sources matérielles et formelles du DIH, qui a, dans une première approche empirique, révélé et affirmé les valeurs du DIH. La structuration progressive d’un réseau de parties prenantes des négociations conventionnelles a ensuite permis l’affirmation de méthodes propres à ce champ de la diplomatie, qui s’est écarté très tôt de celui de la diplomatie classique. Confrontée aux défis contemporains du DIH et à la transformation de la conflictualité, la diplomatie humanitaire est désormais caractérisée par l’apparition de nouvelles formes de négociations, émancipées des techniques basées sur la confidentialité, où les prérogatives de l’Etat reculent face à la montée en puissance des ONG. La prolifération des acteurs, mais également la flexibilité des méthodes et objets de négociations révèlent l’enrichissement d’une diplomatie créatrice du DIH par une diplomatie opérationnelle, constitutive d’une « diplomatie de catalyse », susceptible de permettre des adaptations des normes de ce corpus.The concept of humanitarian diplomacy, which is still the subject of few theoretical studies, has fluctuating boundaries, depending on whether it is limited to negotiations accompanying humanitarian action or whether it includes diplomacy relating to international humanitarian law and its various functions carried out by multiple actors. The study of the relationship between humanitarian diplomacy and international humanitarian law (IHL) reveals its great plasticity over time, both in the field of the evolution of its objects - first focused on the development of IHL sources, then on improving the implementation of this law - and in its actors - initiated by private actors, such as Henry Dunant and the first relief societies, led by States, before being largely determined once again by a civil society organized through powerful NGOs -.These fluctuations, highlighted since antiquity, concern diplomacy relating to the material and formal sources of IHL, which has, in a first empirical approach, revealed and affirmed the values of IHL. The gradual structuring of a network of stakeholders in conventional negotiations then made it possible to affirm methods specific to this field of diplomacy, which very early on deviated from that of conventional diplomacy. Faced with the contemporary challenges of IHL and the transformation of conflict, humanitarian diplomacy is now characterized by the emergence of new forms of negotiation, emancipated from techniques based on confidentiality, where the prerogatives of the State recede in the face of the rise in power of NGOs. The proliferation of actors, but also the flexibility of methods and subjects of negotiation reveal the enrichment of a creative diplomacy of IHL by an operational diplomacy, constituting a "catalyst diplomacy", likely to allow adaptations of the norms of this corpus