Cette thèse examine le discours socioculturel et les pratiques militantes des femmes conservatrices aux États-Unis, àtravers le cas de l’organisation Eagle Forum créée par Phyllis Schlafly (1924-2016). Cette militante conservatrice puiseà la fois dans son expérience militante personnelle, notamment au sein du Parti républicain, et dans des cadresidéologiques normatifs véhiculés par le mouvement conservateur pour mobiliser ses semblables. Son parcours personnel,entre conformité et vocation politique, est abordé tout au long de cette étude en lien avec la montée du conservatismesur la période considérée, mais également avec la contestation sociale, à partir des années 1960. Dans un contexte d’épanouissement des mouvements sociaux, et en particulier du féminisme, qui préconise la libération des femmes vis-à-vis des carcans patriarcaux et de définitions genrées étroites, les conservatrices ont recours à l’action collective, qu’elles estiment nécessaire pour défendre la famille traditionnelle régie par la division stricte des rôles par sexe. L’homme y est en charge de la survie économique du foyer tandis que la femme s’occupe des soins aux enfants et du foyer. En 1972, les conservatrices s’opposent à la proposition d’un amendement pour l’égalité des droits, l’Equal Rights Amendment (ERA), qui vise à inscrire l’égalité des sexes dans la Constitution. Phyllis Schlafly fonde alors STOP ERA (1972), puis Eagle Forum (1975) afin de porter le message conservateur et fournir un support militant pour les conservatrices, souvent caractérisées par leur statut de femmes au foyer. La responsable d’Eagle Forum se fait le héraut d’un discours antiféministe acerbe qui rejette la vision féministe de lafemme et de la famille et prône le maintien des normes socioculturelles traditionnelles qu’elle juge bénéfiques pour lesfemmes. Au moyen de cadres de l’action collective et d’une manipulation des émotions opportuns, elle diffuse largementses idées, notamment dans sa newsletter The Phyllis Schlafly Report. Dans le but d’assurer la solidité de son organisation et de l’inscrire dans la longévité, Schlafly développe des pratiques culturelles visant la cohésion, impliquant notamment l’utilisation des émotions et l’entretien de la mémoire, et elle se pose en leader et figure conservatrice incontournables.This thesis focuses on the sociocultural discourse as well as the militant activities championed by conservativewomen in the United States, through the specific example of Phyllis Schlafly (1924-2016) and her organization EagleForum. This conservative activist mobilized her peers by drawing from her personal experiences, especially in theRepublican Party, and from ideological principles crafted by the conservative movement. Her personal trajectory,between conformity to social norms and involvement in the political arena, is discussed in parallel with the rise ofconservatism and in the context of the 1960s-70s social protest. In the face of thriving social movements, and more particularly feminism, which advocated women’s liberation, conservative women also resorted to collective action in order to protect what they saw as the traditional family construct, characterized by a strict division of work by sex. In their vision, the man is meant to be the sole breadwinner, ensuring the economic viability of the home, while the woman is a homemaker, taking care of home and children. In 1972, conservative women opposed the Equal Rights Amendment (ERA), which aimed to secure equality between the sexesin the U.S. Constitution. Phyllis Schlafly founded STOP ERA that same year, and Eagle Forum in 1975, in order tospread the conservative message and provide conservative women, often homemakers, with an organization into whichthey could channel their activism. Phyllis Schlafly crafted a strongly antifeminist discourse that opposed the feminists’ intention to liberate women and reform the family, and she advocated for traditional sociocultural norms that she considered beneficial to women. Thanks to appropriate collective action frames, coupled with her ability to manipulate emotions, she was able to spread her ideas throughout the country, especially with the use of her newsletter The Phyllis Schlafly Report.In order to strengthen her organization and insure her legacy, Schlafly also devised collective practices such as emotionalsupport and the construction of memory, thus developing a unique militant culture. She also established herself as anabsolute leader, solely at the forefront of the conservative women’s movement