Quelle place a l’Antiquité grecque et romaine dans la mémoire européenne ? Pour certains, elle est un modèle indépassable et les modernes peuvent seulement imiter ses grands auteurs. Pour d’autres, elle est une époque d’ignorance et de barbarie à oublier. Pour d’autres encore, elle est un sujet de curiosité, comme une tribu d’Amazonie, avec ses étranges coutumes. Pour nos auteurs, trois écrivains du XIXe siècle, elle est un peu de tout cela et plus encore : l’Antiquité est pour eux la source de tous les développements futurs de la civilisation et du savoir. L’un d’eux écrit « rien de grand n’a de grand commencement » : l’Histoire progresse à partir de petites intuitions. Religion, science et culture sont ainsi nés dans l’Antiquité et ont continué jusqu’aux temps modernes, menacés néanmoins par des théoriciens avides de bouleversements. La modernité est en fait un énième retour du même conflit, entre la tentation de la division grecque et l’aspiration romaine à l’unité.What place does Greek and Roman antiquity have in European memory? For some, it is an unsurpassable model and the modern can only imitate its great authors. For others, it is a time of ignorance and barbarism to forget. For others still, it is a subject of curiosity, like a tribe of Amazonia, with its strange customs. For our authors, three writers of the nineteenth century, it is a bit of all this and more: Antiquity is for them the source of all future developments of civilization and knowledge. One of them writes "nothing great has a great beginning": history progresses from small intuitions. Religion, science and culture were thus born in antiquity and continued until modern times, threatened nevertheless by theorists eager for upheavals. Modernity is in fact another return from the same conflict, between the temptation of Greek division and the Roman aspiration for unity