La croissance démographique entraîne une augmentation exponentielle de la consommation de matières premières. Or, en plus de contribuer à des problématiques telles que le réchauffement climatique et la pollution, le caractère limité des ressources empêche de poursuivre ce mode de consommation à long terme. Il est nécessaire d’adopter des comportements écoresponsables et de réintégrer les matières résiduelles dans le marché plutôt que de les éliminer. Pour ce faire, un concept émergent est proposé : le zéro déchet. Ce concept implique de favoriser la réduction à la source ainsi que la réutilisation, de minimiser le recyclage et la valorisation et d’éviter d’éliminer les ressources. Ainsi, l’objectif général de cet essai est de proposer des mesures à mettre en place dans le cadre d’une démarche zéro déchet municipale. Pour tenir compte des ressources à leur disposition et des problématiques locales, cet essai se concentre sur les municipalités moyennes québécoises, soit celles rassemblant entre 50 000 et 200 000 habitants.
Une telle démarche nécessite l’implication d’une variété d’acteurs, dont la population, les industries, commerces et institutions, les municipalités, les organismes de gestion des matières résiduelles ainsi que le gouvernement du Québec. Aussi, pour obtenir des résultats satisfaisants, il est essentiel de combiner une diversité de mesures. Cet essai en présente treize, regroupées selon trois principes : modifier les comportements de consommation, augmenter l’offre de produits écoresponsables et favoriser la récupération et la valorisation des matières. Ces mesures ont fait l’objet d’une analyse de leurs conditions de succès, des ressources nécessaires ainsi que des freins à considérer. Pour ce faire, des consultations ont été réalisées avec huit professionnels. Ces entretiens ont permis de poser plusieurs constats. D’abord, les démarches zéro déchet municipales reposent en grande partie sur l’implication de la population et des industries, commerces et institutions et sur leur volonté à remettre en question leurs habitudes de consommation et les processus industriels. De plus, les expériences observées montrent l’importance de combiner des instruments législatifs, économiques et d’information afin de convaincre tous les acteurs.
Ainsi, cette analyse a inspiré plusieurs recommandations, adressées aux municipalités, aux organismes de gestion des matières résiduelles et au gouvernement du Québec. D’abord, il est recommandé aux municipalités d’assurer l’offre de produits et de ressources favorisant l’adoption de comportements écoresponsables. Il est aussi proposé que les décideurs municipaux envisagent l’adoption d’une tarification incitative en fonction de la quantité de matières résiduelles. Concernant le gouvernement du Québec, il est recommandé d’adopter des lois et d’accorder des sommes financières afin de financer des études et des projets d’économie circulaire. Finalement, puisque les organismes de gestion des matières résiduelles bénéficient d’une grande visibilité, il leur est recommandé d’effectuer des campagnes d’information prônant le zéro déchet et de réaliser des études et des projets de récupération et de valorisation des matières