Le maintien de la biodiversité et des biens et services écologiques est essentiel pour la survie et le bien-être de l’homme ainsi que pour la pérennité des écosystèmes. De nombreuses pressions engendrées par les populations humaines viennent cependant mettre en péril la biodiversité. Au Québec, les efforts mis en place par le gouvernement et les instances municipales ne semblent pas suffisants pour freiner le rythme d’appauvrissement de la biodiversité du territoire. À cet égard, la démarche de planification de la conservation et l’utilisation des compétences et des outils urbanistiques par les instances municipales pour intégrer la conservation dans l’aménagement de leur territoire mériteraient d’être améliorées.
L’objectif du présent essai est donc de bonifier la démarche de planification de la conservation pour que celle-ci assure la pérennité de la biodiversité et de l’ensemble des milieux naturels. À cet effet, une liste de critères est sélectionnée, par l’entremise d’une analyse comparative, pour caractériser de manière complète tous les milieux naturels. Une série de seuils est également proposée afin de renseigner sur l’état des milieux naturels et de guider les décideurs dans la planification de la conservation. Puis, une amélioration de la démarche de planification de la conservation est suggérée en proposant les étapes qui devraient être essentielles et en offrant des recommandations quant aux éléments à considérer et ceux à éviter.
La validité de la démarche de planification de la conservation repose sur plusieurs considérations. D’abord, il est essentiel que la démarche soit réalisée de manière réfléchie et, surtout, qu’elle soit adaptée à la réalité du territoire afin d’augmenter sa cohérence et son succès. Dans cette optique, des objectifs clairs doivent être fixés dans le but d’assurer la pérennité de la biodiversité et des milieux naturels. Ces objectifs doivent donc veiller à assurer la pérennité, mais aussi la représentativité, la complémentarité, l’intégrité et la résilience des milieux naturels, ainsi qu’à conserver leurs éléments irremplaçables. Ensuite, il est recommandé d’utiliser la totalité des critères proposés pour caractériser et évaluer la valeur des milieux naturels, car ils permettent de décrire les milieux selon l’ensemble de leurs composantes. Ceci permet d’identifier adéquatement les milieux d’intérêt et de planifier la conservation en conséquence. Au moment de la priorisation des milieux naturels d’intérêt, les particularités de chacun devraient être considérées pour assurer la cohérence de la planification et l’atteinte des objectifs de conservation. L’utilisation des seuils proposés est aussi conseillée, car ils permettent de guider la démarche de planification de la conservation sur le territoire selon l’état des milieux naturels. Lorsque l’état des milieux naturels d’un territoire est précaire, la planification de la conservation devrait chercher à le ramener à un état viable. En tout temps, il est important d’adopter une vision à plus large échelle, au-delà des limites du territoire, pour assurer une planification réfléchie. De plus, une meilleure collaboration entre les MRC, les municipalités et les acteurs de la conservation serait souhaitable afin de combiner les efforts de conservation sur un territoire. Idéalement, il serait pertinent de faire du plan de conservation un outil urbanistique obligatoire et d’octroyer des compétences plus robustes aux instances municipales à l’égard de la conservation sur leur territoire