Développement d’une approche de planification systématique de la conservation des milieux humides et de la sauvagine : étude de cas en Abitibi-Témiscamingue
Une croyance populaire présume que les ressources monétaires investies en protection de l’environnement pénalisent globalement le bien-être d’une société en la privant des bénéfices économiques retirés par l’extraction de ressources. Pourtant la dégradation des écosystèmes négligent les gains communs à long terme procurés par les services écologiques. Il est impératif d’assurer la protection du capital naturel d’un territoire afin d’en conserver les bénéfices à long terme. Par exemple, la conservation des milieux humides permet d’assurer la pérennité de plusieurs espèces de sauvagine chassées. Nous avons développé une approche de planification systématique de la conservation (systematic conservation planning) pour les milieux humides (MH) et la sauvagine (SAU), adaptée à une échelle régionale, dans un contexte où la principale contrainte à la conservation est liée à l’activité minière. Les objectifs étaient d’évaluer 1) la complémentarité de différentes approches de réseaux de conservation de la diversité de milieux humides et de sauvagine; 2) les conséquences du développement de l'activité minière dans l’atteinte de cibles de protection pour les milieux humides et la sauvagine.
Nous avons réalisé une cartographie de dix-huit types de milieux humides et modélisé l’abondance potentielle de huit espèces de sauvagine, à une échelle fine de 4 km2 dans la région administrative de l’Abitibi-Témiscamingue, un territoire boréal de 65 000 km2 au Québec, Canada. En utilisant l’outil Marxan permettant la prise en compte d’objectifs multiples de conservation, nous avons comparé trois types d’approches de construction de réseaux de conservation (MH, SAU, MH+SAU). Les cibles de protection variaient entre 10% à 70% de représentativité de la superficie de milieux humides et d’abondance de sauvagine, tout en calibrant la pression minière (présente sur 42% du territoire d’étude). Nos résultats suggèrent que les réseaux de conservation individuels visant uniquement la protection du capital naturel (MH) ou des bénéfices (SAU) ne protègent pas une aussi grande quantité de milieux humides et de sauvagine qu’une approche combinée (MH+SAU). De plus, l’approche combinée nécessite en moyenne une superficie de territoire moindre de 32% pour atteindre les mêmes cibles de protection, par rapport à la planification de deux réseaux individuels construits en parallèle. L’approche combinée permettait d’encaisser le tiers de l’activité minière potentielle sans avoir d’impact dans l’atteinte de toutes les cibles de conservation. Toutefois, malgré l’ajout de la contrainte minière à niveau de pression maximal, il était toujours possible de protéger jusqu’à 20% des milieux humides et de la sauvagine de l’aire d’étude