Durant les vingt dernières années, l’émergence d’outils génétiques sophistiqués a permis d’approfondir notre connaissance d’un grand nombre de fonctions physiologiques et d’en découvrir de nouvelles. Ceci est parfaitement illustré par l’étude des fonctions physiologiques du squelette. Le constant remodelage osseux a un coût énergétique important qui nous a amenés à émettre l’hypothèse d’un contrôle endocrinien commun de la masse osseuse et du métabolisme énergétique, et de l’implication de la leptine, une hormone synthétisée dans les adipocytes et qui contrôle à la fois ces deux fonctions. Nous avons découvert que cette hormone agit en bloquant la synthèse et le relargage de la sérotonine cérébrale, un régulateur positif de l’accroissement de la masse osseuse et de l’appétit, révélant les bases moléculaires d’un contrôle commun central de la formation osseuse et de l’appétit. De manière inattendue, nous avons découvert ensuite que la sérotonine d’origine digestive influence elle aussi le remodelage osseux, mais de manière opposée à la sérotonine cérébrale. Il s’agit là sans doute d’un exemple unique : celui d’une molécule, la sérotonine, qui influence différemment une fonction donnée suivant son lieu de synthèse. Cela nous permet de proposer un traitement efficace et rationnel de l’ostéoporose via l’administration d’un inhibiteur de la biosynthèse de la sérotonine digestive dont nous avons montré qu’il pouvait à la fois prévenir l’apparition de l’ostéoporose et guérir ses conséquences