Le conte au 18e siecle: pour une nouvelle esthetique

Abstract

L'amour et le conte sont intrinsèquement liés depuis la naissance de ce genre à la définition impossible. Si les critiques ont tenté d'établir des catégories auxquelles le conte se plie (libertin, merveilleux, moral, réaliste, etc...), il est encore difficile de comprendre la place qu'il possède dans l'histoire littéraire du 18ème siècle et la façon dont l'amour participe à lui conférer une nouvelle esthétique. Trois auteurs en marge du clan philosophique, Crébillon fils, Marmontel et Rétif de la Bretonne se sont servis du conte pour véhiculer à la fois des idéaux en phase et en marge des Lumières, révélant la potentialité expérimentale d'un format encore considéré comme frivole et irrationnel. Au carrefour du théâtre, du roman et de son ancêtre le conte de fées, ce genre « mineur » redessine non seulement les contours du champ littéraire mais aussi ceux de la parole efficace. Cette étude entend montrer comment chez ces trois auteurs, la rhétorique de l'amour au sein du conte engage pour Crébillon fils un discours sur la connaissance, dont le clair-obscur régit l'esthétique. Pour Marmontel, le conte est un moyen de s'ancrer dans le champ littéraire de la mi siècle, en y inscrivant les valeurs bourgeoises émergentes et lui donnant une définition qui le détache du roman. Rétif, lui, fait du conte une véritable économie narrative qui au crépuscule de l'Ancien Régime promeut une valeur essentielle: le travail.Doctor of Philosoph

    Similar works