International audienceLa vallée du Rhône, grand couloir de circulation Nord-Sud, lieu de passage entre l’Europe du Nord et le monde méditerranéen, a joué un rôle majeur dans le peuplement de toutes les gorges et vallées affluentes. Sa position charnière, entre le domaine tempéré continental à l’Ouest (Massif-Central) et le domaine montagneux à l’Est (Vercors et Alpes de Haute-Provence), explique son rôle d’enclave où les microclimats ont favorisé la persistance des occupations humaines tout au long des périodes glaciaires successives (apparition tardive du renne par exemple). Riche en cours d’eau, gorges et plateaux calcaires renfermant de nombreux abris, cette région fut propice à l’installation des hommes du Paléolithique. Elle concentre en effet un très grand nombre de sites moustériens, la plupart se trouvant en contexte karstique, sous la forme d’abris-sous-roche et de porches de grottes. En ce qui concerne les sites étudiés dans ce travail, la plus grande partie est regroupée en Ardèche méridionale, excentrant au Nord le site de Payre (Ardèche du Nord), et au Sud-Est le site des Peyrards (Vaucluse). Dans la partie aval des gorges se situent la grotte Saint-Marcel, l’abri du Maras, la grotte du Figuier, le Ranc Pointu et la Baume d’Oullens et, à quelques kilomètres à vol d’oiseau, la Baume Flandin s’ouvre dans un petit vallon du plateau d’Orgnac, à la limite avec le département du Gard et enfin, plus au Nord, dans la moyenne vallée de l’Ardèche, on trouve la grotte des Barasses (Balazuc). Le contexte chronologique de ces sites est le Paléolithique moyen, lié, dans le Sud-Est, aux premières grandes vagues de peuplements humains. Le peuplement qui nous intéresse est donc celui de l’homme de Néanderthal, qui semble avoir occupé la région jusqu’à la veille de l’arrivéedes premiers hommes modernes (Chauvet, intervalle de 32 000-30 000 BP pour les plus anciennes, Valladas et al., in Clottes (Ed.), 2001). Les études archéozoologique et taphonomique menées ici sur les assemblages osseux des petits, moyens et grands herbivores et quelquefois des Carnivores, permettent d’analyser l’état de conservation des ossements et la part de responsabilité des hommes et des Carnivores dans les dépôts et dans les modifications de surface, de restituer le contexte climatique, environnemental et chronologique existant lors des nombreuses venues des hommes grâce à la diversité des espèces représentées, et enfin d’aborder les stratégies de chasse et les habitudes alimentaires, concernant la matière carnée, des groupes de Néanderthaliens. Par-delà les inégalités, tant dans la représentativité des séries que dans les cadres environnementaux, il a été possible de discerner trois grandes tendances dans leurs types d’exploitation du milieu animal et de fait dans leurs modes d’occupation des sites. Reste à savoir quelle a été l’emprise des contraintes environnementales, des pratiques culturelles et des critères fonctionnels sur ces différents styles d’approvisionnement