International audienceOver the last few decades, various writing systems for sign languages (SLs) have been developed in a context where vocal languages (VLs) obviously prevail. In fact, VLs are characterized by a switch of modality between writing and speaking, while SLs present a brand new situation with the possibility of sharing modalities. Indeed, in the act of speaking and writing, SLs use similar modalities (upper body limbs movement) and reception (vision). This unprecedented situation of shared visuo-gestural modalities allows writing and speaking to meet in a form of cohabitation, sharing semiotic features. Scripturality may emerge from the formal (highly graphical in many situations) and gestural dimensions that are inherent to oral expression in SLs. The goal of this article is to establish an approach that links visuo-gestual modalities. On one hand, this approach is founded in ‘orality,’ i.e., in gesture; on the other hand, this approach is rooted in the act of drawing (tracing) as a link between language and writing. Similarly to the way SLs are able to assign meaning to movements, the meaning represented in the marks intended to be read can be back-traced to the body in action. To consider the scriptural experience in this way resonates with the cognitive theory of enaction (Varela et al., 1991) and, more broadly, with the hypotheses of embodied cognition.First we will present the three main notation systems that are used—almost exclusively—among researchers in linguistics studies of SLs. We will discuss their specific characteristics: the visual principles on which they are built in regard to their legibility, and also their ability to be written and used (focusing on the principle of linearity found in other writing systems). In the second part, we will explore in detail some issues of writing SLs such as: how can we articulate the modalities of the act of writing with the semiotic modalities of language itself? What are the analogies available to build a glyphic system? Can the act of tracing and the trace itself boost new semiotic relations in the writing of SLs? In the third part, we will look at some theoretical aspects of existing writing systems and put them into the perspective of the writing of SLs. Finally, this matter will be dealt with through the presentation of Typannot, a notation system on which we are currently working. We will focus on describing the graphematic and typographic principles of this new system. Several conceptual levels are envisioned in order to justify the coupling between technical aspects and writing/tracing activity, with the goal of obtaining a system aimed at: readability, modularity, writability and searchability. These criteria are an attempt to translate concepts of writing systems in VLs for specific issues related to the visual and gestural modalities of SLs.Depuis quelques décennies, les langues des signes (LS) connaissent l’apparition de systèmes de notations qui s’inscrivent dans une pratique dominée par les écritures de langues vocales (LV). Alors que ces dernières sont caractérisées par une rupture de modalité entre l’écrit et l’oral, les LS introduisent la situation inédite d’un possible partage des modalités en convoquant dans leur production les mêmes articulateurs (le membre supérieur) et dans leur réception la même modalité visuelle. Ces circonstances de partage des mêmes modalités gestuo-visuelle placent l’écriture et l’oralité des LS dans un rapport de coexistence, voire de sémiotiques partagées. L’acte d’écrire peut alors se manifester comme une inscription des dimensions formelles (parfois hautement graphiques) et gestuelles intrinsèques de l’oralité et de l’expression des LS. Nous chercherons dans cet article à développer les fondements d’une approche analogique visuo-gestuelle ancrée d’une part dans l’oralité, c’est à dire le geste, et d’autre part dans le tracé comme vecteur de sens communs à la langue et son écriture. Considérer ainsi l’expérience scripturale trouve un écho dans la théorie cognitive de l’énaction (Varela et al., 1991) ou plus généralement dans les hypothèses portant sur la cognition incarnée.Nous présenterons trois des principaux systèmes de notation actuellement en usage, dont l’usage est le plus souvent limité aux chercheurs en linguistique de ces langues. Les principales caractéristiques de ces systèmes de notation seront abordées ; il s’agit de leur lisibilité en lien avec le formalisme sur lequel ils s’appuient, et aussi de leur capacité à être écrits et maniés (en particulier au regard du principe de linéarité des écritures existantes). Dans une deuxième partie, les problématiques que l’écriture des LS posent seront exposées en détails : l’articulation des modalités de production et des modalités sémiotique orale/écrite, les domaines analogiques exploitables dans la construction des principes glyphiques et les rapports sémiotiques nouveaux entre traces et tracés qu’apporte l’écriture des LS. Dans la troisième partie, quelques éléments des théories sur l’écriture seront examinés au regard de ce qu’une écriture des LS apporte. Ils seront illustrés par le système de notation pour les LS appelé « Typannot » (sur lequel les auteurs du présent article travaillent) et plus spécifiquement par ses choix graphématiques et typographiques. Nous développons pour cela une réflexion à plusieurs niveaux rendant compte de ce couplage entre la technique et notre activité scripturale, portant sur la lisibilité, la modularité, la scripturalité et l’automatisation (requêtabilité). Ces critères constituent le cadre d’une réflexion prenant racine dans les systèmes d’écriture des LV pour évoluer vers des problématiques proprement liées aux modalités gestuelles et formelles des LS