L’Afrique dans le monde, le monde depuis l’Afrique. Lectures croisées d’Achille Mbembe et de Célestin Monga

Abstract

Rooted in the historical and political realities of their native country, Cameroon, and yet deeply influenced by their common experience of exile and intellectual nomadism, historian Achille Mbembe and economicist Célestin Monga share many commonalities, among which the ambition of rethinking Africa’s contemporary situation at a world scale as well as their attempt to understand the contemporary world from an African viewpoint. Achille Mbembe is now well known for his theorization of the postcolony (or the forms of political imagination in Africa), as well as for his concept of Afropolitanism, which characterizes ‘the new African sensibility in the age of diaspora and globalization’. Célestin Monga, for his part, has developed, through various travelogues and essays, an original thought based on a nihilist understanding of the creativity at work in the various aspects of ordinary life in Africa, yet also taking into account the major dynamics of globalization. Building on the biographical and intellectual analogies between Monga and Mbembe, this article explores their common assumptions as well as the major lines of their dissent; it then focuses on certain tensions and paradoxes in order to outline the main differences in the critical and literary postures of both thinkers.Ancrés dans les réalités historiques et politiques du Cameroun, mais nourris également par leur expérience de l’exil voire par un certain nomadisme intellectuel, les penseurs Achille Mbembe et Célestin Monga partagent un même projet: repenser la situation de l’Afrique dans le monde, et développer sur l’état du monde contemporain un point de vue neuf depuis l’Afrique. Si Mbembe est aujourd’hui célèbre pour avoir théorisé, d’une part, la postcolonie (ou les formes contemporaines de l’imagination politique en Afrique) et, d’autre part, l’afropolitanisme ou la manifestation d’une ‘nouvelle sensibilité africaine dans un nouvel âge de dispersion et de circulation’, l’œuvre de Célestin Monga, en apparence plus littéraire, décline sous la forme de carnets de voyage et d’essais critiques une pensée tout aussi originale, puisqu’elle aborde les aspects créatifs de la vie quotidienne en Afrique, ainsi que les grandes dynamiques de la mondialisation au prisme du nihilisme philosophique. Cet article expose donc les grandes lignes de ces pensées gémellaires, dans leurs convergences et dans leurs singularités, pour analyser ensuite quelques tensions ou paradoxes dans leurs positions critiques et dans leurs postures littéraires respectives

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