Organisation du financement du dépistage du VIH à base communautaire en Côte d'Ivoire : une recherche d'efficience potentiellement contre-productive ?

Abstract

Objectif : Depuis le début des années 2010, le President's Emergency Plan for AIDS Relief (Pepfar) et le Fonds mondial de lutte contre le VIH/ sida, la tuberculose et le paludisme ont accentué leurs stratégies de gestion axée sur les résultats (GAR). Les conditions de décaissements sont de plus en plus exigeantes pour les organisations non gouvernementales (ONG) financés (atteinte d'objectifs chiffrés, réalisation de compte rendu et de contrôles des activités fréquents) et leur rémunération dépend des résultats atteints. Cet article vise à analyser les effets de ce renforcement des politiques fondées sur le new public management sur la mise en oeuvre locale des activités, à travers l'exemple du dépistage du VIH à base communautaire. Méthodes : Dans trois districts sanitaires de la Côte d'Ivoire, nous avons réalisé, en 2015 et 2016, une cartographie des acteurs impliqués dans le dépistage communautaire et des entretiens semi-directifs auprès de membres des ONG dites "communautaires" (n = 18). Résultats : Le financement des organisations en charge du dépistage au niveau local transite par des organisations intermédiaires selon un système pyramidal complexe. Combiné à la lourdeur des comptes rendus d'activité et de la validation des données, cela génère des retards dans le décaissement des fonds et réduit fortement le temps effectif de mise en oeuvre des activités, soit moins de la moitié du temps prévu à cet effet. Conclusion : Cette managérialisation aussi bien du Pepfar que du Fonds mondial produit ainsi des effets contre-productifs contre lesquels elle était censée lutter

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