Mariages arabes

Abstract

La parenté arabe, loin de se structurer exclusivement autour de sa manifestation la plus emblématique qu’est le mariage entre enfants de frères relève d’une dynamique historiquement complexe de contrôle des apports féminins dans les domaines de la constitution du lien d’alliance, de la symbolique des genres et de la biologie. Dans cette perspective, les représentations arabes de la filiation, savantes comme populaires, concourent à préserver l’illusion d’une prééminence universelle de l’agnatisme dans le cadre d’un exercice cognatique de la parenté. Or, ce biais, partie intégrante de la pratique sociale dont le modèle agnatique veut rendre compte, tend à gommer l’asymétrie des rapports de genre, traitée ici à travers l’analyse de faits a priori aussi disparates que la mariage dit par échange, les représentations métaphoriques de la Parenté matricielle et, plus prosaïquement, la réglementation contemporaine, au Proche-Orient arabe, des techniques de procréation médicalement assistée. Ces phénomènes illustrent tous la manière dont la parenté utérine, bien que « voilée », déstabilise en permanence les représentations agnatiques qu’hommes et femmes arabes partagent à un large degré, sans pour autant compromettre la prééminence culturelle et structurelle du masculin.Arab Marriages. The Female Element. – Arab kinship cannot be reduced to its most noted feature, namely marriage between the children of brothers. Account must also be taken, in historical perspective, of the manifold ways in which female influence over marriage practices, gender symbolism and biological mechanisms has been contained. Both Arab folk and learned conceptions of descent stress the pre-eminence of agnation in what is in effect a cognatic system. This bias, which is part and parcel of the social practice the agnatic model purports to account for, tends to obliterate the asymmetry of gender relations. This theme is here addressed by discussing phenomena at first view as disparate as “exchange marriage”, the metaphoric representation of uterine kinship (rahim) and the regulation of new reproductive technologies in the Arab Near East. Yet, all three reveal the tension through which uterine kinship, “veiled” in discourse, constantly undermines the agnatic conceptions largely shared by Arab men and women, without however negating the cultural and structural centrality of descent from males

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