Les trente dernières années, la steppe algérienne a connu une accélération importante du processus d’appropriation privative des terres de parcours sous l’effet conjugué de la sédentarisation des populations, la croissance démographique et le relâchement de la rigueur dans la protection des terres de parcours du labour illicite. Un labour/défrichement qui constitue un moyen d’appropriation des parcours et de sa légitimation au sein de la communauté. Une légitimation qui serait socialement très avancée puisqu’il y a eu passage d’un droit d’usage direct (labour/pâturage), à celui de tirer profit indirectement (mise en location ou fructification à travers l’association) et enfin à l’aliénation (don/vente) de ces terres.
Toutefois, l’indivision semble ralentir le processus d’individualisation des droits de propriété sur les parcours et reproduit au sein des familles les mêmes effets de la propriété collective, jadis tribale. Les observations faites, dans le cadre d’un projet de recherche sur la gestion des parcours réalisé dans une commune steppique (2008/2010), révèlent des conséquences contradictoires de l’indivision sur la valorisation et la préservation des ressources naturelles des terres de parcours. D’un coté, l’indivision n’encourage pas les agropasteurs à intensifier leurs systèmes de production, suggérant une préservation des ressources rares et fragiles de ces parcours. Elle favorise, également, la concurrence entre les membres d’une même famille dans l’exploitation de ces ressources gratuites, conduisant à leur surexploitation. De l’autre coté, l’indivision permet l’expression, notamment pendant les mauvaises années pluviométrique, d’une solidarité familiale en faveur des indivisaires les plus démunis, qui exploitent gratuitement les parts des ayants droit non résidents.
Dans la communication, seront présentés les effets de l’indivision sur l’accès aux terres de parcours et sur les systèmes de production agropastoraux du site d’étude. Mais avant d’exposer ces effets, il sera question, d’abord, de présenter l’évolution des droits coutumiers sur les terres de parcours steppiques et le processus de leur appropriation privative, pour une meilleure compréhension du contexte