"Dans Noé Giono raconte comment le personnage d’Angelo Pardi, futur
héros du Hussard sur le toit et du Bonheur fou, lui a apparu un jour dans
l’avenue Flotte à Marseille1 sous forme d’«un épi d’or sur un cheval noir»1 2.
Ce que l’écrivain passe sous silence, c’est la raison pour laquelle, lui, si attaché
à son Manosque natal, était obligé de séjourner pendant quelques mois du
printemps 1945 chez son ami, Gaston Pelous, à Marseille. Or, la création de ce
personnage et de ces deux romans dont l’action est éloignée d’un siècle de
l’époque de son écriture, marque une étape décisive dans l’évolution de l’auteur
et de son oeuvre. N’en déplaise à Proust, critique de Sainte-Beuve, la discrétion
de Giono évoquée plus haut, ne s’éclaire qu’à la lumière des données
biographiques de l’écrivain, le passé historique du «cycle du Hussard » servant,
dans une grande mesure, de travestissement au passé récent de la vie de
l’auteur." (fragm.