PAR-DELÀ SON PASSÉ, LE FUTUR DE L’ALGÉRIE SERA-T-IL RÉVOLUTIONNAIRE ? Mémoire, vérité et justice comme enjeux de la société civile

Abstract

L’entrée des citoyennes et des citoyens algériens, de manière massive, sur la scène politique depuis quelques mois, ne constitue ni le premier épisode de son « ouverture », ni une parenthèse isolée de son histoire. Elle s’inscrit plutôt dans la continuité d’un processus historique de « pacification du champ politique » initié dès l’indépendance, en 1962 (Addi, 2017). Bien que les acteurs et actrices du soulèvement, ou Hirak, de 2019 se présentent comme les successeurs de différentes générations ayant résisté au régime autoritaire (post)colonial, ils et elles assument une rupture nette vis-à-vis de la culture et de l’imaginaire politique algérien hérités de son histoire récente. En plaçant « l’éthos non-violent » (Silmiya)1au cœur de l’appel à un changement politique, le peuple surmonte le « trauma colonial » (Lazali, 2018) redoublé par celui de la guerre « contre les civils » (Tahon, 1998), pour s’imposer non plus comme objet mais sujet de l’histoire2. Se revendiquant souverain (en vertu des articles 7 et 8 de la constitution), il place sa légitimité au-dessus de la légalité, pour participer à la chose publique au moyen de la chute du régime, mais non celle de l’État. Aussi, cette mobilisation des citoyens et des citoyennes n’était pas seulement inattendue, elle marque l’entrée dans une nouvelle ère tant elle constitue un renouvellement de l’horizon du changement social et du langage politique

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