My tongue did things by itself”: story-telling/story-writing in “Conversation with a Cupboard Man” (Ian McEwan)

Abstract

Le but de cet article est d’examiner la forme et la fonction du cadre énonciatif d’une nouvelle de Ian McEwan, « Conversation with a Cupboard Man » (First Love, Last Rites), qui semble imiter (pour mieux la parodier) une communication orale. Il apparaîtra qu’en fait cette nouvelle se joue, jusqu’aux limites de la vraisemblance, du hiatus qui existe entre le dit et ce qui peut effectivement être énoncé, ou entre la littérarité des énoncés et l’incompétence linguistique des narrateurs. L’absence de traitement réaliste du « dialogue » entre un travailleur social et le narrateur de « Conversation with a Cupboard Man », un « bébé » de 18 ans, maintenu en enfance (c’est-à-dire privé de langage articulé, maintenu infans) par sa mère, est un commentaire ironique sur l’activité de lire l’illisible, autant que sur la représentation du langage oral dans un texte écrit. Dans cette conversation monologique, le langage est mis en avant comme dépossession, et finit par ressembler à une sorte de donjon déserté par un sujet toujours insaisissable. L’acquisition tardive du langage pour le narrateur, ainsi que son envie de retrouver une existence pré-linguistique, son désir de « retourner dans la poussette », sont l’expression du traumatisme qui consiste à se voir imposer une langue qui, comme le suggère Derrida, n’est jamais la sienne : à voir sa langue, comme le remarque le narrateur, faire des choses par elle-même, « as if it belonged to someone else »

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