Le Tonkin, laboratoire de la « pacification » en Indochine ?

Abstract

La France en Indochine doit faire face à un conflit d’un nouveau type. Devant un adversaire qui joint le politique au militaire et qui se donne pour objectif de maîtriser les populations, les états-majors des forces françaises doivent trouver de nouvelles « recettes » pour assurer la pacification des territoires qu’ils cherchent à contrôler. Le Tonkin peut apparaître comme un laboratoire car cette région est l’enjeu d’une lutte impitoyable. Les méthodes du passé ne sont plus d’aucune efficacité sur un territoire où le Viêt-minh mène  des opérations de plus en plus offensives. L’EMIFT et le gouvernement vietnamien mettent en place de nouveaux dispositifs. Les groupements administratifs mobiles opérationnels (GAMO) doivent permettre le rétablissement rapide de l’administration vietnamienne. Les bataillons légers sont conçus à l’image des troupes régionales de l’adversaire. Les TDKQ doivent permettre au commandement français de s’affranchir des missions de pacification et donner à l’armée nationaliste un outil efficace de lutte contre les infiltrations du Viêt-minh. Ces solutions, malgré un succès réel des GAMO, arrivent trop tard pour permettre un retournement favorable de la situation politique au Tonkin. Toutefois, ils auront eu le mérite de montrer que l’armée française a été capable de s’adapter. La solution n’était pas dans la réutilisation d’anciennes méthodes de pacification, mais plutôt dans une sorte d’acculturation, pour laquelle l’armée française s’est inspirée très largement de son adversaire.Pacification in Indochina. In Indochina France had to face a new type of conflict. Confronting an enemy who melded together political and military strategies, and whose objective it had set itself was the mastery of the local populations, the staffs of the French forces had to find new “recipes” to pacify the territories they sought to control. Tonkin can be regarded as a test-bed, for the stakes in this region brought about a merciless struggle. The methods of the past proved totally ineffective in a territory where the Vietminh staged operations of an ever more offensive kind. The EMIFT and Vietnamese government set up new deployments. The GAMO’s (Mobile Administrative Operational Groups) were designed to enable the rapid restoration of Vietnamese administration. Light battalions were formed as mirror-images of the Vietminh regional forces. The TDKQ’s were to permit the command to free up French forces from pacification missions and give the nationalist army an effective tool against Vietminh infiltrations. These solutions, despite a real measure of success for the GAMO’s, were too late to permit the political situation in Tonkin to be turned in favour of France. They had the merit, nonetheless, of demonstrating that the French army was able to adapt. The answers did not lie in re-warming old approaches to pacification, but in a kind of cultural assimilation in which the French army drew inspiration very largely from its adversary

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