La Roumanie et la Pologne dans la politique soviétique de la France : la difficulté d’établir un « front uni »

Abstract

De 1924 à 1935, les relations entre la France, la Roumanie et la Pologne vis-à-vis de l’Union soviétique sont marquées par la volonté française d’asseoir son influence en Europe centre-orientale. Paris entend maintenir une unité de front entre ses deux alliés dans le but de forger une force dissuasive face à l’Est et d’éviter toute implication directe dans la région. L’unité polono-roumaine doit également permettre de tenir Berlin et Moscou éloignées l’une de l’autre. De 1924 au protocole Litvinov de 1929, Paris mène un jeu complexe consistant à soutenir ses alliés en évitant toute tension avec leur voisine soviétique. Avec l’implication progressive de l’Union soviétique dans les questions de sécurité en Europe, la cohésion franco-polono-roumaine perd de sa vigueur. Concentrée sur le problème de la Bessarabie, Bucarest est un obstacle au rapprochement franco-soviétique et polono-soviétique. A partir de 1933, au moment où la Roumanie s’inscrit dans l’axe reliant Paris à Moscou, la Pologne refuse la politique de sécurité française et entend mener une politique d’équilibre bilatéral entre l’Allemagne et l’URSS. À la fin de 1935, le manque de cohérence entre les trois alliés ne peut que profiter à une Allemagne nazie désormais prête aux coups de force.Romania and Poland in the French soviet politic: the difficulty establishing a close front. From 1924 to 1935 relations between France, Romania and Poland “vis-à-vis” the Soviet Union were marked by a French desire to embed its influence in east-central Europe. Paris sought to maintain a united front between its two allies with a view to forging a deterrent force facing eastwards, and at the same time avoid all direct involvement in the region herself. Polish-Romanian unity was also designed to keep a distance between Germany and the USSR. Between 1924 and the Litvinov Protocol of 1929, the French pursued a complex game that entailed supporting their allies whilst avoiding any tension with their Soviet neighbour. With the steadily growing involvement of the USSR in questions of European security, however, Franco-Polish-Romanian cohesion gradually weakened. Focused as it was on the problem of Bessarabia, Romania proved to be an obstacle to both Franco-Soviet and Polish-Soviet rapprochements. From 1933, when Romania joined the axis that re-linked Paris to Moscow, Poland rejected France’s security policy and embarked on its own policy of pursuing a bilateral equilibrium between Germany on the one hand and the USSR on the other. At the end of 1935 the lack of coherence between the three allies could only benefit Nazi Germany which was henceforth ready to stage coups de force

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