Au printemps prochain, la France célébrera le quarantième anniversaire de Mai 68. Plus discrètement sans doute, les humanitaires – du moins ceux qui ont une mémoire ou connaissent leur propre histoire – reconnaîtront dans l’année 1968 un autre événement : celui de la guerre au Biafra et la préfiguration de ce que l’on peut désigner comme un « humanitaire moderne ». Affranchi des Etats comme des frontières et hanté par le souvenir de la destruction des Juifs d’Europe, cet humanitaire prétendra faire de l’action de la Croix-Rouge durant la Seconde Guerre mondiale à la fois un contre-modèle et l’aiguillon d’une pratique inédite au profit d’une intervention directe de la société civile dans les affaires du monde