Regards croisés sur la vie musicale en Ouganda

Abstract

Cet article est le résultat d’une collaboration entre un spécialiste ougandais des études théâtrales qui enseigne au Royaume-Uni, et un ethnomusicologue britannique qui a enseigné pendant les années soixante en Ouganda et qui poursuit, depuis 1987, ses recherches sur la musique de ce pays.La première partie décrit la vie musicale ougandaise en mettant l’accent sur les développements de ces trente dernières années et en soulignant l’impact de deux décennies de luttes politiques sur la pratique et la recherche musicale en Ouganda. Elle traite du développement des troupes villageoises et des associations, de l’émergence des rituels musicaux associés aux guérisseurs et aux cultes pratiqués par leurs adeptes ainsi que des causes de la diffusion trans-ethnique des instruments et des styles musicaux. Elle démontre encore que la disparition des traditions musicales des anciennes Cours royales n’est pas aussi définitive qu’on l’avait annoncé et que la tentative de l’Etat pour remplacer les rois dans le rôle de patron des arts se révèle dans l’ensemble infructueuse.Les auteurs décrivent ensuite la vie musicale de la ville cosmopolite de Kampala, en insistant sur sa nature inventive, syncrétique et non-officielle. Ils montrent le rôle important qu’a joué le théâtre musical, et en particulier le genre Kadongo Kamu, en soutenant le moral de la population pendant les années horriblement troublées du règne meurtrier d’Idi Amin et de Milton Obote. Enfin, en présentant la musique populaire de divertissement des villes, ils démontrent que les artistes s’intéressant aux styles syncrétiques ont plus de succès que ceux attirés par la musique occidentale : succès qui s’explique en partie par le texte et le contenu théâtral des chansons, ce en quoi les musiciens urbains d’aujourd’hui s’inscrivent dans la tradition des musiciens itinérants de la campagne.Les deux dernières parties de l’article proposent l’opinion plus personnelle de chacun des auteurs sur le rôle que jouent et que pourraient jouer les ethnomusicologues. De l’intérieur, Sam Kasule montre qu’il y a énormément de recherches locales privées menées dans un but immédiat et purement pratique. Il insiste sur la nature dynamique des traditions musicales ougandaises et suggère aux chercheurs d’interpréter les développements de la musique ougandaise à la lumière de son histoire politique, sociale et économique récente. De l’extérieur, Peter Cooke affirme que les ethnomusicologues ne peuvent ni ne doivent jouer le rôle de gardiens de la tradition ; il leur suggère plutôt de mettre les résultats de leurs recherches à la disposition des spécialistes ougandais et de collaborer avec ces derniers partout où c’est possible.This is a collaborative effort between a Ugandan scholar specialising in theatre studies and currently teaching in the United Kingdom and a British ethnomusicologist who taught in Uganda during the 1960s and has continued his ugandan researches since 1987.Firstly a composite view of musical life in Uganda is presented, looking especially at developments during the past 30 years and the impact that almost two decades of political strife have had on music making and research in Uganda. The rise of village troupes and clubs and the conspicuous emergence of musical rituals associated with traditional healers and their cult followers is discussed as well as reasons for the trans-ethnic diffusion of instruments and musical styles. While the demise of the musical traditions of the former royal courts is shown not to have been so complete as reported, the role of the state in attempting to replace the former kings as patrons of the arts is seen as mostly unsuccessful.Musical life in cosmopolitan Kampala is then surveyed for its inventive, syncretic and unofficial nature. Musical theatre, particularly the genre known as Kadongo Kamu, is seen to have been especially important during the horrendously troubled years of misrule of Idi Amin and Milton Obote in maintaining the spirits of the people. A survey of popular urban musical entertainment suggests that indigenous artists evolving syncretic styles are more popular than those who are more western in their orientation and that textual and dramatic content are important ingredients in success. Today’s urban musicians follow closely in the tradition of travelling musicians of the countryside.The last two sections of the paper present more personal views on the part that is played and could be played by ethnomusicologists. An inside view stresses the amount of local private research that is achieved for immediate practical ends, emphasises the essentially dynamic nature of musical traditions in Uganda and suggests that the main challenge is to interpret Uganda’s recent musical developments in the light of its recent political and social sand economic history. The outsider view is that while ethnomusicologists can and should attempt no role as guardians of musical traditions they should make the results of their research as available as possible to Ugandans and engage wherever possible in collaborative research

    Similar works