Des fouilles aux tranchées. Les jalons de Déchelette

Abstract

Si le nom de Joseph Déchelette est connu de la plupart des spécialistes de la protohistoire, il n’est pas certain que les mérites du savant soient toujours appréciés à leur juste mesure. Une confusion ancienne persiste : on continue de le juger comme un érudit local qui aurait réussi, comme un habile rédacteur de notices ou comme le commis voyageur de la protohistoire européenne. L’appréciation de son œuvre s’en ressent : si le Manuel d’archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine demeure une référence, il n’en est pas moins l’arbre qui cache la forêt, comme si son érudition faisait de l’ombre à sa dimension historique. Cependant, le décryptage de l’analyse que fit Déchelette d’une des plus anciennes civilisations européennes serait bien utile à l’heure où les questions d’identité et d’acculturation font un retour en force dans l’histoire et la politique. Saisir comment lui vint l’intuition de la taxonomie des faits archéologiques, comment il l’associa à une conception dynamique de l’histoire de l’art, à un sens aigu de la chronologie et à un souci constant de la comparaison, voilà quelques clefs pour comprendre un concept aussi bâclé que celui de civilisation celtique. Quant à l’archéologie, elle n’était pas pour Déchelette une annexe de l’histoire, mais l’approfondissement de celle-ci par d’autres moyens : sa relation au site de Bibracte en témoigne. Ceci étant, il est vrai que ces aspects essentiels de son œuvre n’ont pas été formulés explicitement : nul doute que l’exploration de ses archives et du contexte de ses ­recherches ne contribue à rendre compte des aspects visionnaires de sa problématique.Though Joseph Déchelette's name is known to most scholars in protohistory, it is not sure that the scholar's merits may always be appreciated to their right measure. An old confusion persists: he is still judged as a local scholar who would have met with success, as a skilful writer of notes or as protohistory's commercial traveller. It is telling on the appreciation of his work: if the Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine (Handbook of prehistoric Celtic and Gallo-roman archaeology) remains a reference, it is nevertheless taking the tree for the forest, as if his erudition cast its shadow over its historical dimension. Now the deciphering of the analysis which Déchelette made of one of the oldest European civilizations would be most useful at a time when questions of identity and acculturation make a forceful return into history and politics. Knowing how the intuition of the taxonomy of archaeological facts came to cross his mind, how he combined a dynamic conception of the history of art with an acute sense of chronology and a constant concern for comparison, these are a few keys towards understanding such a botched up concept as Celtic civilization. As regards archaeology, it was not for Déchelette an annex to history but a deepening of the latter through other means: his relation to the Bibracte site testifies to this. That being the case, it is true that those essential aspects of his work have not been explicitly formulated: no doubt that the exploration of his archives and the context of his research will contribute to account for some visionary aspects of his problematics

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