Dans la pensée de Sunda, les sons ne représentent que la forme externe de la pratique musicale. La pratique de la musique, voire des arts en général est une forme « d’ascèse dans le royaume » (tapa di nagara), c’est-à-dire une réflexion sur soi-même et le monde environnant. Pour assurer le bien-être de la société et de ses membres, il faut que la musique, la danse, le théâtre et la poésie soient pratiqués convenablement. L’esthétique de Sunda conçoit une hiérarchie des hauteurs du son: aux notes graves revient un statut plus élevé qu’aux notes aiguës. Le chant raffiné du tembang Sunda confère beaucoup de prestige, et sa hauteur du son est inférieure à celle de genres plus « simple » comme kacapian et degung kawih. Les notes graves évoquent la stabilité et le confort, tandis que les notes plus aiguës et davantage chargées d’émotion expriment un sentiment de tristesse. Rarement la musique de Sunda est purement instrumentale. Au contraire, la musique implique généralement du chant. Une tentative est faite pour démontrer que le chant est plus valorisé que la musique instrumental, car il est plus intériorisé et associé aux pouvoirs qui dominent la vie. La musique transmet ce qui est « ineffable » dans la vie quotidienne, à savoir le domaine contrôlé par les êtres humains. L’article explore l’hypothèse que les arts représentent les aspects féminins de la communication humaine. Toute la musique de Sunda est dominée par des notions d’ordre et de désordre. Par exemple, un instrument de musique mal accordée peut servir de métaphore de l’ordre social troublé.In Sundanese thinking musical sounds are only the outer form of music-making. Practising music – and generally the arts – is a kind of « ascetism in the kingdom » (tapa di nagara), that is, a reflection on oneself and the world. The proper performance of music, dance, theatre and poetry is needed for the well-being of society and its members. In Sundanese aesthetics, there is a hierarchy among pitches: low notes have greater status than high notes. The refined singing of tembang Sunda has much prestige, and its pitch level is lower than the more « simple » genres like kacapian and degung kawih. Low notes are associated with stability and comfort, whereas the emotional, higher notes evoke feelings of sadness. There is not much purely instrumental Sundanese music. Most music involves singing. An attempt is made to explain that singing seems to be more highly valued than instrumental music because it is more internalised, and associated with the powers which control life. Music communicates matters « ineffable » in daily life, which is the domain controlled by men. It is argued that the arts represent the female aspects of human communication. Notions of order and disorder pervade all of Sundanese music. For instance, a musical instrument which is out of tune may be used as a metaphor for the social order being upset