Célébré aux XVIIIe et XIXe siècles comme un art de distinction sociale par les élites aristocratique et bourgeoise, reconnu au XXe siècle et au début du XXIe en tant que pratique culturelle et outil économique d’importance, le tourisme peine toutefois à se définir une identité scientifique. Le présent article vise à observer les différents éléments qui aideraient à cerner l’identité scientifique du tourisme. Le fait nouveau observé depuis près de deux décennies est que le tourisme stimule un intérêt de plus en plus grand en ce qui concerne son identité scientifique (critique épistémologique, réflexion sur son apport aux autres sciences et la société). Ce résultat vient démentir en partie l’observation de Marc Boyer (1999 ; 13) qui relevait que « La plupart des ouvrages, qui depuis une trentaine d’années, ont dit faire l’étude du tourisme ne sont pas allés au-delà du rappel de l’évidence : le tourisme est une migration de personnes libres ». Cet aboutissement positif dans le développement scientifique du tourisme se heurte néanmoins à une image réductrice et négative qui continue encore de dévaloriser le tourisme, le touriste et le spécialiste. Toutefois, cela ne doit pas limiter « le courage épistémologique », qui consiste à poursuivre la construction d’une épistémologie interne au tourisme et à définir les problématiques importantes, à réaliser les collaborations entre diverses sciences dans une perspective de « projet de connaissance » et non « d’objet de connaissance » (Le Moigne, 2001). En ce sens, l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité, permettrait au tourisme de réduire son handicap épistémologique vis-à-vis des disciplines traditionnelles, dans la mesure où ces dernières limiteraient leur exercice de domination par leur participation au « projet de connaissance », permettant au tourisme d’intervenir comme un partenaire scientifique à part entière