Action en justice ou résistance de classe ?

Abstract

Cet article prend comme perspective d’étudier un problème de « double absence » dans l’industrie du bâtiment, et d’explorer la manière dont ce phénomène engendre, dans la Chine postsocialiste, des actions collectives chez les ouvriers de ce secteur industriel rapidement changeant. L’économie politique de l’industrie du bâtiment a donné forme à un système d’utilisation de la main-d’œuvre spécifique : le système de sous-traitance des ouvriers. Ce système engendre une relation capital-travail spécifique, dans laquelle l’identité légale de la main-d’œuvre et la relation de travail sont largement dominées par un employeur « absent ». Cela crée une double absence en termes légaux : l’absence d’un patron et l’absence d’une relation de travail. Cette double absence engendre un retard chronique des salaires, ainsi que diverses formes de lutte des ouvriers du bâtiment pour les obtenir, en général grâce à des actions en justice ou des actions collectives qui sortent du cadre de la loi. Les conclusions de cette enquête sont tirées d’études de cas conduites entre 2008 et 2009 dans sept villes chinoises. La lutte des ouvriers – contre le retard des paiements – a été comprise non comme une forme d’activisme légal ouvrier, mais comme une action de classe naissante dans un contexte spécifique

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