Produite par la Section photographique de l’armée, l’image officielle du soldat ennemi, et principalement allemand, répond aux besoins spécifiques de la propagande par l’image organisée par la France en 1915. Ce front inédit répond à des nouveaux codes édictés par les exigences diplomatiques du moment. Cet article s’intéresse à la manière dont la France « fabrique » la représentation de son principal ennemi, entre 1915 et 1919. Celle-ci s’appuie majoritairement sur des clichés de soldats allemands prisonniers, faire-valoir de la victoire, exposés tels des trophées. La portée de l’image de la captivité va bien au-delà de l’humiliation de l’ennemi dépourvu de ses attributs de soldat. En effet, le discours officiel s’appuie aussi sur les photographies des destructions provoquées par les obus allemands ou bien, plus rarement, sur le corps sans vie de l’ennemi. L’ensemble fournit une représentation que la France instrumentalise dans sa bataille contre l’Allemagne, sur le front de l’image. En définitive, la représentation officielle de l’ennemi ne se cantonne pas à sa seule production, elle s’accompagne d’un contrôle et d’une diffusion organisée des images, en France ou à l’étranger, notamment via l’élaboration d’albums thématiques aux titres évocateurs pointant du doigt la « barbarie » des ennemis de la France.Mainly produced by the photographic section of the army, the official image of enemy soldiers, principally German, met the specific needs of the propaganda image sought by France in 1915. This unusual front responded to new demands dictated by the diplomatic requirements of the moment. This article looks at how France "manufactured" the representation of its main enemy, between 1915 and 1919. It relies mainly on pictures of German soldiers as prisoners, stooges of victory, exposed like trophies. The scope of the image of captivity goes beyond the humiliation of an enemy devoid of the attributes of a soldier. Indeed, the official discourse also relies on photographs of the destruction caused by German shells or, more rarely, on the lifeless body of the enemy. All provide a representation that France exploited in its battle against Germany, on the front of the [photographic] image. Ultimately, the official representation of the enemy is not confined to its production only; it is accompanied by organized control and dissemination of images in France or abroad, notably through the development of thematic albums with evocative titles pointing to the "barbarism" of the France’s enemies