44 pagesCe texte a pour origine une conférence faite par l'auteur le 21 janvier 2000 à la Délégation ' Permanente à l'Agriculture, au Développement et la Prospective de l'Institut National de la Recherche Agronomique. Il a fait l'objet de révisions successives pour tenir compte des activités prospectives durant l'année 2000. ± Ce recensement n'est certainement pas exhaustif sur le plan international. Au demeurant ce n'était pas son objet. De plus, parmi les études auquel il a eu accès et les réunions auquel il a participé, l'auteur a fait une sélection qui n'est pas neutre. Il a privilégié ce qu'il y avait de nouveau et de significatif dans l'évolution de la prospective. Cet essai incite à poursuivre l'analyse critique, et à incorporer au fur et à mesure des éléments nouveaux significatifs des nouvelles directions que prend la prospective. À son stade actuel, il amorce une sociologie des idées dans ce domaine qui sera développée par la suite. On peut résumer les grands traits de la situation présente, du moins en France. Les incertitudes croissantes inhérentes à la mondialisation créent une demande sociale forte le long de l'échelle spatiale du local au global. La prospective du territoire, notamment est particulièrement sollicitée. L'identité, la culture, l'idéologie, le travail, la famille, l'économie, la technologie, sont en question. L'évolution du climat, le réchauffement de la terre, sont sources d'inquiétude. Parallèlement la conscience du patrimoine, la responsabilité vis-à-vis des générations futures, deviennent une valeur de l'humanité. Problèmes immenses en face desquels l'individu se sent impuissant et où le politique ne paraît pas en mesure de répondre. La société a horreur du vide. C'est pourquoi "à la base" surgissent des initiatives "citoyennes", "associatives", de toutes sortes qui finissent par influencer les corps intermédiaires. La prospective est entraînée dans ce mouvement. La tentative de "la prospective du présent" longuement analysée dans ce document, est, à cet égard, particulièrement significative. Elle traduit, - d'une part, un désenchantement pour la prospective professionnelle:et les jugements d'experts, d'autre part, la recherche d'une prospective participative, démocratique, et populaire. Intention sympathique mais pleine d'embûches et qui ne peut faire l'économie de méthodologies, et d'une praxéologie de l'action. L'autre événement privilégié dans ce document sont les exercices prospectifs de la Délégation Permanente à l'Agriculture, au Développement et la Prospective de l'Institut National de la Recherche Agronomique. Le chapitre "Un moteur de la recherche prospective : la DADP à l'INRA" explicite les choix épistémologiques, conceptuels et méthodologiques et le développement, par la recherche et la pratique, d'une alternative globale aux méthodologies existantes. Il en montre les différences, le cheminement et les problèmes qui, au demeurant, concernent la prospective en général, et sa R&D. Il aborde aussi un sujet non encombré par la littérature : les spécificités de la prospective de la science. Pendant longtemps ces travaux sont restés discrets, et tant qu'une alternative valable n'était pas expérimentée, un "low profil" s'imposait. Il n'en est plus de même aujourd'hui. Un examen plus systématique à l'échelle internationale devrait répondre à des interrogations essentielles : "Quels ont été et sont les conditionnants de la prospective ? "Dans quelle mesure les prospectivistes pensent en fonction de l'air du temps ? "À quoi et pour qui a servi réellement la prospective ?" "Est-ce que la prospective a été conditionnante de décisions, où, par qui, sur quoi ?" "Quel est le bilan ?"